Hollywood de Ryan Murphy

Il est sans doute un peu inexact d’attribuer cette série au seul Ryan Murphy, mais elle porte tant sa marque que cela en est presque obligé.

Ryan Murphy

Hollywood évoque le Hollywood de l’immédiat après guerre par le biais de la préparation puis le tournage d’un film dont les postes principaux, metteur en scène, scénariste et rôle principal féminin seraient tenus pas des gens de couleurs (noirs mais pas seulement). Concomitamment « Hollywood » raconte aussi l’ascension à Hollywood d’un beau gosse venu de la campagne tenter sa chance dans la Mecque du cinéma. Il va réussir à décrocher le rôle masculin dans le dit film en étant plus convainquant qu’un autre débutant Rock Hudson. On voit par là qu’ « Hollywood » mêle personnages de fiction avec de véritable personnes ayant existé qui sont d’ailleurs souvent plus pittoresque que celles inventées, comme Henry Willson (Jim Pardon) cet agent qui a inventé Rock Hudson. Un agent très particulier et très performant, une folle perdue qui obligeait ses poulains à avoir des relations sexuelles avec lui pour qu’il leur obtienne des rôle ou encore  Ernie (joué avec gourmandise par Dylan McDermott) patron de la station service la plus près des studios qui servait d’entremetteur entre les vedette et des prostitués…

Le faux et le vrai Henry Willson

On peut envisager que Ryan Murphy, l’auteur de deux séries mythiques que sont « American horror story » et Glee s’est plus ou moins identifié avec Henry.

La particularité des personnages inventés ou revisités par Ryan Murphy est un mélange de sentimentalisme et de cynisme parfois au bord du sadisme. Chaque scène est un peu to much surtout dans les deux premiers épisodes tant par le jeu des acteur qui en font beaucoup tout en restant crédible que par les décors dont beaucoup méritent des arrêts sur image. Pour les intérieurs on retrouve le gout de Ryan Murphy pour les beaux meubles en particulier ceux des années 30 qui étaient déjà à l’honneur dans American horror story.

Très engagé politiquement pour La Défense des minorités ce qu’illustre parfaitement « Hollywood » Ryan Murphy est persuadé que plus que les lois ce sont les images qui peuvent changer la société.

Cette série très plaisante est un objet qu’il est difficile de définir et pourtant ce type de film et de série me parait avoir un grand avenir. Le désir de Ryan Murphy de réécrire l’Histoire est dans l’air du temps. Réécrire l’Histoire est d’ailleurs l’ambition proclamée de certains des personnages de la série. Pour moi « Hollywood » est une sorte de préquelle de Y, le récent film de Tarantino. Comme Tarentino, Murphy propose une version plus optimiste de ce que fut la réalité.  La série n’est pas une fiction sur Hollywood pas plus qu’elle est un documentaire sur les coulisses du cinéma. Tout ce qu’on nous montre est très bien documenté s’appuie sur des faits vrais et des personnages ayant pour la plupart existé mais pas tous notamment le héros et est en même temps ce absolument pas réaliste car dans l’immédiat après guerre les studios Hollywoodiens n’étaient pas sous l’influence des femmes et des gay comme on pourrait le croire en regardant la série et surtout les gens de couleurs n’y avaient qu’une place congrue. Le tournage de Meg n’aurait même pas été envisageable. Ce n’est pas le roman d’Hollywood que nous voyons c’est le roman d’Hollywood tel que Ryan Murphy, gay avéré depuis sa quinzième années, aurait voulu qu’il ai été.

A voir sans modération sur Netflix