Villa triste de Patrick Modiano
Villa triste date de 1975. Comme dans plusieurs de ses livres, Modiano nous place avec son style élégant mais peu sophistiqué, ne pensons pas à Proust, devant des scènes et des époques disparues, pleines de splendeurs décadentes, que le protagoniste tente de humer. Nous voici, avec en fonds la guerre d'Algérie, dans une station thermale de Haute Savoie, en compagnie d'un jeune rêveur, héros typiquement modianesque, qui veut éviter d'être envoyé comme soldat en Afrique du nord. Ce garçon (qui quinze ans plus tard tentera de retrouver sa splendeur, petite splendeur, perdue) se fait appeler comte Victor Chmara, peut-être est-il mi-russe ou mi-égyptien? De l'Egypte perdue du roi Farouk qui porte un monocle, et se retrouve, bien seul... Victor fréquente deux êtres aussi singuliers et insaisissables que lui. Une fille délicate et jolie (très paresseuse aussi) qui veut être actrice et remporte un petit concours local de beauté et d'élégance, et le docteur René Meinthe, un homosexuel un peu fou, fils d'un célèbre héros de la Résistance, qui vit dans une villa qu'il a lui-même appelé "Villa Triste". Il avait un amant belge, un vrai aristocrate et grâce à lui, il connait sur le bout des doigt l'arbre généalogique de la famille royale de Belgique, et il peut ainsi s'identifier à la malheureuse reine Astrid... Mai pourquoi René fait-il des escapades à Genève, pour lesquelles il abandonne souvent ses chers amis lors cet été doré ? Est-il un agent des tenants de l' Algérie française ou un "porteur de valises" pour leurs adversaires? Au final, il se suicide dans cette villa à moitié vide et on ne sait pas pourquoi... Chmara est partie et Yvonne aussi. Seront-ils quelque chose ou ne seront-ils jamais rien, plus que l'incognito et l'absence ? Tous, d'ailleurs, avaient, comme il arrive souvent, beaucoup de vrai dans leurss mensonge. Modiano narre bien et maintient le suspense. On l'aime avec l'arôme langoureux de ce qui se perd, mais il se tait autant sinon plus qu'il ne dit. On sait pas mal de choses sur les protagonistes, mais on en ignore encore plus et il ne nous reste plus que des effluves et des questions. aussi, d'autre part. Seront-ils quelque chose ou ne seront-ils jamais rien, plus que l'incognito et l'absence ? Tous, d'ailleurs, avaient, comme il arrive souvent, beaucoup de vrai dans leur mensonge. Et c'est que tel est le style de Modiano, son timbre même ou son air : Il narre bien et maintient le suspense. On l'aime avec l'arôme langoureux de ce qui se perd, mais il se tait autant sinon plus qu'il ne dit. On sait des choses sur les protagonistes, pas mal, mais on en ignore plus et il ne nous reste plus que des effluves et des questions. effluves et des questions...
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