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Dans les diagonales du temps
25 juin 2021

Trio de William Boyd

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Comme vous l’avez peut-être remarqué, je suis un peu snob même si je n’ai pas des accidents en jaguar et ne passe pas le mois d’aout au plumard, mais je crois que je vous l’avais déjà confessé. Or donc j’aime les romans peuplés de personnages de bon aloi que j’aurais plaisir à fréquenter dans la vraie vie qui de plus se meuvent dans des endroits où j’aimerais me prélasser, décors élégants et confortables de belles villas, de beaux appartements ou de grands hôtels; Sans oublier les belle voiture, le héros roule en Alvis... J’aime encore plus ces histoires, en raison de mon manque d’imagination chronique, lorsqu’elles se déroulent dans des milieux que j’ai un peu fréquentés et dans des lieux que je connais. C’est le cas de « trio » puisque l’intrigue se passe principalement dans le monde du cinéma et à pour cadre simultanément ou successivement Brighton, Londres et Paris. Ces particularités, et quelques autres, du romans de Boyd ont fait qu’il m’a charmé.

 

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L'alvis de Talbot

 

Le trio du titre se compose de Talbot un chevronné producteur anglais de films qui présentement produit, selon sa propre expression, un « film à la con avec un titre à la con » !. Talbot est officiellement hétérosexuel, marié et a deux grands enfants avec lesquels il a peu de rapports depuis qu’ils se sont envolés du foyer familiale, mais notre producteur, secrètement gay, à de plus en plus envie de sortir du placard d’autant que depuis un an, nous sommes en 1968, l’homosexualité a été dépénalisée en Angleterre. Cette date de 1968 permet à Boyd de nous donner le point de vue d’un anglais sur les fameux évènements, mais qui semblent fameux qu’en France alors que de l’autre coté de la Manche, ils ne sont guère pris au sérieux. Il y a aussi une romancière Elfrida Wing autrefois saluée comme la nouvelle Virginia Woolf mais en panne d’inspiration depuis dix ans, assèchement méningé qu’elle soigne avec force de vodka orange et de gin tonic et là je suis obligé de faire une incise ayant eu la bonne ou mauvaise idée de lire cet ouvrage au bord de la piscine d’un palace, la lecture de « Trio » a été fort préjudiciable en même temps à la santé de mon portefeuille et à celle de mon foie car elle incite à imiter l’infortunée romancière mais je dois à cette incitation perverse, la découverte d’un gin fabuleux, le gin Brokman… Le troisième personnage qui complète ce trio est Anny Viklund une jeune star du cinéma américain. La très jolie Anny est peu avare de ses charmes. Elle a été marié à un homme qui est devenu un terroriste recherché par le F.B.I. Sur le tournage du film produit par Talbot, un improbable mélo fantastique, elle se tape le jeune premier qui, s’il n’est pas malin a des arguments plus rigides que son amant en titre un philosophe français d’extrême gauche. Ces trois personnage qu’au final on trouvera assez sympathiques. Leur pusillanimité est compensée par leur candeur, leur volonté de s'assumer quoiqu'il en coûte. Il sont entourés de beaucoup d’autres qui sont bien campés par l’auteur. Certains sont très savoureux comme cet acteur shakespearien à la ramasse quémandant une panade à Talbot pour pouvoir payer ses factures ou ce Reggie, le metteur en scène qui se fait appeler Rodrigo car les cinéastes hispaniques ont le vent en poupe et qui s’envoie en l’air avec la scénariste.

Boyd force un peu le trait et ses héros ne sont pas loin de la caricature mais parviennent néanmoins à rester crédibles. Sans être un roman à clés, on reconnaitra presque Jane Seberg sous les traits d’Anne Viklund qui nous fait fréquenter quelques célébrité comme Dirck Bogarde.

 

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Brighton 60'

L’une des réussites du livre est le décalage entre le flegme de Talbot et les avanie qui lui tombe dessus. Son chef opérateur l’arnaque, son associé qui semble tout droit sorti des « Tribus du cinéma » de Paul Morand, tente de l’escroquer, les agents du jeune premier le menace physiquement et le pompon sa vedette disparait en plein tournage!

Le roman est divisé en trois parties de longueurs inégales titrées: Duplicité, Capitulation, Evasion, titres qui laissent deviner l'évolution à venir. Elles sont elles-mêmes scindées en courts chapitres. L’épigraphe de Tchekhov: « La plupart des gens mènent leur vraie vie, leur vie la plus intéressante sous le couvert du secret », annonce le thème principal du roman : la duplicité. La simulation, composante essentielle dans la réalisation d’un film, s’insinue partout, dans la sphère privée comme dans la sphère publique : tromperie, vol dissimulé, adultère furtif et fausse amitié. Boyd, lui-même scénariste et réalisateur, écrit son roman en connaissance de cause quand il évoque le milieu du cinéma et de la création littéraire, ses paillettes et ses ridicules. Cependant Boyd fait preuve d’une ironie permanente mais bienveillante à l'égard de ses personnages.

William Boyd a écrit un roman allègre dont la légèreté n’est qu’apparente.

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