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Dans les diagonales du temps
28 octobre 2021

Harry Bush


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Un petit texte pour tenter de réparer une injustice : alors que Tom de Finland connaît une juste renommée internationale, Harry Bush est presque ignoré, en dépit de son talent prodigieux et de son association avec les célèbres magazines illustrés de Bob Mizer et d’AMG. Il faut sans doute chercher la cause de cet oubli dans la personnalité d’Harry Bush car si ses images sont joyeuses et exubérantes, leur auteur vivait en quasi reclus, rendu amer par sa vie et rejetant la culture gay.

 

 

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Harry Bush dans sa jeunesse

 

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Pendant plus de vingt ans, Harry Bush (étonnamment, Harry Bush est son vrai nom) a été un militaire modèle, d'abord dans la marine puis dans l'Armée de l'air. Il termina sa carrière dans l’armée derrière un bureau au Pentagone...

 

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Il connut sa première expérience homosexuelle lorsqu’il était basé en Europe. C’est aussi à cette époque qu’il se mit à dessiner, selon lui pour soigner le mal du pays. Il déclarait que sans cette transplantation, il n’aurait jamais eu d’expériences gays ni fait de dessins !
 

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À 40 ans, il quitte la carrière militaire et Washington pour venir s’installer à Los Angeles. Nous sommes au début des année 60. Très vite, il rencontre Bob Mizer qui publie aussitôt les dessins d’Harry Bush dans ses revues. C’est toujours Bob Mizer qui présente l’ombrageux dessinateur à la scène gay de L.A. Mais la réaction d’Harry Bush devant cette société libérée (pour l’époque) est inattendue. Il rejette en bloc ce milieu qu’il considère comme dégénéré et à l’opposé des valeurs que lui a inculquées l’armée. Harry Bush restera toute sa vie “ultra macho” et “ultracloseted”. Peu d’artiste auront été plus schizophrène que lui, à l’extérieur voulant donner l’image du parfait “straight” et sur sa planche à dessin laissant libre court à ses pulsions. Mainardi, l’éditeur du recueil des dessins d’Harry Bush cite une lettre de Bush à l'illustrateur Tom Jones : « Ces gens étaient les personnes les plus affreuses que j'avais jamais vues. Je n’avais jamais entendu parler d'eux ! Toutes les choses, les gens que j’avais mentalement tenus à distance devenaient un morceau de ma vie. Et j'étais l'un d'entre eux. »

 

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Alors qu’une partie de lui-même rejetait ses dessins, il en a d’ailleurs détruit beaucoup dans les dernières années de sa vie, Harry Bush a en même temps continuellement bataillé avec ses éditeurs pour que ses œuvres soient le mieux reproduites possible, les menaçant maintes et maintes fois de retirer ses dessins. On le voit, l’homme n’était pas à une contradiction près.

 

 

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Autre incohérence, bien qu’il vivait dans la crainte constante d’être “outé” (il ne voulait en aucun cas que ses anciens camarades militaires apprennent ses goûts, de peur que l’armée lui supprime sa pension), il ne supportait pas que ses dessins paraissent sans sa signature. Il développa une véritable paranoïa du copyright.


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Les dernières années de l’existence de l’artiste ont été particulièrement sinistres. Rongé par une homophobie compulsive, il ne sortait pratiquement plus de sa maison.
 À la toute fin de sa vie, Harry Bush, victime d’un tabagisme effréné, souffrait d’emphysème chronique. Il ne pouvait vivre sans l’aide respiratoire d’une bouteille d’oxygène. Il meurt en 1994.

 

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Dans son instructive introduction à Hard boys, Mainardi, véritable “ressusciteur” du dessinateur, écrit très justement : « Bush était l’ndividu le plus colérique et le plus misanthrope que j’ai jamais rencontré, un vieux bernard l'ermite vivant dans une coquille usée qui l'a abrité de la société dans son ensemble, et de la société gay en particulier. »

 

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Il est difficile d’imaginer une
 œuvre en plus grande contradiction avec son auteur. Le trait majeur des dessins d’Harry Bush, avant même leur sensualité, est l’humour qui s’en dégage. Ses modéles types sont des jeunes surfeurs débordants de joie de vivre, baignés dans la lumière du soleil californien.
Harry Bush excelle dans le détournement des stéréotypes de l’adolescence américaine et dans les parodies hilarantes de publicités.

 

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La plupart du temps, il a travaillé à l’aide de crayons de couleur. Il a fait néanmoins des incursions occasionnelles dans le dessin à la plume et dans l’aquarelle. Dans plusieurs de ses dessins, il a mélangé les techniques. Son style varie, tantôt proche du photo-réalisme, tantôt plus expressionniste aux traits plus lâches et rapides. Bush a travaillé sur certains de ses dessins parfois pendant des semaines et même des mois, pour traduire ses fantasmes en une réalité de papier. Ses images sont très inflencées par la culture populaire de son époque comme les couvertures des pulp par exemple. Harry Bush est un peu un Norman Rockwell  gay.
Oublions la triste vie de l’artiste mais pas son
 œuvre à la fois drôle et érotique.

 

 

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