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Dans les diagonales du temps
5 octobre 2022

J’étais le collabo Sadorski de Romain Slocombe

 

Capture d’écran 2022-10-04 à 15

 

Ce livre est l’histoire d’un sadique, écrit par un sadique. Une fois cet axiome posé, on ouvre le roman ou non. Même si ce volume peut se lire séparément, il est douteux que celui qui l’a entre les mains ignore de quoi il retourne. En effet « J’étais le collabo Sadorski » est le sixième volume (et même le septième si on y ajoute « La débâcle ») de l’odyssée d’un pourri dans la deuxième guerre mondiale. Ce pourri est l’inspecteur Léon Sadorski qui durant les quatre années de l’occupation a arrêté avec enthousiasme les juifs pour les livrer aux allemands. Il a commis bien d’autres turpitudes, mais passons. Dans le volume précédent on avait laissé ce brave Léon lynché par la foule fraichement résistante. On le croyait mort, mais les mânes de l’édition en ont décidé autrement. Or donc, on retrouve Sadorski fin aout 1944 à l’hôpital, salement amoché, mais vivant et ayant réussi à se faire passer pour un résistant. Cela ne va pas durer, il sera démasqué et amené à l’institut dentaire George Eastman dans le XIII ème arrondissement, lieu qui sert dans cette fin d’un bel été de lieu de concentration des collabos et assimilés, en fait surtout un lieu d’exécution. Le bâtiment est tenu par des FTP (émanation du Parti communiste, souvent des résistants de la dernière heure (baptisé ironiquement FFS pour « Forces françaises de septembre », avec à leur tête le capitaine Bernard (René Sentuc) nommé par le colonel Fabien, le tout chapeauté par le nain rouge sanglant Jacques Duclos. A propos de ce sinistre personnage je me permet une incise, pour démontrer combien le Maréchal, qui avait les mains tout autant goûtantes de sang que celles du nain bolchévique, avait raison quand il disait que les français avaient la mémoire courte puisque l’on a été jusqu’à donner le nom du nain rouge à une station de métro (sur la ligne 9)! Je rappelle que ce brave homme s’est présenté aux élections présidentielles en 1969; dans laquelle il y recueillit 4,8 millions de voix, soit 21,3 % des suffrages exprimés (le passé du monsieur rend ridicule les vétilles que l’on a pu reprocher aux candidats plus récents). Or donc le bâtiment sert officiellement, lors de l'Épuration, de centre de répression contre les collaborateurs, mais devient officieusement un centre clandestin de séquestration et d'exécution, où plus de deux cents personnes sont incarcérées dont notre Léon, et torturées, souvent sur simple dénonciation, entre le 20 août et le 15 septembre 1944. Trente-huit personnes détenues dans l'institut sont exécutées sur les bords de la Seine et leurs cadavres sont par la suite repêchés. Léon réussi à s’évader et ainsi échappe de peu à cette ultime baignade. Suit une cavale échevelée. Je ne vous en dirais pas plus, sinon que notre insubmersible Léon ne meurt pas à la fin. Suite au prochain numéro? 

 

institutdentaire1

l’institut dentaire George Eastman à l'époque du récit

 

 

 

Romain Slocombe s’appesantit toujours avec délectation sur les descriptions des corps blessés et martyrisés. « J’étais le collabo Sadorski » est surtout intéressant par la mise en lumière, très documentée, des crimes commis par les communistes au mois de septembre 1944 (y compris sur certain de ses membres qui s’étaient éloignés de la ligne stalinienne). Le PCF qui aimera se faire appeler le parti des fusillés est alors surtout le parti des fusilleurs. Même si tout les communistes de 1944 ne se sont pas mués en bêtes sauvage d’ailleurs l’auteur fait un discret hommage à l’humanité de Charles Tillon un des dirigeants du Parti qui en sera ensuite exclu. 

On regrette qu’un tel livre ne soit pas paru dans les années 60; mais peut être qu’alors l’auteur aurait chu malencontreusement juste avant l’arrivée d’un métro, peut être à la station Croix de Chaveau qui ne s’appelait pas encore Jacques Duclos…

Comme d’habitude le bandeau qui orne la couverture est mensonger, car dans ce roman, nous ne sommes pas en présence d’une histoire sur fond de toute l’épuration mais sur des faits qui se déroulent uniquement durant le mois de septembre 1944 qui vit une épuration sauvage sous l’égide du Parti communiste avant que ses « milices populaires » soient désarmées, suite à l’accord de Yalta et sans doute aussi grâce à un gentleman agreement entre le petit père des peuples et la grande Zoah. Ce geste d’apaisement du maitre du Kremlin eut peut être une contrepartie plus tard; ce qui expliquerait la présence lors du règne du général, dans son entourage immédiat, de taupes à peine enfouies comme d’Astier de Lavigerie par exemple… On voit que dés l’automne 1944, il y a déjà comme un parfum de guerre froide.

La lecture de ce dernier roman (pour l’instant) de la geste d’un pourri est d’autant plus éprouvante pour le lecteur que l’on ne quitte pas le regrettable Léon contrairement aux autres volumes dans lesquels les femmes de l’inspecteur (sa régulière, Yvette, et sa très jeune maitresse) apportaient un peu d’air au lecteur entre les exactions de leur homme. On a cette fois bien un peu de nouvelles d’Yvette seulement à travers une lettre, procédé littéraire assez grossier.

Si la partie documentaire est toujours aussi sérieuse que dans les autres tomes de la saga Sadorski, les aventures du « Caïd du rayon juif de la préfecture » deviennent dans ce volume un peu trop rocambolesques. Sadorski résiste à tout. Slocombe le transforme progressivement de tome en tome en super anti-héros un peu dans la lignée des méchants qui s’opposent à Batman. Pour faire perdurer sa saga Philippe Kerr avait fait de même avec cet autre inspecteur qu’était Bernie Gunther mais ce dernier gardait toujours un fond d’humanité et le lecteur se réjouissait de le voir sortir sinon indemne, du moins vivant de ses aventures. Mais il n’en est pas de même avec Léon à l’âme définitivement noire dont on ne regretterait pas le trépas.

 

 

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Commentaires
J
"... sujet tabou en 2022" L'erreur est de croire que la RÉSISTANCE n'est que l'apanage des Français... les Ukrainiens, Ukrainiennes, les Iraniennes et Iraniens nous en donnent un exemple magistral que bon nombre de nos concitoyens arc-boutés sur leurs " libertés" feraient bien de méditer...
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G
L'histoire de la "Résistance" est toujours un sujet tabou en 2022<br /> <br /> Trop de salopards en 1944.
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