The Crown Prince (Le prince héritier) un court-métrage d'Aaron Kim Johnston
Canada, 37 mn, 1988
Réalisation: Aaron Kim Johnston
Résumé
Frank Robinson violente son épouse verbalement et physiquement, ce qui a pour effet de perturber profondément leurs fils Billy et Freddy. Un film de fiction qui cerne la souffrance des adolescents aux prises avec les situations d'un quotidien devant lequel ils se sentent impuissants. Mais le sont-ils vraiment?
Ce film a clairement un but educatif. Il a d'ailleurs été utilisé dans ce but par les autorités canadiennes. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne mérite pas un détour...
A Further Glimpse of Joey un court-métrage de Don Owen
Canada, 1966, 28 mn
Réalisation: Don Owen; scénariste: de Tanya
Avec: Miles Mc Namara, Norma Renault, Sean Sullivan
Le premier film sur Joey montrait un garçon de sept ans qui avait du mal à trouver des parents adoptifs parce qu'il avait dépassé le stade de la petite enfance, âge en général de l'adoption. Ce film revient sur Joey après qu'il a trouvé une maison et montre certains de ses problèmes d'adaptation aux routines de la vie familiale.
Ce film au beau noir et blanc me pose un problème car je ne sais pas si je suis en face d'un documentaire ou d'un film de fiction. Ce qui est peut être le plus grand compliment que l'on puisse faire au réalisateur.
Le dernier tribun de Gilles Martin Chauffier
Gilles Martin Chauffier emmène son lecteur à la fin de la République romaine, juste avant la création du premier triumvir, composé de Crassus, César et Pompée, une alliance en trompe l’oeil car en réalité les trois hommes sont rivaux. Ceux-ci ne sont d’ailleurs pas les seuls dans ce moment à guigner le pouvoir. Cicéron est également à la manoeuvre de même qu’un de ses ennemis les plus farouches, Publius Claudius Pulcher, héritier de la famille la plus noble de Rome: les Claudius. Ce dernier doit ce surnom, de Pulcher "le beau", au fait qu’il aurait été le plus bel homme de Rome. On lui doit d’ailleurs l’expression, dit par César, "La femme de César doit être au-dessus de tout soupçon", parce que, déguisé en vestale, Claudius a réussi à s’introduire dans la chambre de cette dernière. S’il a échappé à l’exécution après cette aventure, c’est parce qu’il appartenait à la plus vieille et noble famille de Rome. A la suite de ce scandale César a répudié sa femme. Claudius aurait eu également des relations sexuelles avec une vestale, peut être aussi avec sa soeur Claudia et avec de nombreux garçons…
En 57 avant J.C., date à laquelle commence notre histoire, Ciceron a pris plus ou moins le parti de Pompée et Claudius plus ou moins le parti de César. Ce qui ne les empêchent pas chacun de « jouer très personnel ». Claudius a changer son nom en Clodius pour se faire élire tribun de la plèbe. Il voudrait qu’on le voit comme le nouveau Gracque. Clodius fait appel à un de ses anciens camarades d’études (et accessoirement ancien amant) le philosophe Metaxas qui jouit d’un certain renom dans son Athènes natale, où il s’ennuie, pour qu’il devienne « sa plume » pour contrer celle redoutable de Cicéron. Metaxas sera le narrateur de cette histoire.
Nous voyons donc les évènements qui cèleront la fin de la République romaine par les yeux d’un grec arriviste, membre du clan des perdants, puisque, ce n’est pas vous spolier si vous connaissez un peu l’Histoire romaine cela se terminera par l’assassinat de Clodius, fait que je considère, comme beaucoup, comme l’arrêt de mort de la République romaine. Mais en fait il n’y aura pas de gagnants dans cette révolution, puisque presque tout ses acteurs de premier plan mourront de mort violente. C’est Octave, le futur Auguste, sortie de presque nulle part, qui, quelques années plus tard, ramassera la mise.
Cet épisode crucial de l’Histoire antique nous a déjà été raconté par Saylor* dans « Meurtre sur la voie Appia » qui est un de ses meilleurs livres. Gilles Martin-Chauffier est loin d’avoir la verve poétique de l’américain, qui nous faisait, lui, voir ces faits historiques plutôt du coté de Cicéron par l’intermédiaire de son héros, Gordianus relativement favorable à pois-chiche et à la survie de la République même si Gordianus avait aussi des accointances du coté de César. Saylor montrait bien en cela l’ambivalence de nombreux citoyens romains à cette époque.
Contrairement à Gordianus, Metaxas est trop en retrait et est passif face aux différents événements qui se déroulent autour de lui. On assiste surtout à sa découverte de Rome.
Les couleurs du tableau que brosse Martin-Chauffier de cette époque tumultueuse sont curieusement délavées; tout cela manque de densité et les acteurs, pourtant exceptionnels, de ce drame paraissent curieusement fades. C’était pourtant une excellente idée de mettre au centre du roman un perdant et un mal aimé de l’Histoire, un peu comme l’avait fait, en 1984, Yves Guéna avec son « Catilina ou la gloire dérobée ». Clodius s’il n’est pas l’inventeur du populisme en est néanmoins une figure emblématique. Martin-Chauffier n’a pas résisté a faire le parallèle entre la fin de la République romaine et, de ce qu’il espère peut-être, la fin de la République française sous la forme actuelle qu’elle connait; mais faire de Cicéron, qu’il accable de tout les vices, le double antique d’Emmanuel Macron est ridicule, même si cette fâcheuse comparaison semble s’atténue dans la deuxième partie du roman. S’il est difficile de faire coïncider Clodius avec Marine Le Pen, je me suis parfois demandé si l’auteur, en cas de victoire à la présidentielle de la plus célèbre éleveuse de chat du pays, ne briguait pas le ministère de la culture…
On peut également regretter que l’auteur utilise des comparaisons lourdement anachroniques telles « tapi comme un jaguar » quand on sait que les européens ne connaitront ce bel animal qu’environ seize siècles après ce qui nous est raconté dans « Le dernier tribun ».
L’anachronisme tant dans le fond que dans la forme est rédhibitoire pour un roman historique. Lisons et relisons Saylor, c’est préférable à la fréquentation de ce dernier tribun.
* Pour retrouver Saylor sur le blog: