Hadrien à Londres, au British Museum
Voici une exposition dans la lignée de "Rome et les barbare" au Palais Grassi à Venise, exposition, dont je vous ai parlé cet été. C'est d'ailleurs dans l'avion qui me ramenait en France que j'appris la prochaine ouverture au British Museum de cette manifestation autour d' Hadrien, qui était la raison première de mon escapade londonienne.
On retrouve à Londres le même souci pédagogique (mais les explications, cartouches et audio guide sont exclusivement en anglais) qu'à Venise et le même talent pour l'éclairage des sculptures. Si bien que l'on en redécouvre pourtant certaines déjà croisées au Musée du Louvres à Paris ou dans celui du Capitole à Rome mais où, moins artistiquement éclairées, elles se manifestent moins. La taille relativement modeste de l'exposition anglaise, contrairement à celle sur la lagune, permet d'en goûter chaque pièce jusqu'à la dernière sans être lassé.
L'exposition s'ouvre sur des fragments d'une statue monumentale trouvée il y a quelques mois en Turquie. Ci-dessus la tête, peut être la plus belle représentation connue de l'empereur. Comme pour toutes les autres pièces je n'ai eu aucun mal à les photographier, les gardiens étant fort discrets. La seule gène consistait en la foule qui se pressait autour des oeuvres. L'exposition fait courrir tout Londres. Elle se déroule dans l'ancienne salle de lecture du musée, grand espace circulaire, au centre du hall d'entrée, somptueusement réaménagée et dévolue depuis peu aux expositions temporaires.
L'exposition qui porte le titre explicite de " Life love legacy Hadrian empire and conflict, est divisée en cinq parties, Une nouvelle élite, Guerre et paix, architecture, Antinous et succession, qui toutes dialogues entre elles.
Sous le titre un peu trompeur de Nouvelle élite, car le règne d'Hadrien s'inscrit plus dans la continuité de ceux de Nerva et de Trajan qu'en rupture avec ceux-ci, on nous propose par quelques belles pièces bien choisies de nous brosser l'état de l'empire au moment où Hadrien accède à pouvoir. Nous est présenté sa parentèle ainsi que son entourage.
Buste d'Auguste
Une inscription à l'entrée nous rappelle qu'Hadrien est né en 76 ap. J. C. et qu'il régna de 117-138 sur un vaste territoire qui s'étendait de la Grande Bretagne à l'Afrique du nord et de l'Espagne au Moyen-Orient et qu'il transforma l'empire romain et laissa un legs durable. Disons le tout de suite un lecteur studieux des Mémoires d'Hadrien de Margueritte Yourcenar n'apprendra pas grand chose dans cette belle exposition mais il est passionnant, et même parfois émouvant, de voir en trois dimensions, par le biais d'oeuvres d'art exceptionnelles, les acteurs de cette épopée.
Un très bel échantillonnage des représentations de l'empereur nous est proposé, que ce soit des statues, qui montrent les différents attributs sous lesquels l'empereur était représenté, ceux du sénateur, du général ou du dieu, ou encore des pièces ou des camées.
En sénateur
En général
En dieu Mars
La section sur l'architecture est particulièrement intéressante. Hadrien est l'empereur architecte par excellence. Sont mis en scène les principales réalisations construites sous son magister, pour certaines il en dessina les plans, le mur d'Hadrien pour contenir les écossais, son tombeau et surtout son palais, la fameuse villa Hadrien dont les ruines sont à quelques kilomètres de Rome. On peut admirer dans l'exposition, une grande maquette de la villa, venue du musée de l'histoire romaine, dont je vous recommande chaudement la visite, situé à Rome dans le quartier mussolinien de l'UER à larchitecture également bien intéressante. Quelques éléments décoratifs de la villa ont été apporté sur les bords de la Tamise. En voici deux exemples ci-dessous.
Avec la partie consacrée à Antinous on peut mesurer le chemin qu'a fait la prude Albion en quelques années en ce qui concerne sa position sur l'homosexualité. Jamais je n'avais vu une exposition sur une civilisation antique mettent autant en évidence les rapports homosexuels, que l'on voit dans leur réalité la plus prosaique sur la coupe ci-dessous.
La seule petite déception vient des représentations d'Antinous qui nous sont proposées. En effet les deux plus belle celle du musée de Naple et celle de Delphe n'ont fait le voyage, pas plus que celle du Vatican. Mais peut être suis je bien difficile car celle d'Antinous en osiris est subtilement érotique.
Lorsque nous pénétrons dans la partie vouée à Antinous, nous somme accueilli par ce texte: << Nous savons peu de choses sur la vie de Sabine, l'épouse d'Hadrien (qui était la petite nièce de Trajan). Leur union semble avoir été arrangée pour des raisons politiques. Nous savons par contre qu'Hadrien avait un jeune favori grec,Antinous. Si pour les romains les relations homosexuelles n'avaient rien d'inhabituel, l'immensité du chagrin, d'Hadrien à la disparition prématuré d'Antinous fut néanmoins sans précédent.
De tous les empereurs romains, Hadrien fut celui qui organisa le mieux sa succession. A sa mort en 136 lui succéda Antonin qu'il avait lui-même désigné. Il l'avait aussi nommé tuteur de Marc Auréle et de Lucius Vérus qui devaient être tous les deux empereurs à la mort d'Antonin. Ce qui arriva. Malheureusement Marc Aurèle géronte, en 180, n'eut pas cette lucidité et laissa l'empire aux mains de Commode, qui ne le fut pas, son détestable fils. Mais si vous avez vu "Gladiateur" vous savez tout cela... Après un triste intermède de douze ans Les Sévères pour presque 50 ans offrirent à l'empire sa dernière embellie...
Lucius Verus à l'age où il fut adopté par Hadrien.
Marc Aurele à l'age où il fut adopté par Hadrien.
Paons décorant le tombeau de l'empereur
L'exposition se termine le 26 octobre 2008
Londres septembre 2008.