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Dans les diagonales du temps

28 février 2020

Little Lord Fauntleroy par Mathéo Feray

 

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1921 - Mary Pickford as "Little Lord Fauntleroy"

 

 

Il y a, dans l’agilité de l’éphèbe, une grâce pudique de jeune femme. Souvenez-vous de Mary Pickford dans le rôle du petit lord Fauntleroy... Mary Pickford et ses belles boucles blondes singeant l’espièglerie du noble garçonnet... c’est qu’il fallait y penser ! La sage petite créature dans un grand château vide, type Méliès, face au vieillard aigri qui doute... Je me délecte de cette vision, en spectateur fanatique de l’avant Quatorze... C’est que j’aurais aimé le connaître, moi, ce petit Lord vertueux, contempler en lui la perfection désuète du satin et du pourpre. Souvent, je m’envole dans un siècle passé... loin, très loin d’ici et maintenant... je brise la lucarne et je saute... Je serais bien assez con, sachez-le, pour finir comme Emma Bovary. Simplement, je m’évade, je vais récolter la poussière, l’amasser, recréer ces corps démolis par la putréfaction, remeubler ces pièces pillées par les ignominies du temps... Tout château redevient tel. Tout mondain retrouve sa chair et ses manières, petit Cédric compris, tout s’anime à nouveau, en fêtes, en valses, en conversations prout-prout, en réjouissances coquasses... les calendriers à rebours... Au départ, j’étais bien parti pour rédiger un éloge des éphèbes. Quelque chose de fort. Et puis, une fois encore, tout disjoncte... je digresse... je ne me sens bien, voilà tout, que dans ces lieux que mon esprit façonne... Le reste ne vaut rien. Le reste n’est qu’antichambres mortuaires et classes gelées pour singes savants miteux. Non... s’ébattre dans ces plaines-là, ces espaces oniriques à la Jérôme Bosch, vaut mieux que tout. Prémices du paradis, assurément ! Piqûre contre eux tous ! Je déplore le rêve autant que je le consomme, vous l’aurez compris. Mais le rêve par moi et pour moi. Rien d’autre. Qu’est ce qu’ils y comprennent, les autres, au petit Lord Fauntleroy ? Aux châteaux britanniques ? Aux aventures d’Oliver Twist ? Aux vieillards shakespeariens dans leurs tours ? Qu’est ce que vous voulez en tirer ? Les forcer à vous suivre ? Pardi ! Ils gâcheraient tout de leurs commentaires ! Ils pollueraient les grands halls mystérieux de leurs réflexions ! Et les donjons ! Tout n’est que réflexions ! Vive les fous et les imbéciles ! De loin ! Qui meurent heureux et modestes ! Ah... que je ne me prive pas de la briser, cette lucarne. Étendu sur mon lit comme un macchabée, je trouve encore un peu le temps de décoller. Je vois, je tâte... j’entends ‘’ Kyrie Eleison ‘’ au loin... le bruit de la plage et les gueulements outre-tombe de Jack... Tenez, pendant que nous y sommes, imaginez que des paupières closes, c’est exactement comme une scène de théâtre qui ne demande qu’à être utilisée ! Pour ma part, j’y fourre des tonnes de choses, sur cette scène... je la peuple de souvenirs, de personnages d’enfance, de lieux récurrents d’un temps passé... et plus rien n’existe autour... c’est la représentation gratuite et heureuse ! Fantasmée, je veux bien... mais le fantasme, c’est ce qui nous tient debout avec la haine. Sans, l’existence ne serait plus qu’un tas de merde intégral. Alors... pourquoi se priver... bagnard d’un bout à l’autre, autant se servir de notre matière grise, jamais fainéante à nous faire ressasser le pire... Je vois les choses ainsi. J’espère mourir avant que ça ne change. Tout est si mouvant... Le grand Marcel l’a suffisamment démontré ! Les maisons s’écroulent, les corps capitulent... et puis c’est fini. Ceux qui restent, horrible vision, se métamorphosent salement... Pré-fantômes, pré-cadavres, errant dans leurs ruines, grattant le sol de leurs ongles noircis, désirant y trouver un petit quelque chose, un infime machin-chouette, un fragment de passé... Espérant à tout moment se faire surprendre, une main sur l’épaule, par le garçon qu’on croyait mort et qui n’était que là, à attendre ses amis pour la partie de palet quotidienne face au soleil couchant, beau et enjoué comme autrefois. Naturellement, il ne reste plus rien, si ce n’est le cimetière. Et pour contrer le cimetière, en bien frêle sursis, l’imagination. C’est à prendre ou à laisser. Tout se dérobe et se dérobe vite. Celui qui vit loupe le train et se rétame. Celui qui se tue se fige éternellement. Le petit Lord est de ceux-là, je crois. Lumière au milieu des ténèbres, étoile riante sous les voûtes de son château, face à son cher vieillard, daignant, pour une fois, sourire de ses facéties...

 

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28 février 2020

Le Démon du Pharos, une aventure d'Alix, dessinée par Christophe Simon, scénarisée par Patrick Weber

 

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Le Démon du Pharos, une aventure d'Alix, dessinée par Christophe Simon, scénarisée par Patrick Weber

Un navire marchand phénicien sombre peu avant son arrivée à Alexandrie. Privé de la lumière du feu sacré du Pharos (le fameux phare d'Alexandrie, une des sept merveilles du monde antique), il n’a effectivement pu éviter les récifs. Depuis que le roi, Ptolémé, a confié la gestion de l’île et l’entretien de son phare à un étranger, Polynice, un mystérieux crétois, de nombreuses rumeurs circulent dans la cité : disparitions mystérieuses, espionnage, vente du monument… Rien de tel pour attiser la curiosité du valeureux Alix, qui séjourne en compagnie d’Enak dans la ville, pour y remplir une mission secrète sur ordre de César en personne. Le jeune gaulois sent que l’île de Pharos, et surtout son mystérieux gestionnaire, cachent de biens inquiétants desseins. Un seul moyen d’en avoir le cœur net : s’y rendre à tout prix. Attendant de trouver le moyen d’en savoir davantage, il rencontre Cléopâtre qui lui confie l’objet de sa mission : transmettre à César la preuve d’un complot fomenté par Ptolémée et visant, entre autres, l’empereur romain. La reine se retire, laissant le soin à Cristène de veiller sur les deux amis. Car le meilleur moyen pour les deux romain pour passer inaperçus est de se faire passer pour deux étudiants sous la férule de Cristène , grand savant et pédagogue qui, un personnage bien intéressant. Ce grand savant et honnête homme a accepté, sans trop se faire prier apparemment, de participer à la mission d'Alix et d'Enak en les acceptant parmi ses étudiants, à la demande de Cléopâtre qui le protège et donc commande. Mais comme c'est le couple royal qui est le tuteur du Musée, il est bien difficile de se cacher du roi. D'autant qu'Alix et Enak sont épiè par Philippos un jeune grec fort joli qui est l'élève préféré de Cristème. Phippos est jalous des attentions de son maitre pour les deux jeunes romains qui pourtant s'avèrent pas très doués pour les études... Cristène est soumis à un douloureux dileme lorsque Philippos est mis en danger par les deux héros. C'st l'attachement au garçon qui explique l'attitude du savant humaniste. Rongé par la peur et l'amour qu'il porte à son meilleur élève Cristème va sacrifier un moment ses valeurs malgré lui. Ce amène une belle réflexion philosophique sur la théorie confrontée au réel. Et pourtant, c'est en toute connaissance de cause que Cristène agit à l'encontre de Ptolémé dont il a sans doute vite compris l'insuffisance et l'assujettissement à ses conseillers. Cela n'ira pas sans mal quand les évènements se précipiteront et qu'il lui faudra faire alliance avec le diable, en l'occurrence Polynice, pour protéger son élève Philippos. Obligé de participer à la mystification organisée par Nikanor et Polynice, il trouve alors Alix et sa mission bien encombrants, mais ils se réconcilieront une fois les comploteurs éliminés. 

L'aspect culturel de l'ensemble de l'album n'échappera d'ailleurs à aucun lecteur attentif, et on citera à ce sujet pour finir la visite par Alix et Enak de l'atelier du sculpteur Demosthène chargé de composer la statue qui orne le phare. Nos héros ressortiront d'ailleurs émerveillés par tant de talent. La soif de vérité est plus forte que la raison. Elle pousse nos deux jeunes aventuriers à s’infiltrer dans le monument. A l’intérieur, ils surprennent Polynice en pleine conversation. Plus aucun doute, l’homme utilise bien le phare pour s’enrichir aux dépens des navires marchands et ce, en utilisant la bonne vieille technique des naufrageurs. Alix et Enak n’en sont pourtant qu’au début de leurs découvertes, le crétois étant l’outil d’un plus vaste complot…

 

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Le Démon du Pharos, une aventure d'Alix, dessinée par Christophe Simon, scénarisée par Patrick Weber

Il est bon de rappeler que le scénariste Patrick Weber à oeuvrer d'après un synopsis de Jacques Martin. Ainsi ce dernier qui alors espérait dessiner lui même cet album, confiait en 2002 à Thierry Groensteen dans la dernière édition d'"Avec Alix", page 250 : << Le maître de Pharos" nous ramènera à Alexandrie où l'on apprendra comment Arbacès entretient le feu du fameux phare qui ne s'éteint jamais.>>. En fait Patrick Weber a fait jouer à Polynice le rôle qui était à l'origine destiné à Arbacès. Ce qui me parait une bonne idée car il aurait été un peu délicat d'introduire un personnage aussi connoté et aussi fictionnel dans une intrigue si finement insérée dans l'Histoire. Néanmoins le lecteur que je suis était persuadé, avant de découvrir sa physionomie, que le maitre du phare était arbacès, le meilleur énnemi d'Alix. Arbacès est un peu l'Olrik d'Alix...

 

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Chronologiquement, nous sommes entre l'avènement des souverains actuels, Ptolémée XIII et Cléopâtre VII, qui a eu lieu en -51 après la mort de Ptolémée XII Aulète, et avant l'arrivée de César en Égypte, en octobre -48, et plus probablement avant le milieu de l'année -49. En effet, à partir de cette dernière date et jusqu'au milieu de l'année -48, Cléopâtre n'était pas à Alexandrie, qu'elle avait dû fuir pour se protéger des manigances de son frère-époux ; elle se trouvait alors en Syrie, où elle essayait d'engager des mercenaires pour contrer Ptolémée, qu'elle retrouvera à Péluse, peu avant les arrivées mouvementées de Pompée, puis de César. Disons, pour simplifier, que nous sommes au second semestre -50.

A l'époque de l'Antiquité, Alexandrie était une des villes où se situait l'une des Sept Merveilles du Monde. Construit pour protéger et guider les marins vers le port, le célèbre phare était aussi un monument qui témoignait de la puissance des Ptolémée, cette dynastie de grecs qui furent les derniers pharaons d'Egypte.

 

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La côte sur laquelle était bâtie Alexandrie était particulièrement dangereuse, et les naufrages tels qu'on en voit dans cet album, même sans le concours de pillards, n'étaient pas rares. « La côte était remplie d'écueils, les uns affleurant au-dessus de l'eau, les autres invisibles. » écrit Strabon au -I° siècle.

Les épaves grecques et surtout romaines, retrouvées par les archéologues au large du Pharos, en témoignent. Or, Alexandrie était, dès l'origine, vouée à devenir un grand port commercial. L'idée fut donc naturelle de guider les marins avec une tour alimentée d'un feu durant la nuit, comme les Grecs en avaient déjà l'habitude à l'époque.

Son emplacement exact est décrit dans plusieurs textes anciens : sur la pointe orientale de l'île de Pharos ( Pharus en latin ), d'où le nom de phare. Sa construction est attribuée à Sostratos de Cnide, un ami des deux premiers Ptolémée. Le phare n'avait pas pour seule fonction de guider les marins, maisaussi de témoigner jour et nuit de la puissance des nouveaux maîtres de l'Égypte. C'est Ptolémée 1 er qui lance la construction du fameux phare. Après un conflit avec son voisin et collègue Séleucos, qui a hérité du Proche-Orient, pour fixer leurs frontières respectives, il prend en -305 le titre debasileus ( roi ). A partir de son règne, l'Égypte dominera une partie de l'Asie mineure : Ionie, Lycie, Pamphylie et Cilicie, c'est à dire la façade occidentale de l'actuelle Turquie, et sera installée à Chypre, en Phénicie, en Syrie-Palestine et en Cyrénaïque. La puissance et la cohésion de l'État Lagide, enrichi par l'exportation de blé, seront assurées par une marine longtemps invincible qui imposera une véritable « thalassocratie » dans le bassin oriental de la Méditerranée. Ptolémée 1er fait d'Alexandrie la capitale du royaume à la place de Memphis. Il innove en matière religieuse en instaurant le culte de Sérapis ( voir l'article ) et commande la construction du Phare à Sostrate de Cnide ; autre de ses grands chantiers : le Musée et la Bibliothèque. Il meurt de sa belle mort dans son lit à plus de 80 ans, en -282 ( il était né en -360 ). Comme il est dit page 6 de l'album c'est Ptolémée philadelphe (qui aime sa soeur) qui terminera la construction. Ptolémé Philadelphe monte sur le trône à 25 ans en -282 et épouse sa sœur aînée Arsinoé II ( d'où son surnom ? ) : c'est la première d'une longue série d'unions incestueuses censées garantir l'essence divine de la dynastie. Il accroît un empire déjà très vaste, modernise l'agriculture et fait édifier de nombreux temples. Sous son règne, on traduit la Bible en grec : la Septante. Alexandrie attire de nombreux savants auxquels on fournit d'excellentes conditions de travail pourvu qu'ils exaltent la gloire des Lagides. Il meurt à 63 ans en -247.

Le monument comprenait trois étages.

Le premier était de forme carrée et légèrement pyramidal ; il était bâti sur une plateforme d'une dizaine de mètres de hauteur ; une large rampe reposant sur seize arcades voûtées permettait d'y accéder ; ce premier étage mesurait 72 m de haut sur 30,60 m à la base ; il se terminait par une rambarde de 2,30 m de haut ; il contenait une rampe en colimaçon sur laquelle des bêtes de somme montaient le combustible jusqu'au sommet du premier étage, ainsi qu'une cinquantaine de pièces intérieures dotées de fenêtres qui servaient à loger le personnel et stocker le combustible ; des escaliers menaient ensuite aux étages supérieurs, mais à partir de là, le transport se faisait à dos d'hommes.

Le deuxième étage était de forme octogonale et mesurait 35 m de haut, chaque côté de l'octogone mesurant 6,80 m. Il était suivi d'un troisième étage, de forme cylindrique, haut de 9 m pour 8,60 m de diamètre. L'ensemble atteignait 130 m de haut, statue comprise.

 

Image hébergée par servimg.com

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La décoration sculpturale se composait des statues colossales du couple royal ( 13 m pour 20 tonnes chacune ) placées de chaque côté de l'entrée principale ( qui mesurait aussi 13 m de haut ), le roi à gauche, la reine à droite ; des tritons munis de cornes de brume étaient placés aux angles du premier étage et une statue était dressée au sommet de l'édifice. On n'a jamais su exactement ce que représentait cette statue ( pas Nikanor, en tout cas ) : il pouvait s'agir de Zeus, comme l'affirme un poème de Posidippos ( -III° siècle ), de Poséidon, dieu de la mer, comme l'atteste une représentation retrouvée sur un gobelet de verre du -II° siècle, ou encore d'Hélios, dieu du soleil, représenté sur une mosaïque datée du VI° siècle. Et pourquoi pas les unes et les autres successivement ? Le phare figure sur des monnaies frappées à partir du II° siècle ; il comporte selon les cas deux ou trois étages, et la statue et les tritons du premier étage sont toujours représentés. Sur la dernière image de l'album, le texte parle de Zeus Ptolémée tandis que la statue porte le trident de Poséidon.

On ne sait pas non plus comment fonctionnait précisément le phare, quel en était le combustible utilisé, ni comment le feu s'agençait avec la statue, au risque de la faire fondre si elle était en métal. L'archéologue Jean-Yves Empereur : « Comment protégeait-on ce feu du vent qui est souvent violent, de la pluie, des embruns ? On sait seulement qu'il y avait un feu de nuit et un filet de fumée qui guidait les voyageurs pendant la journée. » Voilà qui ressemble aux colonnes de feu ou de fumée qui guidaient Moïse et les Hébreux pendant l'Exode vers la Terre Promise ; le phare aurait-il inspiré les rédacteurs de laSeptante ?

Construit en calcaire local blanc et en granit d'Assouan, le phare fonctionna pendant près de 17 siècles. Mais le sol d'Alexandrie s'affaissant peu à peu, il se retrouva les pieds dans l'eau, et les nombreux séismes de la région le fragilisèrent. Durant l'été 365, un tsunami avec des vagues de plus de 20 m de haut envoya des bateaux jusque sur les toits des maisons et dans le désert, et fit souffrir le phare. Entre 320 et 1303, il y eut 22 séismes. En 796, le troisième étage s'écroula et fut remplacé par une mosquée. En 956, des pans se lézardèrent et l'édifice perd alors 22 m. En 1261, un nouveau séisme en fait s'effondrer une nouvelle partie. Le coup de grâce lui fut donné lors du séisme de 1303. Vers 1450, le sultan Qaitbay utilisa les décombres pour construire la citadelle qui porte son nom.

Depuis 1961, mais surtout depuis 1994, les archéologues explorent la rade et remontent des statues et des morceaux du phare.

 

Plutôt que cet orgueilleux phare, il me semble que la vraie merveille d'Alexandrie était sa célèbre bibliothèque, la plus grande du monde antique.

Le sanctuaire des Muses ( mousaiôn ), c'est le Musée d'Alexandrie, là, où entre autres activités, on joue de la musique. En effet, c'est aux Muses qu'on attribue l'inspiration philosophique ou artistique. Le Musée ressemblait à une Académie des Sciences et des Arts. Les savants y demeuraient à résidence, bénéficiant de divers privilèges : nourriture et exemption d'impôts. Mais le plus grand de ces privilèges était l'accès aux trésors incomparables de la Bibliothèque.

 

 

« Bibliothéke » signifie « rayonnage », ceux sur lesquels on dépose les livres, ou plutôt les rouleaux, puis par extension l'ensemble des rouleaux, enfin les salles où étaient placées les « bibliothékés ».
Il n'y avait pas de salle de lecture, ni de pièce dédiée, les ouvrages étaient dispersés sur l'ensemble du Musée.
Le Musée et la Bibliothèque se trouvaient, ainsi que la Soma, le tombeau d'Alexandre, à l'intérieur du quartier du Palais Royal, qui représentait un bon quart ( nord-est ) de la ville d'Alexandrie.
Le Musée était constitué de salles où l'on se livrait à toutes sortes de recherches, de la dissection à l'astronomie. Il y avait aussi un réfectoire et un zoo, car le Musée abritait une collection d'animaux exotiques vivants.
Les rouleaux constituant les ouvrages se présentaient sous la forme de papyrus enroulés autour d'un bâton, que le lecteur tenait de la main droite tandis qu'il saisissait la feuille de la main gauche. Chaque rouleau était étiqueté avec mention du titre, du nombre de lignes, parfois de la première ligne de l'œuvre pour distinguer les textes homonymes. Le classement était l'objet du plus grand soin : le catalogue, œuvre d'un directeur de la Bibliothèque, Callimaque, occupait à lui seul 120 rouleaux.
Ptolémée 1er fonda la Bibliothèque sur l'inspiration d'Aristote, qui avait été le précepteur d'Alexandre : c'était un bon moyen de se référer à deux modèles illustres dans leur aspiration à l'universel et leur volonté de rassemblement du savoir.
Ptolémée II la développa et dirigea personnellement les opérations : « Il écrivit des lettres dans lesquelles il demandait aux rois et aux grands de ce monde de lui envoyer des œuvres de quelque nature qu'elles fussent : poésie, prose, rhétorique, sophistique, magie, histoire ou tout autre. » ( Épiphane, IV° siècle ).
Ptolémée III poursuivit l'œuvre : « Il était si ambitieux et si fastueux en ce qui concernait les livres, qu'il ordonna que tous les livres de ceux qui débarquaient à Alexandrie lui soient apportés, afin qu'on en fasse immédiatement des copies et que l'on rende aux visiteurs non pas les originaux, mais les copies. » ( Zeuxis, -II° siècle ). On appela ces ouvrages : « les livres de navires ».
Il ne nous reste aucun vestige de la Bibliothèque : aucun papyrus, aucun rayonnage, aucun portique. Sa localisation elle-même est incertaine et sa destruction l'objet de nombreuses polémiques. On ne sait même pas combien il y avait de rouleaux, probablement entre 500 000 et 700 000. Et on ne se contentait pas de lire et de commenter, on traduisait et on éditait aussi des copies pour le public : 28 drachmes pour mille lignes, nous apprend un papyrus du II° siècle.
Parmi ces traduction, il y a la Septante, traduction de la Bible en grec  et aussi celle des textes religieux fondamentaux de l'Égypte, que Ptolémée II commanda à Manéthon de Sebennytos.
 

Les Ptolémée étaient de grands collectionneurs et ils avaient eu l'ambition de rassembler non seulement les ouvrages de la littérature grecque, mais également des oeuvres écrites dans d'autres langues. Ptolémée demanda donc aux autres nations de l'Antiquité de lui envoyer leurs manuscrits historiques, philosophiques, scientifiques ou littéraires et il les fit traduire en langue grecque par une cohorte d'intellectuels et de savants. C'est d'ailleurs à cette époque que fut écrite la Bible des Septante, qui fut pendant 2000 ans le texte de référence pour les chrétiens. Après quelques décennies, la bibliothèque avait rassemblé plus de 500'000 ouvrages, tous patiemment recopiés sur des rouleaux de papyrus par une armée de scribes (qui étaient bien souvent de simples esclaves). Tout le savoir de l'humanité avait ainsi été rassemblé en un seul lieu, et c'était devenu une sorte de temple du savoir.
Lorsque Jules César envoie Alix à Alexandrie pour une nouvelle mission, nous sommes probablement en -48 avant JC. La bibliothèque est toujours intacte,mais il ne reste plus que quelques mois avant sa destruction. Au début de l'histoire, Alix et Enak ont été accueillis par le bibliothécaire Clisthène et celui-ci les fait travailler sur d'anciens manuscrits, afin de leur permettre de passer inaperçus. Ce galopin d'Alix passe toutefois son temps à s'échapper de la bibliothèque (pour chercher l'aventure) plutôt que de profiter de cette chance unique de découvrir des documents rares. 
Le bibliothécaire était un personnage important et de nombreux lettrés rêvaient d'obtenir cette place. Il avait également un certain pouvoir politique et, devant choisir entre le jeune Ptolémée et Cléopâtre qui luttent pour s'approprier le pouvoir, Clisthène a décidé de soutenir la reine. Alexandrie est alors une ville dangereuse dominée  par les rivalités, les complots et les morts violentes.



 

Il me semble donc qu'il n'est pas inutile de rappeler le contexte historique dans lequel va se mouvoir notre héros. Depuis qu'ils ont succédé à leur père Ptolémée XII Aulète. Le testament de Ptolémée XII, mort en -51, laissait le pouvoir en co-régence à Ptolémée XIII et à sa sœur-épouse Cléopâtre VII. Celle-ci, alliée à César, évincera le roi qui se noie dans le Nil en -47 à l'issue d'une bataille. Elle règne ensuite avec un autre frère, Ptolémée XIV, qu'elle empoisonne, ainsi que sa sœur Arsinoé. Ptolémée XIII et Cléopâtre VII sont en constante opposition. En fait, le roi laisse gouverner ses trois principaux conseillers : le vizir Pothinus ( un eunuque ), le général Achillas, chef des armées, et un certain Théodotus. Ces trois-là s'opposent parfois entre eux, leur seul point commun étant de circonvenir le souverain et d'écarter la reine des affaires. Cléopâtre ne se laisse pas faire, mais elle doit céder, à son corps défendant : du milieu de l'année -49 au milieu de l'année -48, elle quitte l'Égypte et se réfugie en Syrie où elle cherche à lever une armée de mercenaires. Elle y réussira et regagnera l'Égypte, mais ce sera pour tomber à Péluse sur les troupes de Ptolémée. Il n'y aura pas de confrontation cette fois-ci, ce sera pour plus tard, quand les Romains, après plusieurs mois de siège dans Alexandrie, auront reçu des renforts. En attendant, les évènements se sont précipités : Pompée, vaincu à Pharsale le 9 août -48, débarque pour se mettre à l'abri en Égypte où il croit que les nouveaux souverains sont dans le même état d'esprit à son égard que feu Ptolémée XII et le protégeront. Mais Ptolémée XIII et Pothinus ont entendu parler de la victoire de César, et, pour se faire bien voir du nouvel homme fort de Rome, font exécuter Pompée. César en est fort mécontent quand il débarque à son tour en octobre -48 ( aurait-il voulu se rabibocher avec son ancien complice devenu ennemi ? ) et prend les choses de haut avec Ptolémée et ses conseillers. C'est alors que Cléopâtre, qui a été tenue à l'écart jusqu'à présent, rencontre enfin César, avec ou sans tapis. Une émeute de la population d'Alexandrie  oblige César et ses hommes, en trop petit nombre pour faire face, à se retrancher dans le Palais royal. Une armée formée au Proche-Orient vient enfin à leur secours et bat les troupes d'Achillas au début de -47. Ptolémée et Pothinus sont liquidés, Cléopâtre a le trône, l'Égypte et César pour elle toute seule. Elle va régner pendant 17 ans.

 

Le Démon du Pharos, une aventure d'Alix, dessinée par Christophe Simon, scénarisée par Patrick Weber

A Rome, les choses ne sont pas plus simples. Si nous sommes en -50, comme c'est probable, César a terminé la pacification de la Gaule, et il gère sa conquête en proconsul consciencieux. Il assure qu'il lui reste du temps de commandement à faire dans sa province et demande la permission de se présenter aux élections du consulat sans être présent à Rome. Un succès le préserverait des poursuites judiciaires dont ses ennemis politiques le menacent : ils l'accusent d'abus de pouvoir en Gaule. Mais ses adversaires affirment aussi qu'il a épuisé la durée du pouvoir pour lequel il était désigné en Gaule, qu'il se trouve réduit au rang de simple particulier et qu'il peut être traîné devant les tribunaux.

Les uns et les autres ont raison, mais il est évident qu'ils ne calculent pas de la même façon. César compte deux fois cinq ans : sa province lui a été accordée par le Sénat pour 5 ans, de -58 à -54, et cette durée a été renouvelée de -53 à -49. Ses adversaires font partir la seconde étape du jour où la loi la concernant a été votée, soit un an avant la fin de la première étape, ce qui fait 5 + 4 = 9 ans, se terminant donc à la fin de -50, et non pas à la fin de -49 comme le soutient César.
A cette argumentation juridique, il faut ajouter le conflit d'ambition entre César et Pompée. Depuis son camp de Ravenne, César envoie des messagers à Rome où il a l'appui des tribuns de la plèbe. Il n'est pas certain qu'il eût été très heureux si ses exigences avaient été acceptées. Par chance pour lui, les Sénateurs les plus durs, sans doute appuyés par Pompée, refusent toutes ses requêtes.
Le 12 janvier -49, César franchit le Rubicon. Non seulement il ne veut pas être traduit en justice, mais encore il n'entend pas laisser le champ libre à Pompée. En s'engageant dans cette nouvelle phase de la guerre civile, il risque davantage qu'en combattant les Gaulois : il aurait contre lui des légionnaires menés par un chef qui a fait ses preuves. Cette guerre, il pourrait ne pas la gagner...
 

Dès le "Sphynx d'or" Jacques Martin nous avait montré le phare d'Alexandrie


Le Démon du Pharos nous raconte en fait une aventure policière, dominée par les intrigues et les complots de Ptolémée et de Cléopâtre. Au cours de son enquête, Alix découvre progressivement la fourberie de Polynice, le maître du phare qui est devenu le chef d’une bande de pirates afin de s’enrichir. L'intrigue est relativement complexe. Les péripéties sont assez nombreuses mais, curieusement, les images les plus marquantes correspondent à des portraits. il y a ainsi ce gros plan sur le visage de Philippos, cet élève énigmatique qui se place en rival d'Alix, et qui l'aide tout en souhaitant le faire partir... Au risque de me répéter je constate que cette intrigue est à l'étroit dans ses 46 pages. Les 64 pages du "vieux" format n'auraient pas été de trop pour un scénrio aussi complexe.




Il y a bien des combats et des poursuites dans le Démon du Pharos, mais l'histoire avance plutôt sur un rythme tranquille. L'intérêt des auteurs pour les personnages semble prédominer sur le plaisir de l'aventure. Une séquence tout à fait exemplaire me semble être ainsi l'apparition de Cléopâtre. Le visage d'une femme voilée apparait soudain au grand jour, dans toute sa beauté. On voit bien que ce que Christophe Simon préfère dessiner ce sont les visages et corps humains.

 

Le dessin ci-dessous pour la recherche d'une couverture de l'album, révèle pourquoi Christophe Simon est supérieur pour le dessin des personnages à tous les autres repreneurs de la série des Alix. Tout simplement parce qu'il ne fait pas fi des leçons de la peinture classique et en particulier de celles de David qui commençait toujours par dessiner nu les personnages qui peuplaient ses tableaux. Il les habillait ensuite. Christophe Simon fait de même ce qui lui évite de faire les grossières erreurs d'anatomie que font ses confrères qui ont souvent la fâcheuse habitude de faire commencer les jambes d'Alix et d'Enak juste en dessous de leur tunique! 

Christophe Simon est moins habile en ce qui concerne les visage en particulier celui d'Alix qu'il a du mal, tout comme ses confrères, à "tenir". 

Le dessin de Simon est un peu trop figé, cette impression est encore accentuée par un encrage un peu trop gras. Le dessinateur a vieilli les deux héros. Ce sont plus des jeunes hommes que des adolescents. Alix peut avoir 19-20 ans et Enak 16-17.

Le gaufrier de l'album est assez sage. Les pages sont divisées en trois bandes, elles même scindées en deux ou trois cases.

Les couleurs très réussie, jamais criardes sont dues à Bruno Wesel.

 

 

Comme dans un album de sa série Sparte, Christophe Simon s'est dessiné. Serait-il un brin narcissique? C'est page 26. Le dessinateur s'est représenté en assistant du sculpteur Désmosthème.

 

La preuve. D'abord dans l'album :



Et dans la réalité :



Les scènes de combat ne semblent pas être la spécialité du dessinateur. Relevons tout de même une belle séquence de combat naval, avec une attaque de pirates racontée avec précision, mais elle semble se dérouler en pleine nuit. Est-ce bien réaliste, car les manoeuvres de bateaux ne pouvaient se faire que pendant la journée à l'époque antique ?

 


C'est la deuxième aventure d'Alix entièrement due à Christophe Simon au dessin ; il est signalé une participation aux décors de Manuela Jumet.
La gigantesque métropole qu'était Alexandrie ne nous est montrée qu'avec parcimonie. On voit souvent le phare, mais il n'y a sinon que quelques vues sur le port ainsi que des  images de rues qui nous montrent une foule en pleine activité. On est plongé vraiment dans une ville vivante et colorée où l'on croise des représentants de toutes les populations existant autour de la Méditerranée et même plus loin. On va à peu près partout avec le même bonheur : au port, dans le Phare, dans la Bibliothèque, au palais royal, dans l'atelier du sculpteur Démosthène, et, bien entendu, dans les rues. On aurait souhaité un peu plus de plans généraux sur la ville, pour mieux préciser le contexte. Il n'y a aucune vue d'ensemble, alors que la disposition des bâtiments dans la ville est assez bien connue, et on ne comprend pas toujours très bien comment les personnages vont d'un endroit à un autre. On peut compléter la lecture de cet album par "L'Odyssée d'Alix", tome 1, pages 38/39 dans lequel figure la visite du tombeau d'Alexandre. on y voit également un peu les palais dans les pages suivantes ainsi que la grande artère est-ouest qui traversait la ville ( 30 m de large, paraît-il ) s'appelait la voie Canopique, ou Via Canopia, parce qu'elle prenait la direction du port de Canope, à l'est d'Alexandrie. 





Ces petites réserves étant exprimée, il faut dire que le Démon du Pharos est un bel album. Le "Démon de Pharos", paru en 2008, confirmait la direction plus adulte de la série amorcée par Jacques  Martin depuis quelques albums et son aspect beaucoup plus documentaire développé par ailleurs dans la série parallèle : "Les voyages d'Alix ". Cette orientation se maintiendra mais ne s'emplifiera pas. Alix senator étant arrivé, série clairement plus adulte maigrè un pusillanisme coté sensualité que n'a bien sûr pas Christophe Simon. Le démon de Pharos est un album qui est digne de la tradition de qualité que souhaitait préserver Jacques Martin

 
Le Démon du Pharos, une aventure d'Alix, dessinée par Christophe Simon, scénarisée par Patrick Weber
Le Démon du Pharos, une aventure d'Alix, dessinée par Christophe Simon, scénarisée par Patrick Weber
Le Démon du Pharos, une aventure d'Alix, dessinée par Christophe Simon, scénarisée par Patrick Weber
Le Démon du Pharos, une aventure d'Alix, dessinée par Christophe Simon, scénarisée par Patrick Weber

 

28 février 2020

13 ans - Rudi Rosenberg - EICAR

 

13 ans - Rudi Rosenberg - EICAR

 

 

Tout d'abord merci à Bruno de m'avoir fait connaitre ce remarquable court-métrage qui, outre une chute totalement inattendue bénéficie pour un film d'école (EICAR) d'un filmage de grande qualité. Parmi les nombreux tours de force qu'a réalisés le réalisateur, Rudi Rosenberg, est celui de faire jouer des gamins de 12-13 ans d'une manière presque professionnelle, en particulier les deux personnages principaux, le très joli Charles et le déluré Jonathan. Il n'y a quasiment pas d'adulte dans ce casting, casting copieux pour un film aussi court. Autre qualité, très rare pour un court, le grand nombre des décors, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Autre qualité, sa construction, le film est introduit par une voix off; on comprend que ce que l'on va voir se déroule dans le passé; un passé difficile à situer, un temps d'avant les téléphones portables et les ordinateurs mais après la grande diffusion des calculettes de poche, disons 25 ans et toute l'ambiance du film fait que ce voyage dans le temps est très crédible. Bravo monsieur Rudi Rosenberg; surtout continuez à faire des films.

 

13 ans - Rudi Rosenberg - EICAR
13 ans - Rudi Rosenberg - EICAR
13 ans - Rudi Rosenberg - EICAR
28 février 2020

Rétromobile 2016

Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Rétromobile 2016
Paris, février 2016

Paris, février 2016

 

28 février 2020

Give peace a chance de Marcelino Truong

Give peace a chance de Marcelino Truong
Give peace a chance de Marcelino Truong

Dans le premier tome de son autobiographie, "Une si jolie petite guerre" Marcelino Truong racontait Saïgon entre 1961 et 1963. Né en 1957, il est métis. Son père est vietnamien, diplomate pour le régime du Sud Vietnam, alors que sa mère est française. "Une si jolie petite guerre  racontait les débuts du conflit vietnamien, alors que son père était en poste à Saïgon. Ce beau et très intéressant album lors de sa découverte m'avait fait penser au livre de Pascal Jardin "La guerre à neuf ans". 

Dans « Give Peace a Chance », toute la petite famille est désormais à Londres (l'album est sous-titré Londres 1963-1975). Marcelino a six ans. Il se voudrait occidental. Il déteste son nez épaté qu’il tente d’affiner avec une pince à linge... Cette fois c'est à un autre roman familiale, le très beau "Qu'a fait de tes frères" de Claude Arnaud auquel j'ai songé, en lisant le nouvel opus de Marcelino Truong même s'il faut attendre la fin du volume, pour en avoir la révélation de ce possible rapprochement.

 

 


Marcilino grandit. Il joue avec ses figurines Action Man, en reconstituant des scènes de bataille de la guerre qu'il vient de quitter. L'image était déjà le souci du jeune Marcelino, puisque parfois il photographie ses petits soldats. Les nouvelles de la guerre du Vietnam lui arrivent par la télévision. S'il n'oublie pas le Vietnam, l'Angleterre et surtout sa musique laissent leur empreinte. Il voudrait des cheveux longs comme les Beatles, mais ses parents insistent pour la coupe courte que les frères Truong appellent entre eux, la coupe «VC» (viet cong).

Le livre alterne donc la petite histoire familiale, parfois presque aussi tragique que la grande Histoire, celle de la guerre du Viet Nam.

La vie n'est ni simple ni tranquille dans la famille Truong, sous la pluie de wimbledon. Elle l'est d’autant moins pour Marcelino, issu d’une fratrie de quatre enfants et qui affronte tout cela dans ses plus jeunes années qu'Il doit vivre avec une mère à la santé mentale fragilisée par la Seconde Guerre mondiale et un père qui voit tout à ce qu'il a cru et son pays même, disparaitre. Le diplomate est en outre dans l’angoisse de la situation de ses parents restés au pays. Bientôt, craignant d'être renvoyé au Vietnam, il démissionne de son poste à l'ambassade du Vietnam de Londres. Il est dans la nécessité urgente de se retrouver un nouveau travail qui lui permet de nourrir sa famille, repartant de zéro, lui qui avait fréquenté les plus hautes sphères du pouvoir, il trouve un emploi modeste à l'agence Reuter.

Cette descente feutrée aux enfers, affecte directement le frère aîné de Marcelino, Domi, qui ne résiste pas à cet écroulement des valeurs d’autant plus rejetées qu’elles se perpétuent encore dans les usages familiaux, alors que tout autour, l’amour libre, le Flower Power, l’usage permissif des drogues et l’envoûtant chemin de Katmandou semblent si tentants.

Tout cela, Marcelino Truong le raconte d’une façon posée, simple et très émouvante.

 

Give Peace a Chance (Londres 1963-1975) - Par Marcelino Truong - Denoël Graphic

 

 

La famille est doublement expatriée; la mère a autant de difficulté à s'acclimater à l'Angleterre qu'elle en avait eu pour vivre au Vietnam. Sa raison est chancelante. Il faut tout l'amour filiale et la gentillesse, qui transparait tout au long du livre, de Marclino Truong pour supporter cette pathétique emmerdeuse.

L'artiste ressuscite une Angleterre blanche qui n'existe plus: <<  A l'époque, l'Angleterre était encore marquée par la guerre et les privations : les gens vivaient chez eux, entre eux, et étaient très attachés à ce mode de vie. Il faisait froid, humide et à 17h30, extinction des feux : tout fermait, les rues étaient désertes. Rien à voir avec Saigon où tout le monde vivait dehors et où la ville ne s'arrêtait jamais. A l'époque les seuls Vietnamiens de Londres venaient de l'ambassade, nous étions des émigrés un peu chics, il n'y avait pas de réelles tensions avec les Anglais tant que nous adoptions leur style de vie. Les grands vagues d'immigration en provenance du Pakistan et des Antilles se sont produites plus tard.>>.

 

 

Ce qui est passionnant dans cet album, comme dans le précédent, c'est que la guerre du Vietnam est vue du coté des vaincus. Dans la famille de Marcelino, sud-mietnamienne, on ne porte pas les Viet Congs dans son coeur. Le gamin apprend vite la relativité des choses quand il croise à Londres des manifestants anti-Guerre du Vietnam clamant que «les Viet Congs sont des combattants de la liberté».

Marcelino et son frère ripostent, évoquent les exactions du côté du camp du Nord : les militants les traitent alors de «little reactionary fascists». Plus tard, lorsqu'il poursuit ses études en France, d'abord à Saint-Malo puis à Science-po Paris, Marcelino se rendra compte également, face à la doxa communiste qui a le vent en poupe, qu’il est du mauvais côté, celui des «réactionnaires» et des «fascistes».

 

Marcelino Truong à St-Malo, 1973. Accoudé à un brise-lames de la grande plage

 

Voilà un livre qui nous rappelle l'aveuglement de la plupart des intellectuels français. Il faut se souvenir qu'à la même époque que ce que nous raconte « Give Peace a Chance », ce jobard de Malraux qualifiait Mao de "plus grande figure historique de notre époque"! Ce sont les mêmes crânes d'oeuf qui aujourd'hui nous parlent d'islamistes modérés...

Marcelino Truong a le talent en une image d'épingler les ridicules d'un groupe, d'une époque, toujours avec causticité, mais jamais avec méchanceté. A cause de ses origines, de son parcours cosmopolite et chaotique, et aussi de sa grande culture, le dessinateur fait toujours un pas de coté par rapport aux milieux qu'il fréquente. Truong est toujours un peu extérieur, quelque soit le monde dans lequel il se trouve. Ce qui en fait un observateur d'une implacable lucidité.

 

 


Marcelino Truong mélange la chronique familiale et la grande Histoire, avec parfois ça et là, se mêlant au dessin, des photos d’archives, photos de l’album de famille, tracts d’époque, ou de clichés restés dans l’Histoire, comme celui de cet officier de l’Armée du Sud Vietnam abattant un Viet Cong : un mélange de supports très réussi. Outre son grand talent de dessinateur, Marcelino Truong parle bien*. Il ose émettre sur la guerre du Vietnam et de ce qu'est devenu ce pays aujourd'hui une parole que l'on entend malheureusement bien peu: << Comme toujours l'histoire est écrite par les vainqueurs. Pour les dirigeants communistes du nord, les Vietnamiens étaient tous aux côtés d'Ho Chi Min. Aujourd'hui encore, les enfants apprennent à l'école que ceux qui étaient du côté des Français et des Américains étaient des traîtres, des mercenaires quine méritent pas d'être considérés comme des Vietnamiens. Cela fait très bien dans le bréviaire du parfait petit révolutionnaire, mais c'est assez éloigné de la réalité… Mon expérience, mes lectures, mes recherches, mais également de nombreuses rencontres et témoignages recueillis au Vietnam où une grande partie de ma famille qui a épousé la cause du Nord vit encore, m'amènent à d'autres conclusions. Refuser le “paradis communiste” ne faisait pas de vous un traître, surtout lorsque on sait comment les gens vivaient au Nord Vietnam et ce qu'il advenait des opposants… Les sud-Vietnamiens voulaient un autre système politique, plus démocratique, mais le Nord ne leur en a pas laissé le choix. A l'origine, ce qui s'est passé au Vietnam était une guerre civile, un choix de société. Puis la Chine et les Etats-Unis s'en sont mêlés, nord et sud-vietnamiens, nationalistes et patriotes sont alors devenus les jouets des super puissances, des marionnettes, des fantoches. Le plus difficile en arrivant en Europe a été de découvrir la manière dont les médias occidentaux couvraient les évènements. L'époque était alors au romantisme révolutionnaire, le maoïsme faisait rêver et les intellectuels comme Marcuse et tant d'autres se faisaient les chantres d'un marxisme hédoniste qui serait l'avenir de l'homme. Les correspondants de guerre n'échappaient pas au climat ambiant, qui donnaient une image biaisée et manichéenne du conflit. Aucun d'ailleurs n'est jamais allé voir dans le Nord Vietnam ce qui s'y passait. A leur décharge, les dirigeants communistes n'accueillaient que quelques journalistes totalement acquis à leur cause. Dans les années soixante, le Vietnam était comme la guerre d'Espagne pour les générations précédentes : chanteurs, artistes, écrivains, penseurs, tous les gens que nous admirions étaient du côté du David nord-vietnamien contre le Goliath américain. Pas facile de lutter pour faire entendre sa voix. Ce n'est qu'aujourd'hui, maintenant que l'illusion maoiste a volé en éclats et que l'on sait ce dont ont été capables les Khmers rouges au Cambodge, que je peux accomplir ce devoir de mémoire. »

 

 

Il capture merveilleusement une époque, le Londres des années 60 et 70, les Beatles et le Flower Power. La musique est bien sûr très présente dans cet album qui possède une véritable bande son. Truong nous rappelle que les chansons des Beatles, de Joan Baez, de Bob Dylan, de Country Joe & Fish et de bien d'autres ont placé insidieusement dans notre subconscient l'image de Sud-Vietnamiens fachos à la solde de l’impérialisme américain et installé "l’Oncle Hô" comme une icône de la paix. Ce roman graphique m'a rappelé bien des souvenirs, moi aussi j'espérais en avril 1972, lors de la grande offensive nord vietnamienne, que les troupes du Sud-Vietnam allaient tenir bon... 

Parallèlement à son histoire, Marcelino Truong retrace aussi le tragique et émouvant parcours de son frère aîné, Dominique, en pleine recherche de lui-même (je n’en dirais pas plus, pour ne pas déflorer l'ouvrage).

L'album ne se présente pas comme une succession de cases de bande-dessinée mais plutôt comme une suite d'illustrations dont quelques unes sont en pleine page.

Le seul reproche que l'on peut faire à ce formidable livre est qu'il est trop court. On aurait aimé en savoir un peu plus et rester d'avantage avec cette famille. Espérons qu'il y aura un autre volume. Il y a même matière à en faire plusieurs en regard de la riche vie de ce talentueux auteur*. 

 


Gouache de Dominique, le frère de Marcelino Truong (©Denoël Graphic)

 

Give peace a chance de Marcelino Truong

*pour s'en persuader allez à cette adresse: http://la-charte.fr/dans-les-petits-papiers-de/article/marcelino truong )

 

Give peace a chance de Marcelino Truong
Give peace a chance de Marcelino Truong

 

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28 février 2020

Lettre à Momo, un film d'Hiroyuki Okiura

Lettre à Momo, un film d'Hiroyuki Okiura (rééditions augmentée)

Lettre à Momo : Affiche

 

Pour toujours enfoncer le même clou, je vais redire que l'animation japonaise ce n'est pas Goldorak et que les longs métrages de l'animation japonaise qui ont la chance de sortir sur les écrans français sont supérieurs à tous les autres films distribués dans notre pays. Deuxième point qu'il faut rappeler également l'animation japonaise ne se résume pas à Miyasaki père, génie certes mais pas talent isolé. Il suffit de citer Ichii, feu Satoshi Kon, Mamoru Hosoda, Isao TakahataKeiichi Hara et bien d'autres. Si vous êtes courageux vous pourrez lire les quelques billets que j'ai consacrés à certains de leurs films...

 

Lettre à Momo : Photo

 

Or donc, actuellement, sur malheureusement bien peu d'écrans (j'ai du mal à comprendre la politique du distributeur de ce film qui a pris le soin d'en faire une version française en regard d'une distribution aussi chiche; maison peut penser que c'est pour une prochaine édition en dvd et blue-ray, ce dernier support est toujours à privilégier pour les films d'animation, donc si vous avez raté ce film en salle vous pourrez sans trop tarder vous rattraper.) on peut voir la nouvelle merveille des animés nippons, « Lettre à Momo ».

 

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A bord du bateau qui emmène Momo avec sa mère sur l'ile de Shio (ile imaginaire mais précisément située dans la mer intérieure du Japon, mer de Seto, les lecteurs de Manabé Shima de Florent Chavouet ne seront pas dépaysés... Le réalisateur, enfant, y passait ses vacances d'été...) où elles vont désormais vivre. Momo, à l'orée de l'adolescence, déplie une feuille de papier où sont écrits ces seuls mots: << Chère Momo >>. Un flash-bach nous apprend bientôt qu'elle a trouvé cette lettre inachevée sur le bureau de son père qui vient de mourir, océanographe il a disparu en mer. La dernière fois que Momo a vu son père, elle s'est disputé avec lui. Hantée par ce souvenir, Momo à le coeur lourd. D'autant que l'ile où la conduit sa mère, qui y a passé son enfance, est pour Momo, qui vient de Tokyo, vécu comme un lieu d'exil. Shio est habitée par une population vieillissante vivant pour l'essentiel de cultures ancestrales élaborées à flanc de colline. Mais à peine arrivée dans la vieille maison qui sera désormais leur demeure, déboulent trois truculents et très encombrants yokais sortis du folklore japonais, que seule Momo voit. Ces trois créatures sont caractérisées à l'extrême. Il y a le râleur au nez en museau, le géant affamé qui ressemble au Bluto de Popeye et le chétif souffre douleur. Ils vont bouleverser la vie de Momo, et celle de toute l'ile. Maisvont se révéler bien autre chose que de navrants goinfres...

 

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Comme tous les grands dessins animés japonais, « Lettre à Momo » peut se lire à différents niveaux. S'il réjouira les enfants, disons à partir de sept ans, il captivera les adultes, d'abord par la beauté du dessin et surtout parce qu'il aborde des sujets qui peuvent toucher tout à chacun, comme celui de comment vivre un deuil et comment faire partager ou pas sa douleur. Le film intéressera également tous les passionnés de la culture japonaise avec cette nouvelle intrusion dans le monde moderne des yokais, un des symboles de la culture populaire ancestrale nippone. « Lettre à Momo » s'inscrit aussi dans les problématiques les plus actuelles de la politique japonaise, comme la désertification des campagnes; souvent dans l'archipel elles ne sont plus habitées que par des vieillards, et dans ces conditions, se pose à court terme, la survie de l'agriculture, à un moment où le gouvernement Abe veut réduire les aides aux agriculteurs et d'une manière assez contradictoire prône une plus grande auto-suffisance alimentaire pour le Japon.

 

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Lettre à Momo est très ancré dans l'histoire et la tradition japonaise. L'émouvante dernière séquence se réfère au festival de Miajima (on peut aller voir mes photos de cette ile et de son célèbre torii: essai d'épuisement photographique du grand torii de Miajima, Japon ), tradition qui vise à apporter force et bonne santé aux plus jeunes habitants de l'île. Le principe étant de pousser un bateau de paille enflammé dans la mer afin qu'il se consume au milieu de l'eau. C'est une fête qui fait directement référence à la Seconde Guerre mondiale, les aînés souhaitant voir leurs enfants revenir sains et saufs de la guerre 

 

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Comme très souvent dans les animés japonais de qualité, le décor est très soigné mais aussi la typographie avec ses repères, une maison, un village, une ile, endroits à la fois immuables et changeants selon les saisons. Ces éléments prosaïques peuvent se muer en véhicules de la fantasmagorie...

Le public européen sera peut être dérouté par le mélange typiquement japonais de mélodrame et d'humour trivial, les yokais pètent pour repousser des sangliers ou effectuent une danse grotesquement lascive pour entrer encontact avec l'au-delà!

 

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On retrouve dans « Lettre à Momo » des constantes de l'animation japonaise (Certes vous pourrez me rétorquer bien des contre-exemples mais tout de même). Le voyage initiatique qui marque la fin de l'enfance et l'entrée dans l'adolescence comme dans le « Voyage de Chihiro), l'absence du père comme dans « Les enfants loups », le drame familiale comme dans « Les enfants loups, « Mon voisin Totoro », « Colorful », la fuite de la grande ville pour une campagne réparatrice des maux comme dans les « Enfant loup », « Mon voisin Totoro », « Arrietty », « Mai Mai Miracle », la nostalgie pour le Japon apaisé des petites villes et des vieilles demeures comme dans « Arriety », « La colline aux coquelicots», « La traversée du temps », « Summer wars », l'irruption de créatures surnaturels souvent issues des vieilles légendes comme dans « Mon voisin Totoro », « Pompoko » et surtout « Un été avec Coo » où un Yokai, un kappa, est au centre du film (le renouveau des yokais dans l'imaginaire nippon doit tout au mangaka Shigeru Mizuki, l'auteur de NonNonBâ. A ce sujet on peut voir mes billets: NomNomBâ de Shigeru Mizuki et  des Yokai par Shigeru Mizuki). Tous ces points communs avec de nombreux animés japonais de grande qualité font de « Lettre à Momo » un film archétypal de l'animation japonaise; c'est peut-être là sa limite.

 

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Le cinéphile trouvera aussi grandement son compte dans cette « Lettre à Momo » passé l'effet de surprise qu'il constitue pour tous ceux qui attendaient, depuis 1999, après le chef d'oeuvre incontestable qu'est « Jin-Roh, la brigade des loups », fable uchronique violente, passionnante, sur le totalitarisme, quand il s'apercevra que le deuxième film d'Hiroyuki Okiura n'a rien à voir, sinon par sa qualité graphique, avec le premier opus du cinéaste. En regard de ce deuxième film on voit combien la patte d'Ichii, (Ghost in the shell) qui est un peu le mentor d'Hiroyuki Okiura, scénariste de Jin-Roh était présente dans ce dernier. Pour son deuxième film Hiroyuki Okiura en a cette fois écrit le scénario. Le spectateur habitué de l'animation japonaise repèrera plusieurs hommages du réalisateur à ses maitres et confrères. Plusieurs séquences sont quasiment des citations de Miyazaki, la rencontre des esprits sous la pluie, l'attaque des sangliers, l'apparition des esprits sous la forme de gouttes (« Princesse Mononoke) et les esprits font beaucoup penser à ceux du « Voyage de Chihiro ». Les trois yokais par leur truculence et leurs maladresses évoque les S.D.F de « Tokyo Godfather »

 

D'autre part Questionné à propos du réalisme apporté à son film d'animation, Hiroyuki Okiura avoue s'être inspiré de l'un des maîtres de l'animation japonaise, Isao Takahata et de son film Kié la petite peste : << C’est un film avec une forte composante burlesque et néanmoins chaque détail concernant les personnages est décrit avec le plus grand soin : leur personnalité, leurs gestes, leur manière de marcher ou de se retourner quand on les appelle, ils ressemblent tous à des personnes réelles. J’ai rarement vu de film d’animation qui prenait autant de soin pour détailler des gestes du quotidien >>.

 

Lettre à Momo : Photo

 

Le film s’étale sur deux heures. Pourtant on ne s’y ennuie pas, tant le rythme du film est maîtrisé de part en part, jusqu’à un final digne des moments les plus Shinto du grand Miyazaki. 

Le cinéaste s'est entouré d'une équipe chevronnée. Hiroyuki Okiura et le chef de l'animation Masashi Ando avaient déjà travaillé ensemble par le passé sur le film Paprika (2005) de Satoshi Kon. Masashi Ando était alors déjà superviseur de l'animation tandis que Hiroyuki Okiura était l'un des nombreux animateurs.

Techniquement le film a été réalisé par une méthode d'animation classique, animation en deux D avec du papier et des crayons; ce qui confère à l'ensemble un extrême réalisme que ce soit dans la fluidité des mouvements des personnages ou dans l'expression de leur visage aux traits pourtant assez simples. Le réalisateur a néanmoins eu recourt au travail par ordinateur pour quelques séquences, comme celle de la course poursuite. Les décors sont dus à Hiroshi Ono, responsable des déjà de ceux de « Kiki la petite sorcière » même si l'esthétique générale fait plutôt penser aux films de Mamoru Hosoda (La traversée du temps).

 

Lettre à Momo : Photo

 

L'une des particularités des auteurs japonais de films d'animation, c'est de ne pas craindre d'aborder les sujets les plus difficiles comme la destruction de Tokyo par un tremblement de terre dans Tokyo magnitude 8, le suicide des adolescents dans Colorful, la mort d'innocents durant les guerres dans Le tombeau des lucioles... et de le faire, en règle générale, avec beaucoup de sensibilité et de justesse. « Lettre à Momo » en est un bel exemple. 

 

 

Lettre à Momo : Photo

   

 

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Commentaires lors de la première édition du billet

 

Wild-nobara04/06/2014 22:52

Merci beaucoup pour ce billet !
Il a su attiser ma curiosité, alors qu'au premier regard, en VF, il m'en avait détourné. J'ai trouvé ce blog en faisant une petite recherche sur les yokai, et à ma surprise, ils sont présent dans ce film ! 

Bon travail pour cet article, même si dans l'animation japonaise nous retrouvons souvent des éléments similaires, cela n'enlève pas la magie aux films. En plus des décors magnifiques, des personnages expressifs ... Bref, je regarderai ce film en vostfr :p

(RIP à Monsieur Satoshi Kon, qui a laissé un film inachevé.)

 

B.A.08/06/2014 12:34

Si vous vous intéressez aux yokais, il y a un film très drôle et émouvant à la fois, c'est "Un été avec Coo" de Keiichi Hara sans oublier la plupart des mangas de Misuki.
Il faut toujours regarder les film en V.O sous titrée y compris les animés

 

28 février 2020

Les jolies colonies de vacances, quelques images

Les jolies colonies de vacances, quelques images
échange franco-allemand à Cerbère, 1976

échange franco-allemand à Cerbère, 1976

Les jolies colonies de vacances, quelques images
cyclotourisme dans le Massif-Central, 1977

cyclotourisme dans le Massif-Central, 1977

la toilette 1972

la toilette 1972

échange de jeunes France-Tchecoslovaquie, 1972

échange de jeunes France-Tchecoslovaquie, 1972

Les jolies colonies de vacances, quelques images
centre pour adolescents de Cendras (Gard), 1969

centre pour adolescents de Cendras (Gard), 1969 

Base nautique de l'ATC au bord du lac Léman, 1968

Base nautique de l'ATC au bord du lac Léman, 1968

colonie de vacances de saint Dalmas de Tende, 1968

colonie de vacances de saint Dalmas de Tende, 1968

camp à Saint-Hilaire de Riez, 1967

camp à Saint-Hilaire de Riez, 1967

baignade de la colonie de vacances du Crau du roi, 1967

baignade de la colonie de vacances du Crau du roi, 1967

Les jolies colonies de vacances, quelques images
colonie de vacances de Lesconil, 1967

colonie de vacances de Lesconil, 1967

colonie de Fonsange les bains, 1966

colonie de Fonsange les bains, 1966

toilette au camp de Retournac (Haute-Loire), 1966

toilette au camp de Retournac (Haute-Loire), 1966

Landerneau, 1965

Landerneau, 1965

Toilette à la colonie de Valescure, 1965

Toilette à la colonie de Valescure, 1965

colonie de Saint Georges d'Aurac, 1965

colonie de Saint Georges d'Aurac, 1965

Si vous avez des photographies de colonies de vacances, merci de me les envoyer.

28 février 2020

single man un film de Tom Ford

single man un film de Tom Ford (réédition complétée)
USA, 2009, 1h 30 mn
 
Réalisation: Tom Ford, scénario: Tom Ford d'après le roman de Christopher Isherwood,image: Eduard Grau, montage: Joan Sobel, décor: Dan Bishop, costume: Arianne Phillips, musique:Abel Korzeniowski & Shigeru Umebayashi
 
avec: Colin Firth, Julianne Moore, Nicholas Hoult, Matthew Goode, Jon Kortajarena
 
Résumé:
 
Nous suivons, sur une journée, George Falconer ( Colin Firth ), un anglais d'une cinquantaine d'années, professeur à l'université de Los Angeles et homosexuel. L'homme est brisé par la mort accidentelle de son ami Jim ( Matthew Goode ), avec lequel il vivait depuis seize ans. George a décidé que cette journée sera la dernière et qu'à son terme, il se tirerait une balle dans la tête. Des retours en arrière, réminiscences du bonheur passé, nous font revivre la passion amoureuse entre Jim et George. Dans son ultime jour, il souhaite faire ses derniers adieux, que ce soit à sa femme de ménage, à sa secrétaire, à ses élèves… Il passe à la banque pour vider son coffre, il écrit des lettres d'adieu pour les uns et les autres, il choisit méticuleusement ce qui sera sa dernière tenue. Cet homme élégant veut partir avec élégance, sans gêner personne.Mais George, découvre la beauté du monde. Tout l'enjeu du film réside dans le suspense suivant: est-ce que cette redécouverte de plaisirs simples, le fait que Charley, sa meilleure amie ( Julianne Moore) lui dise qu'il lui est indispensable et surtout que son bel étudiant préféré, Kenny (Nicholas Hoult) soit amoureux de lui, suffiront pour que George revienne sur la décision de se tuer?
 
L'avis critique
 
Il y a des acteurs qui font un sort à chaque réplique et plus rare des cinéastes qui en font un à chaque image. C'est le cas de Tom Ford qui a fait de « Single man » une suite de tableaux où tout est signifiant et a été minutieusement étudié. Les cadrages sont réglés au millimètre. Les couleurs sont minutieusement choisies pour toujours être en harmonie entre elles. Leurs tonalités indiquent l'humeur du héros-narrateur; quand il échappe à son mal de vivre, elles se réchauffent et de ternes deviennent étincelantes. Du moindre plan même d'une non action aussi triviale que son personnage sur les cuvette des W.C. Lisant un livre, le réalisateur le transforme en une image esthétique qui en plus nous informe sur la psychologie de George.
Comme vous le savez un de mes vices, est de découvrir dans les films d'époque, et en particulier ceux se déroulant dans le XXème siècle, que nous avons quitté il y a dix ans déjà, l'anachronisme ayant échappé tant au réalisateur, qu'au monteur et à la script, je n'en ai pas vu le moindre durant tout le film. Si je n'ai qu'un léger doute c'est sur le slip de Kenny que bien évidemment je ne quittait pas des yeux, espérant qu'il disparaisse, ce qu'il fit; c'est que j'en trouve l'étoffe bien légère pour un modèle de 1962. J'en appelle aux spécialistes pour me donner leur avis sur le sujet et puis en ce temps là les jeunes américains n'étaient ils pas plus porté sur le caleçon blanc?
 
A Single Man
 
On peut regretter que le film ne nous offre que de belles vues arrières de la nudité de Nicholas Hoult (voir les images en fin du billet), mais je suppose qu'une vue frontale aurait par les temps qui courent condamné le film à une quasi clandestinité...
 

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Tout dans le film n' est qu'une suite d'images superbes. Le moindre objet est une merveille y compris le pistolet avec lequel George doit se donner la mort. La caméra s'attarde sur ces ustensiles souvent lourds de sens, en les isolant dans des plans marquées par une faible profondeur de champ et un piqué sans reproche. « Single man » est un film raffiné qui sous la simplicité de son intrigue offre une lecture à plusieurs niveaux. Le spectateur connaissant un peu l'Amérique de ce début des années 60 n'en retirera que plus de plaisir. Il demande d'être attentif au décor, ce qui n'est guère difficile car trop parfait, il a tendance à monopoliser l'attention. Ainsi aperçoit, on dans le bureau de la somptueuse maison d'architecte que George habite, un petit dessin de DonBachardy. Il est là pour nous rappeler que « Single man » est adapté du roman éponyme de Christopher Isherwood. Don Bachardy et l'écrivain ont vécu ensemble de longues années dans une maison dans les canon de Los Angeles. Single man est en parti autobiographique. C'est en1953, que Don Bachardy, il avait dix-huit ans, a rencontré Christopher Isherwood qui était alors âgé de quarante-huit ans. Ils ont vécu ensemble jusqu'à la mort d'Isherwood en 1986. Un certain nombre de romans d'Isherwood présente en couverture un des portraits au crayon que Bachardy a réalisé de l'auteur. Un film sur leur relation Chris & Don: A Love Story est sorti en 2008. Bachardy figure au générique de « Single man » en tant que consultant...
 
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La superbe maison dans laquelle a été tourné la majeure partie de "A single man" de Tom Ford a été à vendre 1,5 million $, peu après le tournage du film. C'est The Schaffer residence qui a été construite en 1949 par l'architecte John Lautner. Elle est située à Glendale soit à 15 mn de downtown L.A. Me souvenant de mes pérégrinations californiennes, j'ai été surpris qu'une telle maison dans les collines soit aussi près de la plage... J'avais raison, mais c'est la magie du cinéma, dans la réalité The Schaffer residence est assez loin de la mer...
 
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J'ai lu dans une interview du cinéaste, il avait rencontré tout jeune ce couple célèbre lorsqu'il fréquentait leur ami David Hockney. Il nous reste plus qu'à espérer que le surdoué Tom Ford écrive rapidement les souvenirs de ce temps là...
Parfois l'image est si belle que l'on ne peut s'empêcher de la trouver un peu trop parfaite comme celles de la belle scène entre George et Carlos, le jeune prostitué espagnol ( Jon Kortajarena ) qui échangent des propos désabusés et presque tendres devant une immense affiche de « Psychose » où le regard horrifié de Janet Leigh. Pendant leur conversation le ciel de Los Angeles tourne à l'orangé et toute la scène baigne dans une lumière qui se réchauffe progressivement. Ce sont sans doute le souvenir de son ancien métier qui fait que Tom Ford joue constamment sur les couleurs. Par exemple, le réalisateur évoque la monotonie du quotidien de George par le procédé, certes classique, de la désaturation des images qui fait tendre la couleur vers le noir et blanc. Au contraire les couleurs sont saturées dans les scènes où Kenny « ressuscite » son professeur transi. C'est aussi par un artifice de la couleur que Tom Ford parvient a nous faire sentir le déchirement de George, son impossible deuil. Hier il lisait en écoutant de la musique avec Jim, leurs chiens à leurs pieds dans la lumière mordoré de leur salon et le lendemain, il n'est plus là. La couleur a presque disparu. On éprouve la douleur physique de celui qui reste, échoué en un monde qui a perdu tout sens pour ce naufragé. Parfois aussi la colorimétrie varie au sein d'un même plan...
Toute cette magnificence, toute cette science et ce léché de l'image, à un moment de la projection j'ai pensé à Visconti, (et aussi à James Ivory et Wong Kar Wai) sans doute à cause de la morbidité qui sous tend le film comme elle sous tendait « Mort à Venise » et « Violence et passion », fait paradoxalement en partie obstacle à l'empathie que l'on devrait avoir avec Georges cet homme bien sous tout rapport, brisé par un absurde et cruel destin. 
L'artificialité assumée de l'image est en complète contradiction avec le jeu naturaliste, et parfait, des acteurs et avec le genre mélodramatique du récit. Cette collision peut surprendre, décontenancer et même agacer, mais après tout comme ce parti pris est tenu, et avec quelle maestria de bout en bout, il devient un style, une signature, ce qui n'est pas rien pour un premier film, il ne reste plus qu'a attendre la prochaine collection... Tom Ford avant de se mettre au cinéma était styliste; à moins de trente ans il a sauvé la maison Gucci et à moins de quarante on lui doit les derniers feux d'Yves Saint-Laurent. Et voilà que juste avant la cinquantaine, il réalise un film qui ne ressemble à aucun autre, sur un sujet bien peu consensuelle, l'impossibilité d'affronter la vie après la mort de l'être cher. D'autant que cet amour brisé est un amour homosexuel. Il y ajoute quelques thèmes annexes aussi que dérangeant que les relations amoureuses entre un élève et son professeur de même sexe, l'alcoolisme mondain, le fantasme de la peur dans la société américaine... J'ajouterais un regard non dénué de chaleur et de compréhension pour la prostitution masculine. C'est beaucoup, c'est courageux et c'est un véritable tour de force d'aborder tout cela, en invitant à la réflexion en 1heure trente tout juste. Le montage aurait pu être même encore plus sec en s'attardant un peu moins dans certaines scènes de liaison comme celles dans le joli coupé Mercédes 220 S et en écourtant celle avec la petite fille dans la banque.
A propos de cette dernière séquence, que l'on pourrait croire issue d'un film fantastique, il est remarquable que le réalisateur, dans un film aussi dense, maistoujours fluide, se permette des sortes d'apartés dont celle très réussie et à la limite du burlesque, de George cherchant la meilleure position pour s'occire. On croirait du Tati grinçant. Devant d'autre séquences ont peine à déceler si elles sont réelles ou oniriques...
A ceux qui pourrait reprocher le manque de réalisme de son film, Tom Ford a répondu par avance: A ses détracteurs, le cinéaste novice répond : « L’époque du film s’y prête : on est en plein dans l’American Dream, les gens aimaient le chic et l’élégance. Et puis je veux faire rêver les gens : si vous cherchez du réalisme, il y a la télé et les documentaires ! Je crois que même si je faisais un film sur les bidonvilles, il y aurait du glamour ! » .
On ne s'étonnera pas que Tom Ford est situé son premier film à l'homme des années 60. Il a depuis ses débuts de styliste puisé son inspiration dans les modèles de ces années là. La relecture des codes vestimentaires plus que simple recours à une nostalgie factice, est la pratique forgea son style. On peut constater qu’il en va de même pour son entrée en cinéma... Et Colin Firth devint le nouveau Cary Grant...
Tom Ford dans « Single man » ne renie pas son amour de la mode en témoigne la forte présence des lunettes, l'accessoire fétiche du créateur; à ce sujet, on retrouve Nicholas Hoult dans la campagne publicitaire de la collection de lunettes printemps-été 2010 de Tom Ford... On peut aussi considérer que l'impeccable vestiaire des personnages, est un clin d'œil de l'artiste à l'autre facette de sa vie.
Très intelligente est la façon qu'à le scénario, par petites touches, de situer l'histoire privée de George dans l'Histoire, la crise des missiles cubains en 1962... De même c'est avec beaucoup d'habileté qu'il traite la condition des gays américains à cette époque, condamné à la clandestinité même dans un milieu privilégié économiquement et intellectuellement. La discussion que George a avec Charley est très révélatrice à ce sujet. Cette ancienne beauté, griffée par l'abus de gin, ne peut concevoir la relation entre deux homme que comme une un pis aller, une substitution, un ersatz par rapport au seul amour véritable à ses yeux, celui d'un homme et d'une femme dont le but et le devoir est la procréation.
 
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Chaque acteur est magnifié par la caméra d'Eduard Grau. Ce qui n'est pas un exploit lorsque l'on a sous l'objectif d'aussi beaux spécimens humains que Colin Firth qui tient tout le film et qui n'a pas volé son prix d'interprétation à Venise, Julianne Moore, Nicholas Hoult qui a su bien rebondir après « Skins » et Jon Kortajarena mannequin vedette et dont c'est le premier rôle au cinéma, ce qui ne l'empêche pas d'être exemplaire dans la seule scène qu'il a à défendre.
Le fait que cette histoire d'amour soit une histoire entre deux hommes n'est pas primordiale au fond. Tom Ford avec raison veut élargir le propos: << Le thème de l'homosexualité n'a pas été décisif: c'est une histoire universelle sur l'isolement et la perte d'un être cher. Le livre a beaucoup fait parler à sa sortie, en 1964, parce que c'était la première fois qu'un auteur traitait de l'homosexualité d'une façon très normale (...). Pour ma part, je suis très à l'aise avec ma sexualité et, si je devais lister dix choses qui me définissent, être gay n'en ferait pas partie (...) L’une des choses que j’ai toujours aimées de Christopher Isherwood, c’est la manière dont il traite de l’homosexualité, affirme Ford. Le personnage gai de l’histoire est tout simplement dépeint comme un être humain qui vit sa vie (…) Je ne voulais pas que le film soit l’histoire d’un gai ou une histoire vraie, mais qu’il soit une histoire humaine. Plus nous réaliserons que l’amour entre deux personnes, c’est l’amour en tre deux personnes, mieux nous nous porterons tous.»
A noter que dans la bande son on entend entre autres une belle chanson d'époque de Serge Gainsbourg.
J'aurais préféré que le film se termine par un happy end que les protagonistes me semblaient avoir mérité (pour cela partez cinq minutes avant la fin sur le plan de George refermant la chambre sur kenny dormant... L'ami avec qui j'ai vu le film me faisait remarquer qu'il y avait bien un happy end... pour la femme de ménage. Et puis il reste une question qui reste béante qu'est devenu le deuxième chien?
A Single Man, le film
 
 
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Il existe en France un très beau blue ray de ce film indispensable pour pleinement en profiter...

 

28 février 2020

case en exergue, Russ Manning

Russ Manning

C'était au temps où l'on pouvait dessiner de méchants nègres...

 

28 février 2020

George Stubbs ( 1724-1806)

 George Stubbs (Grande Bretagne 1724-1806)

 

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