AIN COCKE
Ain Cocke formé à la peinture et la gravure, il a obtenu sa maîtrise en beaux-arts de l'Université Yale en 2004. Actuellement, il vit et travaille à Pékin. Il est reconnu pour ses brillantes, sensuelles peintures à l'huile représentant des portraits dans un style l'hyper-realiste. Il peint également des toiles inspirées de récits historiques. L'histoire est souvent un thème exploré dans ses œuvres. Ses pièces sont exposées entre les États-Unis et la Chine et sont dans les collections dont la John Morrissey Collection (USA) et dans 21 Musées aux USA.
Lumière pâle sur les collines de Kasuo Ishiguro
Je pense qu’il est préférable de prendre connaissance de ce billet seulement après avoir lu ce livre que je vous recommande chaudement.
De même qu’il est souhaitable de lire « Lumière pâle sur les collines » avant de lire « Un artiste du monde flottant », à mon avis le chef d’oeuvre d’Ishiguro car ce dernier roman reprend certaine thèmes de « Lumière pâle sur les collines » en leurs donnant plus d’ampleur.
L’intrigue du roman se déroule en deux pays, le Japon et plus précisément à Nagasaki et quelque part dans la campagne anglaise et aussi en deux temporalités pour la partie japonaise quelques années après la fin de la guerre et de l’explosion nucléaire qui détruisit en partie Nagasaki et pour le volet anglais environ vingt cinq ans après.
Nagasaki est la ville natale de l’auteur; mais qu’il quitta à l’âge de cinq ans. Nagasaki est un personnage à part entière du roman. Alors que l’on reconnait parfaitement la ville, il est probable que l’auteur ne l’a pas reconstitué l à partir de ses propres souvenirs mais en transcrivant ce que lui avait raconté ses parents à propos de sa cité natale.
« Lumière pâle sur les collines » est le premier roman d’kazuo Ishiguro. Il est paru en Grande-Bretagne en 1982.
Après le suicide de Keiko, sa fille ainée, Etsuko, une japonaise installée en Angleterre, se souvient du Nagasaki d’après la bombe, de Keiko sa fille né d’un premier mariage au Japon. Elle l’a emmené en Angleterre pour suivre l’homme qui deviendra son second mari. Lorsque le roman commence il vient de mourir. Keiko ne s’est jamais acclimaté à l’Angleterre et n’a pas accepté le remariage de sa mère, considérant son beau-père comme un parfait étranger. Etsuko se sent responsable du suicide de Keiko. Ses remémorations sont activées par la visite de sa seconde fille Niki qui vit une vie de bohème à Londres et qu’Etsuko ne comprend pas.
Etsuko met en parallèle sa vie avec celle de Sashiko une de ses voisines à Nagasaki. elle l’a connu alors qu’elle était enceinte de Keiko. Sashiko, jeune veuve, élevait seule sa fille Mariko, une enfant perturbées à laquelle plus tard Keiko, qui ne l’a jamais connu, ressemblera…
Plusieurs thèmes se croisent dans ce roman dans lequel les personnages sont essentiellement des femmes. Le principal sujet est les rapports compliqués entre mères et filles; ni ceux de Etsuko avec Keiko et Niki, ni ceux de Sashiko avec Mariko sont harmonieux. Toute la partie japonaise nous parle du traumatisme que fut la guerre pour au moins deux générations de japonais et le déclassement qu’elle entraina pour nombre d’entre eux. L’occupation américaine d’où découla la nouvelle constitution du pays entraina un profond changement de société ce qui eu une incidence directe sur le quotidien de chaque japonais. Il y a tout cela en filigrane dans « Lumière pâle sur les collines ».
Contrairement à bien des romans qui tiennent à tout nous expliquer des motivations et du devenir de chaque personnage, la particularité de celui-ci est qu’il laisse une large part à l’imagination de ses lecteurs. Beaucoup de points restent dans l’ombre et c’est au lecteur de supputer ce qui s’est passé. Par exemple on ne saura presque rien du mari anglais d’Etsuko ni ce qui a décidé cette dernière à suivre cet homme et de quitter son pays auquel pourtant elle semblait très attaché. On ne connaitra aussi que des bribes de la jeunesse d’Etsuko. On comprend que ses parents ont été tués à la guerre et qu’elle a été recueillie par un ami de la famille, un notable de la ville et deviendra un père de substitution pour la jeune fille. Cet homme est le seul personnage masculin saillant du roman. On peut supputer qu’elle a épousé ensuite son fils alors que l’homme qu’elle aimait c’était plus son bienfaiteur que son rejeton qui est un peu trop une caricature du macho japonais, c’est il me semble le seul point faible du livre. Que penser de Sashiko qui dit ne penser qu’au bonheur de Mariko alors qu’en réalité elle agit sans véritablement se soucier de sa fille. On ne saura pas non plus pourquoi Sashiko a une telle emprise sur Etsuko. Bien d’autres questions restent pendantes et c’est au lecteur de proposer des réponses.
Lumière pâle sur les collines est un roman dont à chaque page la lecture est stimulante.
TENTATIVE D'ÉPUISEMENT PHOTOGRAPHIQUE DE LA CITADELLE DE CALVI
Calvi, Corse, septembre 2013