Comme la FIAC, Art Paris m'est devenu un des rendez-vous incontournables de l'année. Sur les marches menant à la grande nef du Grand Palais, le visiteur est accueilli par l'immense sculpture "Nosotros" de Jaume Plensa, présenté par la galerie Lelong. Et en route pour l'exploration des stands des 115 galeries présentes cette année sous la nef du Grand Palais...
A parcourir pendant un peu plud de trois heures la nef du Grand Palais le plaisir est bien sur au rendez vous pour tout amateur d'art et en particulier pour les amoureux de la peinture et ... de la bande-dessinée. Mais l'impression la plus forte que l'on retir de cet arpentage est l'invasion de l'art asiatique et en particulier chinois souvent représenté par des galeries françaises. On y retrouve ce qui fait pour moi l'intérèt des artistes chinois est leur propension à investir toutes les formes de l'expression des arts plastiques et leurs talents pour les méler. Malheureusement c'est souvent mis au service d'ne contestation du régime maoiste, ce qui n'est tout de même pas bien risqué aujourd'hui même à Pékin.
Dans le même registre mais un peu plus percutant sont les artistes moscovites, Nikolai Polissky, Oleg Kulik, et Alexander Ponomarev présentés par CM Art. La série de photographies présentant une tuerie d'apartchiks par un groupe de rock est très forte. Elle est présentée à coté d'une tapisserie représentant une carte American Express détricotée tout à fait d'actualité.
Plus lèger est l'installation présentée par la galerie Schirman & de Beaucé due à deux jeunes artistes, Cléa Coudsi et Eric Herbin. C'est une sorte de circuit 24 (vous souvenez vous?) dont la piste est composée de disques trente trois tours brisés en secteur et mis cote à cote pour constituer le chemin de roulement sur lequel cahote un modèle réduit de combi wolkswagen. ah voilà un concentré de la nostalgie pour les années 70.
Art Paris a eu la bonne idée de faire un partenariat avec Serge Malik, spécialisé dans la production d'actions et évènements artistique. On peut voir ainsi, grâce à cette association des artistes et pas des moindre, Jonone, Hervé Di Rosa réaliser une fresque sur un mur de trente mètres de long et de 3 mètres de haut.
Il est toujours courageux pour une galerie de consacrer son stand à un seul artiste. A la galerie Hélène Trintignan une exposition de Segui, principalement des petits formats, ce qui est rare pour cet artiste.
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Malheureusement certaines expositions dédiées un seul artiste comme celle de l'accrochage de la galerie Trigano était en dessous du médiocre et l'exposition de Ronan Barrot chez Claude Bernard ne m'a pas entièrement convaincu. Si c'est incontestablement de la peinture je n'ai pas retrouvé chez Ronan Barrot la sincérité de Rebeyrolles, peintre dont il me semble s'inspirer.
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Chez Gimpem & Muller de belles toiles abstraites récentes d'Albert Irvin un artiste né en 1922 dont on pourra voir une exposition de ses dernières oeuvres à la galerie, 12 rue Guenégaud dans le VI ème du 25 avril au 2 juin...
Pas non plus complètement convaincante l'exposition d'Hucleux à la galerie guillaume. Mais on ne peut là que saluer la sincérité et le courage d'un artiste qui a complètement changé de manière alors que les oeuvres dans son style précédent, d'immenses portraits hyperréalistes de plusieurs mètres de haut, éxécutés à la mine de plomb, étaient demandés par les musées du monde entier.
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Un Hucleux d'aujourd'hui
Aujourd'hui c'est un peu Philippe Pasqua qui prend la suite de l'ancien Hucleux.
Il est heureux de voir l'immense talent de "l'affichiste" François Dufrêne enfin reconnu; il l'est moins que ce soit bien après sa disparition et qu'alors que sa vie fut difficile, aujourd'hui ses oeuvres atteignent une cote soudain si élevée. Sa nouvelle notoriété est en partie due à la juste reconnaissance du travail de Villeglé qu'a couronné la récente exposition de l'artiste au centre Pompidou. Contrairement à son ami Villeglé c'est l'envers des affiches que Dufrêne collectait qu'il marouflait sur la toile laissant voir le travail de la colle sur la couleur de l'affiche formant un jeu de subtiles transparences. L'exposition du travail de Dufrêne se poursuit à la galerie thessa herold, 7 rue de Thorigny ,75003, Paris, du 27 mars jusqu'au 2 mai.
Art Paris comme la FIAC est aussi de l'occasion de voir des oeuvres de mes artistes préférés comme justement Villeglé...
Jacques Doucet
Morellet dont la diagonale horizontale est pour moi peut être la plus belle pièce rencontrée ici...
Un tout nouveau Alechinsky
Un magnifique Herbin
Van Velde
Oscar Gauthier
Il y avait aussi dans les allées du Grand Palais ce joli garçon...
La galerie dont l'exposition m'a le plus enthousiasmé est celle d'une galerie de Shanghai, ifagallery dont l'accrochage était empreint d'un indéniable homoérotisme, donc tout à fait originale dans le paysage artistique chinois et en même temps très symptomatique de l'art chinois puisque y était mélangé peintures, photographies et oeuvres difficiles à définir comme cette curieuse peinture peinte recto verso sur une épaisse plaque de verre tanslucide où l'on voit deux tourtereaux pas vraiment gracieux dans le plus simple appareil.
Dans ce même stand on pouvait voir également deux photographies, qui m'ont rappelé celles de Will McBride, signées Gao Brother dont j'avais vu une oeuvre bien différente dans l'exposition chinoise à la fondation Miro à Barcelone.
Mais le travail, toujours chez Ifagallery qui a le plus retenu mon attention est celle d'un peintre vietnamien Nguyen Minh Thanh autoproclamé gay, ce qui ne doit pas être simple dans son pays (?) et qui réalise des portraits et des autoportraits de grandes dimensions a l'aquarelle et à l'encre de chine sur de précieux papiers
Dans l'allée principale les bestioles étaient très présentes notamment dans une galerie japonaise qui déclinait le chat en chat samourai, en chat sumo... Plus loin c'était un requin de cristal... plus loin dans un coin plusieurs gentils "raymond" conversaient alors qu'un de leurs cousins gardait les toilettes du lieu...
Les foires d'art sont toujours propice à des recontres improbable en particulier lorsque les oeuvres sont dans les parages du kitsch comme le sont parfois celles de Mitoraj.
Les pin up de Pavlos, en deux ou trois dimensions, mais toujours du plus parfait mauvais goût, ont curieusement envahi le Grand Palais. Une de celles-ci ne semble pas laisser indifférent une effigie d'Obama.
Actualité oblige David LaChapelle était présent...
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Mais dans le kitsch il était largement battu par ce "marin et le diable" dont j'ai oublié l'auteur (peut être qu'un de mes lecteurs va pouvoir me rafraîchir la mémoire, ce serait fort aimable, de même pour cette chambre au garçon, également ci-dessous). Ce diable m'a fait penser à Jean-Christophe Bouvet et l'inspiration du tableau à Alfred Courme...
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Le kitsch n'est pas toujours plaisant comme c'est épouvantable autoportrait de Schnabel qui faisait un curieux fond à une sculpture de Keith Haring...
Parfois c'est aussi un peu n'importe quoi...
Chez Zannettacci la figuration narrative était bien présente surtout par Erro
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Pour la première fois dans une foire d'art contemporain est exposée la bande dessinée. C'est du moins ce qu'affirme l'ancien directeur du festival d'Angoulême Jean-Marc Thévenet (et aussi ancien rédacteur en chef du magazine Spirou), remercié par le dit festival sous prétexte de trop grande proximité avec l'art contemporain, a qui on a confié cette mise en lumière de la bande dessinée et qui aujourd'hui posséde la galerie dont le stand exposait entre autres deux superbes dessins de P. E. Jacob. Il y avait bien de bel chose à la galerie 9 e art ainsi qu'à la galerie Slomka cise rue Dante dans le 5 ème, la rue de la bande dessinée à Paris.
A ce sujet j'ai entendu des propos particulièrement oiseux dans la pourtante indispensable émission "Mauvais genre" sur France-Culture dans laquelle un des intervenants contestait le bien fondé de la présence de la bande dessinée à Art Paris. Il posait la question la bande dessinée est elle de l'art contemporain. La réponse est oui. Un dessinateur de bande dessinée est artiste, OUI, s'il est vivant, sa production est de l'art contemporain, s'il est décédé, c'est de l'art moderne. Fermez le ban!
On pouvait aussi admirer cette belle planche d'Hergé reproduisant la page de garde des album tintin des années 50 et qui en l'occurence est ici une page dessinée pour un album à colorier.
Il fallait 8000€ pour emporter ce charmant petit dessin de Schulz
Et beaucoup plus pour emporter cette très récente toile de Moebius...