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Dans les diagonales du temps
26 novembre 2021

Dent d'ours, Max de Yann & Henriet

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Ce n'est pas facile de repérer un chef d'oeuvre dans la pléthorique production de la bande-dessinée, tout de même un indice pouvait nous alerter que « Dent d'ours » était à ranger dans cette catégorie, le nom de son scénariste, Yann déjà l'auteur de Mezek  dont je vous ai parlé récemment, avec laquelle cet album n'est pas sans points communs puisque l'aviation y tient un rôle central.

  

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Avec « Dent d'ours » nous sommes en Silésie (Pologne) en 1930. Une région autrefois indépendante, avant d’être annexée par la Pologne, puis par l’Allemagne nazie. Hitler n'a pas encore envahi cette province que se partage l'Allemagne et la Pologne mais le nazisme y est déjà présent. Trois amis inséparables d'une dizaine d'années, une fille Hanna et deux garçons, Max et Werner, n'ont qu'une passion l'aviation. Bientôt faire voler des maquettes de planeurs en bois ne leurs suffit plus. Il veulent voler pour de vrai; mais pour cela il faut s'inscrire à l'école de pilotage de leur contrée. Elle est tenue par des nazis allemands et la condition pour espérer piloter est de s'inscrire aux Jeunesses Hitlériennes mais Max est juif...

1944, sur un porte-avion américain Max est pilote. Avec sa famille il a émigré aux Etats-Unis en 1935. Il est désormais un as de l'aéro-naval américaine avec plusieurs avions ennemis abattus à son actif mais soudain à cause d'une photo sur un vieux magazine allemand les autorités américaines le soupçonne d'être un espions allemand.

J'ai triché en remettant l'intrigue, que je ne dévoile que partiellement, dans l'ordre chronologique car elle ne nous apparaît pas ainsi dans le livre qui commence par une époustouflante scène d'attaque de Kamikazes en octobre 1944 ayant pour cible le porte avion sur lequel est embarqué Max, la dent d'ours est le porte bonheur du jeune homme. Max dans les pages suivantes se remémore son enfance en Silésie dans les rares moments de quiétude que lui laisse sa vie agitée...

Le scénario est passionnant, la fin de l'album laisse le lecteur en plein suspense; un deuxième tome qui devrait clore l'aventure est annoncé. L'alternance entre le présent de l'aventure, fin 1944, et les épisodes de l'enfance du héros sert le récit et ne paraît jamais un artifice scénaristique.

  

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Yann s'est inspiré plus ou moins de personnages réels << Pour Max, je ne suis pas inspiré d’un personnage historique précis. Mais il représente tous ces pilotes polonais qui, pour fuir les persécutions nazies, étaient partis en Angleterre ou en Amérique afin de s’engager dans l’armée de l’air. Max se retrouvera ainsi aux commandes d’un Corsair plutôt que d’un Messerschmitt ! Dent d’ours racontera toutefois comment sa nationalité polonaise lui vaudra bien des ennuis auprès de ses collègues américains (…) Pour écrire Dent d’ours je me suis donc totalement immergé dans les années quarante. J’ai voulu tout savoir : comment les gens s’habillaient, ce qu’ils lisaient, mangeaient, de quoi ils riaient ou s’indignaient. J’ai également veillé à faire parler Max ou Hanna avec des expressions de leur époque, et pas celles d’aujourd’hui. Pour réaliser ce gros travail, je me suis plongé dans ma bibliothèque, picorant un peu partout dans les centaines de bouquins consacrés à la Seconde Guerre mondiale que je possède. >>. En ce qui concerne Hanna, les dernières pages de l'album font penser qu'elle a bien des ressemblances avec Hanna Reich qui en1942 vola à Augsbourg sur le premier avion fusée au monde, le Messerschmitt Me 163 Komet. Ce qui lui valut d'être décorée de la croix de fer de première classe...

Si le scénario, à la fois dense et limpide, est digne de tous les éloges, le dessin de Henriet est quant à lui une merveille. Il faut ajouter pour que la réussite soit complète le talent de la coloriste, Usagi, qui parvient en cassant légèrement les couleurs dans les séquences se déroulant en 1930, retrouvant d'ailleurs dans celles-ci les couleurs des illustrés de ces années là, a nous suggérer que nous ne sommes pas en 1944. Henriet également change subtilement son trait pour les épisodes du passé de Max, il dessine un peu ses garçons comme les croquait le Joubert d'avant guerre. La mise en page de chaque planche est étudiée et bien adaptée à l'action qui s'y déroule, des petites cases pour les passages dialogués et de beaucoup plus grandes, parfois à fond perdu pour les épisode de batailles aériennes dans lesquelles Henriet montre qu'il est aussi à l'aise pour dessiner les machines volantes que les frimousse de ses chenapans…

  

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Tout comme Mezek, je ne voudrais pas que « Dent d'ours » vous apparaissent comme un album d'aviation (genre qui connait un surprenant revival) de plus. C'est beaucoup plus que cela, Une histoire de guerre certes mais qui parle aussi de jeunesse, thème récurent chez Yann, d’amitié, d’amour et d’espionnage,même si en observant bien chaque appareil qu'Henriet a dessiné ont est estomaqué par la qualité et l'exactitude du dessin. Il reconnaît sans barguigner qu'il a pris conseil auprès de spécialistes de l'armement. En étudiant les documents qui lui ont été utile pour réaliser telle ou telle case, Henriet est arrivée à cette intéressante observation: << En explorant la documentation de l’époque, on s’aperçoit à quel point les engins étaient beaux. Les objets également. Il y a une forme d’esthétisme dans beaucoup de choses de l’époque. Selon moi, les années trente à cinquante sont esthétiquement très belles. Je trouve d’ailleurs personnellement que le Corsair et le Liberator B-24 présents dans ce premier tome sont très jolis. >>. Remarque à laquelle j'adhère complètement.

Enfin il faut saluer la qualité de l'impression sur un beau papier avec un format un peu plus grand que celui dans lequel on avait pu découvrir cette histoire dans les pages de l'hebdomadaire Spirou. Dupuis a fait un beau travail d'édition en ajoutant aux planches une interview de Yann illustrée de quelques dessins préparatoire 

  

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A relire quelquefois mes billets, notamment ceux sur la B.D. Par exemple je m'aperçois que je m'y montre souvent enthousiaste; je ne voudrais que vous croyez que je pèche par excès de laxisme, c'est tout simplement que je préfère écrire sur ce que j'aime plutôt que sur ce que je déteste ou qui me laisse indifférent. L'espoir de faire partager mes heureuses découvertes est le moteur principal de ce blog. Alors dans le cas présent n'hésitez pas à vous envolez avec Max si vous aimez la bande dessinée, l'Histoire ou le dessin.

  

  

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