La jolie colonie d'Henry Jean-Marie Levet (1874 - 1906)

Avec José-Maria de Hérédia, Jean-Marie Levet est le poète qui a fait le plus rêver l'adolescent que je fus 

Afrique Occidentale

À Léon-Paul Fargue


Dans la vérandah de sa case, à Brazzaville,
Par un torride clair de lune congolais
Un sous-administrateur des colonies
Feuillette les « Poésies » d’Alfred de Musset...

Car il pense encore à cette jolie Chilienne
Qu’il dut quitter en débarquant, à Loango...
— C’est pourtant vrai qu’elle lui dit « Paul je vous aime »,
À bord de la « Ville de Pernambuco ».

Sous le panka qui chasse les nombreux moustiques
Il maudit « ce rivage où l’attache sa grandeur »,
Donne un soupir à ses amours transatlantiques,
Se plaint de la brusquerie de M. le Gouverneur,
Et réprouve d’une façon très énergique
La barbarie des officiers envers les noirs...

Et le jeune et sensitif fonctionnaire
Tâche d’oublier et ferme les yeux...

« Regrettez-vous le temps où le ciel sur la terre
Marchait et respirait dans un peuple de dieux,
Où Vénus Astarté, fille de l’onde amère... ? »

Julien Clerc a eu la très belle idée d'interpréter un autre poème de Jean-Marie Levet

Comments

[mussonfaron]

Si j'ai fait le rapprochement de Levet avec José-Maria de Hérédia c'est que l'on peut considérer que si José Maria sz Hérédia a été inspiré par l'Histoire, Levet l'a été par la géographie. Ses poèmes sont comme des cartes postales d'un temps révolu. Les éditions Gallimard en ont édité un recueil dans sa collection de poésie en poche. Claude Michel Cluny pour certains de ses poèmes s'inscrit dans la filiation de Levet.

[ismau]

Belle illustration avec ces timbres et cette chanson, mais je retiens d’abord le poète lui même Jean-Marie Levet que je ne connaissais pas, la vérandah avec un h non plus, et puis le panka (qui me rappelle le "gentil Mala" venu "faire pankas" avec Gide ... )