Rifkin’s festival un film de Woody Allen
Sue (Gina Gershon), la petite cinquantaine encore consommable, est l’attachée de presse du film de Philippe, un jeune cinéaste favori pour recevoir la récompense principale au festival de cinéma de Saint-Sébastien. Elle y emmène Mort, son mari nettement plus âgé qu’elle et passablement amorti, écrivain au devenir incertain mais ancien brillant enseignant de cinéma. Arrivé en Espagne de New-York E ne tarde pas à s’amouracher du jeune cinéaste sémillant son client et à laisser tomber son vieux mari hypocondriaque qui va découvrir les charmes du pays basque espagnole qu’il va découvrir grâce à une belle cardiologue (Elena Anaya).
Mort est le porte-parole de Woody Allen, l’intellectuel new-yorkais type comme l’imagine Woody Allen: forcément juif, de Brooklynd bien, frustré et en analyse comme il se doit et surtout éminemment cinéphile. Mort rêve de cinéma ce qui nous vaut quelque hommage en image et en noir et blanc de la part de Woody Allen à quelques uns de ses cinéastes préférés: Bergman, Welles, Truffaut, Bunuel, Godard et plus étonnant Claude Lelouche mais bien d’autres son cités Fellini, John Ford, Chaplin, Capra…
Dans ce qui risque, hélas, mille fois hélas d’être son dernier film Woody Allen malicieusement nous offre un condensé de son cinéma avec donc un salut à ses pairs cinéastes, une tendre carte-postale comme lui seul sait les faire, de Saint-Sébastien, ville pour laquelle à la sortie du film on a qu’une envie s’est de prendre l’avion pour s’y rendre, une réflexion sur le couple, la vie et la mort (Christoph Waltz) avec laquelle Mort, sur la plage, engage une partie d’échec…
Comme toujours chez Woody Allen le casting est aux petits oignon, à commencer par Mort, le double du cinéaste joué par Wallace Shawn, lui-même grand intellectuel que Woody Allen avait fait débuter au cinéma en lui donnant le rôle de Jeremiah, l’ex-mari de Diane Keaton dans Manhattan. On l’a revu chez Woody dans Radio Days (1987), Ombres et brouillard (1992), Le Sortilège du scorpion de Jade (2001) et Melinda et Melinda (2005). Il a aussi joué dans My dinner with André de Louis Malle. Et puis on peut le voir actuellement dans la formidable série Young Sheldon préquelle de la non moins formidable série Big bang théorie. Woody Allen s’explique de son choix d’avoir pris Wallace Shawn pour le rôle de Mort: << Wally possède un vrai talent pour la comédie, tout en sachant rendre ses personnages poignants. Mais surtout, c’est un véritable intellectuel. J’avais envisagé des acteurs qui étaient peut-être intellectuels, mais chez qui cela ne se ressentait pas. Du coup, je me suis demandé pourquoi ne pas carrément engager un comédien qui soit un vrai intellectuel. Dès l’instant où j’ai évolué dans ma réflexion, le nom de Wallace Shawn s’est imposé.>>. Le cinéaste a eu le même souci de ressemblance dans son choix pour le rôle de Philippe. Il cherchait un mauvais acteur français, un bellâtre qui se la pète, ça ne pouvait qu’être Louis Garrel dont la suffisance bovine a naguère plombée quelques film, en cinéaste prétentieux parfaite tête à claque, il est parfait. Le film permet aussi des retrouvailles agréables avec des comédiens que j’avais un peu perdus de vue comme Elena Anaya admirée dans Parle avec elle. Et La Piel que Habito d’Almodovar et dans un rôle plus modeste Richard Kind, l’inoubliable l'attaché de presse Paul Lassiter dans Spin City, ici en père de Mort.
Avec Rifkin's on passe 90mn avec des gens presque tous intelligents dont on subodore qu'ils sentent tous bons, dans un hotel superbe situé dans une ville non moins superbe à revisiter quelques grandes heures du cinéma guider par un émouvant professeur que demander de plus...
Pour tout les amoureux de cinéma Rifkin’s festival sera un délice.
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