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Dans les diagonales du temps
9 octobre 2020

Coming of age au Peggy Guggenheim de Venise

Asher Brown Durand

 

 

Parfois, la seule chose que l’on peut reprocher à une exposition c’est la vantardise de son titre. C’est exactement ce qu’il se passe à la Peggy Guggenheim collection de Venise qui, jusqu’au 12 octobre, présente, en plus de sa magnifique collection permanente, qui possède avec son Pollock un des plus beaux tableau du XXème siècle, une exposition temporaire intitulée “Coming of age, American Art 1850s to 1950. C’est la deuxième partie du titre qui fait problème puisqu’il induit que le visiteur verra un panorama exhaustif de la peinture américaine entre 1850 et 1950. Il n’en est rien, et l'on pouvait s"en douter quand on connait la relative exiguité de la surface dans ce musée pour les expositions temporaires. Il demeure que tous les tableaux qui sont présentés à Venise sont de première qualité et que la visite de cet accrochage est un régal pour tout amateur de peinture. Il sera en outre riche de découvertes pour le visiteur non américain; il ne faut pas oublier que malheureusement de nombreux grands artistes américains sont absents des musées européens. La non exhaustivité de l’exposition s’explique aisément quand on sait que tous les tableaux viennent d’un même musée, dont j’ignorais l’existence, l’Addison Gallery of American Art, Philips Academy, Andover, Massachusetts.


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Thomas Eakins (1844-1916) Salutat, 1898.


Pour être fidèle au titre Il aurait fallu  que des tableaux de toutes grandes tendances de l’art américain soient présents. C’est loin d’être le cas. Par exemple alors on ne voit aucun des grands paysages majestueux des artistes de l'Hudson River School des années 1850. Ils incarnent le patriotisme optimiste de des pionniers d'avant la guerre de sécession et trouvent leur inspiration dans le désert américain. Ils représentent à la fois la majesté et la tranquillité de la nature et tentent de suggérer, un monde l'idéal,  et la main de Dieu à l'œuvre dans la nature. Ces artistes ont choisi de représenter le paysage américain comme un territoire vierge, pleine de promesses de l’Amérique vierge du milieu du XIX ème siècle, comme on peut en voir au Brooklyn museum ou au Metropolitain. A Venise on ne peut voir que de petits paysages (très beaux au demeurant) représentant cette école, probablement des études pour les grands formats.


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Albert Bierstadt.

Capture d’écran 2020-10-07 à 09

 

 

Capture d’écran 2020-10-07 à 09

John Sloan



Aucun non plus des peintres de l’ouest aux tableaux évocateurs des grands westerns, à l’exception du plus célèbre peut être, Frederic Remington (1861-1909) représenté par un magistral tableau... animalier! Datant de 1909 “Moonligth wolf”. Absent également la peinture sociale du new deale comme les artistes issus de l’illustration tel Norman Rockwell ou Wieth. Rien non plus de la première vague des abstraits ou des modernistes comme  Demuth!


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Frederic Remington (1861-1909) Moonlight Wolf 1909.


Le visiteur français ne sera pas toujours dépaysé, car de nombreux peintres américains, jusqu'à la deuxième guerre mondiale et même un peu après, paufinaient leur formation à Paris. Si bien que par exemple les paysages de Durand ou d'Inness peuvent être rattachés à l'école de Barbizon tandis que ceux de Hassam sont dignes des meilleurs impressionistes français.




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Inness

Malgrè cette frustration par rapport à ce qui était annoncé, surtout si vous êtes dans les parages de Venise, ne boudez pas
 cette remarquable sélection du génie picturale américain. Il y a notamment quelques toiles de winslow Homer (1856-1910) peut être le plus grand peintre de marines, toutes époques et tous pays confondus.


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Winslow Homer

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Winslow Homer (1836-1910), Eight Bells, 1886.

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Childe Hassam

Capture d’écran 2020-10-07 à 09

Edward Hopper


De célèbres peintres comme Edward Hopper sont représenté par certaines de leurs meilleures oeuvres. C’est le cas également de Thomas Eakins (1844-1916) dont la sensualité de ses figures masculines n’est plus à démontrer. Le Pollock de l’Addison Gallery peut presque rivaliser avec celui qui est à demeure à la Peggy Guggenheim collection.



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Pollock

En ce qui me concerne la révélation s’appelle Stuart Davis, même si j’avais déjà vu quelques une de ses toiles. Jamais je n’avais pris conscience de la force et de la joie qui émanent de son oeuvre. Cet artiste a magnifiquement intégré, à la fois la déconstruction d’un Picasso, la richesse des vives couleurs d’un Matisse qu’il mèle au souci de représenter le monde qu’il voyait comme le fait un Fernand Léger.


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Stuart Davis (1892-1964) Red Cart, 1952.

Le choix de “Sunday women Drying Their” Hair de John Sloan, outre que c’est un bien beau tableau,  offre une surprise lorsque l’on regarde la date à laquelle il a été peint: 1912, alors qu’il pourrait appartenir à la fameuse école de la peinture sociale contemporaine du New Deale, mais son exécution à précédé cette tendance de près de 20 ans!
A noter un exceptionnel Franck Stella

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Franck Stella.

En plus des heureuses découvertes qu’offre cette exposition, elle procure  l’occasion de faire une gymnastique intellectuelle de bon aloi, car on n’est pas dans le même état d’esprit devant une toile d’Homer ou de Pollock, ce qui n’empêche pas de les admirer toutes deux.

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Patrick Henry Bruce


Capture d’écran 2020-10-09 à 09



P.S. Le jour de ma visite, il y avait un charmant gardien dont en raison du faible éclairage et de ma maladresse ma photo ne donne qu’un faible aperçu de sa grâce dont il était très conscient.


Venise, octobre 2008 
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