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Dans les diagonales du temps
21 juin 2021

Le danseur de Manhattan d'Andrew Holleran

 

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Il m'est arrivé avec ce livre, ce qui m'arrive, malheureusement de plus en plus souvent au cinéma, surtout lorsque je vois un film français, de me demander pourquoi je suis resté aussi longtemps avec ces êtres de fiction alors que j'aurais fui à toutes jambes leurs semblables de chair et de sang.
Un narrateur dont on ne saura presque rien, procédé fort proustien nous raconte en flash back, à la toute fin des années soixante dix, la vie de Malone, garçon sérieux de la bonne bourgeoisie, avocat d'affaire, qui soudain à vingt neuf ans à la vue d'un beau jardinier, à la révélation qu'il est gay. Il abandonne tout; et va errer à Manhattan à la recherche de grand amour. Il le trouve sans tarder en la personne de Frankie, un jeune ouvrier d'origine italienne. Pour Malone dont la beauté est à tomber, ce dernier abandonne femme et enfant. Les deux hommes vivent une torride idylle dans un squat de l'east river jusqu'au jour où Frankie s'aperçoit en lisant le journal intime de Malone que son amant le trompe. Frankie administre une terrible raclée à Malone qui ne doit son salut qu'à la fuite. Il est aussitôt ramassé par Sutherland, une folle flamboyante, qui le retape. Les deux hommes ne se quitteront plus en une curieuse association. Malone devient pendant près de quinze ans le gigolo le plus demandé de New-York. Il refuse nombreuses demandes de "mariage" de richissimes soupirants...
A mes yeux "Le danseur de Manhattan" présente deux graves défauts. Le premier est que l'on ne parvient pas à entrer en empathie avec le personnage de Malone trop lisse et assez falot. On aimerait mieux passer plus de temps avec Sutherland, qui bien qu'un personnage un peu convenu "prend mieux la lumière". Mais la deuxième faiblesse du roman me parait rédhibitoire. Je ne suis pas parvenu à croire à cette histoire d'un homme de plus de quarante ans, à la fin du livre, qui fait tourner toutes les têtes et qui met à ses pieds tous les opulents pédés de New york y compris un jeune et bel héritier qui se meurt pour lui. Lorsque l'on sait combien chez les gays le plus bel animal est bien vite périmé. L'indifférence dont fait preuve Malone envers ses prétendants est aussi peu vraisemblable.

La peinture du New York gay de cette période est à des années lumières de la ville que l'on connait aujourd'hui. Mais peut être que la crise va en faire apparaitre un autre tout aussi différent que celui que l'on a pu aimer ces derniers temps.

Un livre est d'abord un style et "Le danseur de Manhattan" n'en manque pas. Il est incontestablement bien écrit. Certaines pages élégiaques notamment sur fire Island font penser à du Julien Gracq alors que le tableau des prostitués new yorkais rappelle le meilleur  John Rechy, celui de "Cité de la nuit".

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