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Dans les diagonales du temps
20 septembre 2020

HEY! MODERN ART & POP CULTURE À LA HALLE SAINT PIERRE

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Après la visite de l'exposition Marcel Storr dont je vous ai parlé récemment (Marcel Storr, bâtisseur visionnaire ) , il ne faudrait pas croire que tous les marginaux qui ont passé leur vie à remplir des feuilles de papier dessin ou a confectionner des choses étranges, difficiles à nommer entre sculpture et installation, ont du génie ou même du talent l'exposition de la revue Hey! à la Halle Saint Pierre en est une bonne démonstration. En revanche il est extrêmement rare que dans une telle manifestation, disons d'art brut ou d'art modeste (pour reprendre la dénomination du fort intéressant musée qui porte ce nom et qui est situé à Sète, on ne tombe pas sur un travail époustouflant dont on avait jamais entendu parler, l'exposition de la revue Hey ne fait pas exception à cette heureuse règle en plus elle permet pour je crois la troisième fois en France de voir des dessins de Darger (la première fois c'était il y a quelques années au forum des halles et la seconde à La Maison Rouge) et merveille des merveille donne l'ocasion de voir, ce qui n'arrive pas tous les jours même pour l'arpenteur invétéré de musées et de galeries quatre tableaux de Clovis Trouille. Il faut donc se précipiter Halle Saint Pierre avant le 4 mars.

Prévenons tout de même que de nombreuses pièces relèvent d'un art morbide et de la fascination pour la tripaille sanglante largement étalée, ne goutant pas particulièrement ces deux spécialités, elles ne sont pas présentes dans cet article. Mais les amateurs de cabinets de curiosités baroques devraient être comblés. Certaines de choses qui m'ont mis mal à l'aise ne sont pas pour autant dénué de talent, comme les toiles de Chris Mars, un exemple de ses tableaux immédiatement ci-dessous.

 

 

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L'intérêt et le défaut de cette exposition est d'être une auberge espagnole. Les oeuvres viennent des quatre coins du monde avec une représentation importante d'artistes français et américains mais il y a aussi des méxicains, taiwanais, coréens, suisses, hollandais... Les exposants sont issus de différents horizons artistiques, art brut, tatouage (Guy LE TATOOER), la photographie (Pierre MOLINIER), street art, bande-dessinée (David B.)... Chronologiquement on va du début du XX ème siècle jusqu'à hier. La variété des supports est incroyable : des outils de tatouage, des tasses, des figurines en porcelaine, des bras tatoués... Il y a aussi des supports plus traditionnels comme la toile et le papier qui accueille par exemple les beaux et énigmatiques dessins de Jean-Luc Navette. 

 

 

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Jean-Luc Navette

  

Jeff Sotto

 

On ne voit pas très bien ce que fait là Erro (voir immédiatement ci-dessus) même si je suis toujours heureux de voir de ses oeuvres, pas plus que DiRosa ou Combas qui auront du mal à passer pour des artistes marginaux. Le second est représenté par une toile très forte (c'est en dessous à la droite on voit deux toiles d'Anne Van der Linden ) presque entièrement en noir et blanc.

 

 

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L'exposition est clairement scindée en deux. Pour accéder à la partie sombre dans tous les sens du terme, c'est au rez de chaussée, il faut passer une petite porte protégée par un rideau et immédiatement le visiteur pénètre dans l'étrange. Le premier étage sous la belle verrière de cette halle de Baltard, présente des pièces plus lumineuse mais tout aussi bizarres.

 

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La revue Hey! comme l'exposition est l'oeuvre d'Anne & Julien qui travaillent en binôme. HEY! est une revue objet créée par ces deux activistes des milieux culturels. 

 

 

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Ce qui m'a fait sortir de ma tanière c'est il faut dire la possibilité de voir des oeuvres d'Henry Darger. Aurons nous la chance un jour de voir à Paris un plus grand nombre de ses dessins. Sans aucun complexe voilà ci dessous l'article de Wikipédia sur Henry Darger (un peu augmenté tout de même), je n'aurais pa pu écrire mieux que j'ai illustré de reproductions captées sur la toile:

 

Du témoignage même de Darger, il fut bien traité par son père avec lequel il vécut jusqu'en 1900. Dans les temps précédents sa mort, ce dernier était trop faible pour s'occuper de son fils qui est pris en charge par l'établissement catholique qu'il fréquentait alors. Son comportement perturbe ses camarades qui ne tardent pas à le traiter de fou. Il parle seul, de manière irrépressible et inopinée. Il est probablement affecté par le syndrome Gilles de la Tourette. Persuadé d'avoir un don lui permettant de savoir quand les adultes lui mentent, il se montre très rétif à toute forme d'autorité. Sa pratique ponctuelle mais récurrente de l'onanisme en public (self-abuse comme le diagnostiquent pudiquement les docteurs qui l'examinent) finira par le faire interner en 1905. Il séjournera plus de 7 ans à l'Institut Lincoln (Illinois), réputé pour la sévérité des traitements que les internés y reçoivent. Il tenta de s’en évader à plusieurs reprises. C'est lors d'une de ces fugues, en 1908, qu'il est témoin d'une puissante tornade qui ravage alors le Comté de Brown dans l'Illinois. Ce cataclysme laisse des traces prégnantes dans l’imaginaire de Darger comme en témoigne le motif récurrent de la tempête à l’intérieur de ses tableaux.

 






















À 16 ans, lors de sa troisième tentative d'évasion, il parvient à regagner Chicago. Il y trouve l'aide et le réconfort de sa marraine. Elle lui trouve un emploi de portier dans un hôpital catholique où il travaillera jusqu'à sa retraite, en 1963. Il commence alors à régler sa vie selon un emploi du temps immuable. Catholique dévot, il assiste à la messe jusqu'à cinq fois par jour. Il collectionne pour les amasser des détritus de toutes sortes (jouets, figurines religieuses, images de saints, chaussures, pelotes de ficelles, magazines et bandes-dessinées). Il consignait quotidiennement, dans un journal, l'état de l'atmosphère et les erreurs commises par les météorologues dans leurs prévisions. Cette vie de réclusion et de solitude est à peine infléchie par la seule amitié qu'on lui ait jamais connue et qui le lie à William Scholder. Tout deux s'investissent dans des œuvres de charité dédiées aux enfants abandonnés ou maltraités. Scholder décède en 1959.

 

 

De 1930 à 1973, Darger occupe la même chambre à Chicago, au 851 W Webster Avenue, non loin du Lincoln Center Park, dans le quartier de North Side. C'est là qu'il se consacre secrètement à l'écriture et à la peinture. Personne ne sait combien de temps lui ont demandé la composition de son œuvre. Outre les royaumes de l'irréel, il a rédigé son autobiographie (L'Histoire de ma vie, 5084 pages). Ce n’est qu’après sa mort que l’œuvre à laquelle il avait travaillé toute sa vie fut découverte. En 1973, Nathan et le Kiyoko Lerner, les propriétaires de l’appartement loué par Darger, mettent au jour les réalisations de l’artiste. Lerner est un photographe accompli et reconnu, ayant notamment travaillé pour le New York Times. Il perçoit immédiatement l'intérêt du travail de son locataire et se charge de créer une fondation destinée à mettre ce fonds en valeur. Il aidera beaucoup à la réalisation du documentaire de Jessica Yu sur la vie et l'œuvre de Darger.

 

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Henry Darger est inhumé au cimetière All Saints de Des Plaines (Illinois), dans le carré réservé aux personnes âgées des petites sœurs des pauvres. Sur sa pierre tombale, il est décrit qu'il fut un artiste et un « protecteur des enfants ».

 

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Son œuvre raconte les aventures des filles de Robert Viviam, les sept princesses du royaume Abbieannia. Celles-ci sont en proie aux attaques répétées et violentes du diabolique John Manley. À la tête du domaine de Glandelia, il menace de réduire en esclavage tous les enfants d'Abbienne. Les sept sœurs sont à la tête d'une rébellion acharnée, aidées par leurs légions de fillettes prêtes à en découdre. Parmi ces vaillantes nymphettes, le lecteur retrouve de géantes créatures aux ailes de papillons, les blengins. Leur corps couverts d'écailles se terminent en queues pointues. Le reste du bataillon se compose de jeunes filles prépubères, souvent nues et pourvues d'organes génitaux masculins. Nombre d'entre elles sont sacrifiées à la barbarie des hommes en uniformes de Manley. Elles sont souvent éviscérées, étranglées ou pendues. Toutes ces aventures se déroulent sur une vaste planète autour de laquelle gravite la terre, à la façon d'une lune. Elle est peuplée de chrétiens, la plupart catholiques.

 

 

Son écriture est directe. Les descriptions les plus crues peuvent aller jusqu'à laisser entendre au lecteur les rires forcées des fillettes se transformer en cris de souffrance. Son style comporte également de nombreux emprunts fleuris à la littérature victorienne.

Ses capacités de dessinateur étant limitées, Darger s'inspire des comics américains (Miss Muffet, Donald Duck ou little Annie Rooney) et les copie. Il les découpe, les fait agrandir et démultiplier au rayon photographie du bazar local. Une fois muni d'une infinité de formats, il les décalque pour former des compositions souvent très complexes, pourvues de nombreux plans. Il montre ensuite l'étendue de son talent de coloriste. Il manie les contrastes, sachant rehausser des palettes de tons fades, à certains endroits, par des couleurs éclatantes, des rouges sang ou des jaunes vifs.Au début uniquement considérée par le prisme de l'Art brut, l'œuvre de Darger quitte progressivement son statut marginal. « Sa complexité thématique, sa sophistication technique et son amplitude narrative ont été mieux comprises. Elle occupe désormais une place singulière parmi les œuvres visionnaires les plus novatrices et les plus profondément personnelles du XXe siècle. ».

 

Ive been thinking a lot recently about Henry Darger and his Vivian Girls. Sometime in the late 90s Leo and I wandered into the Musee d’Art Brut in Lausanne, Switzerland and had our mind’s blown. Now there are books, and a documentary - a rock band and numerous tattooed limbs that are a testament to the power of his work. Im sure I wont say anything refreshingly unique, so consider this an awed acknowledgment of a life’s work that existed only for its creator. Darger grew up in institutions, was a janitor, lived alone in a single room, had one friend. His 10,000 page story The Story of the Vivian Girls, in What is known as the Realms of the Unreal, of the Glandeco-Angelinnian War Storm, Caused by the Child Slave Rebellion and its astounding illustrations were found after he died. The illustrations of the girls are hypnotically beautiful, vividly colorful and naive, his characters were traced from comic books. Darger never saw a naked woman, so his naked little girls have the parts belonging to naked little boys. There is something about little girls with penises, in a single piece that took a lifetime to create with no outside acknowledgement, that both breaks my heart and makes me deeply jealous as a creator. You can learn more down there at the link.

 

L’œuvre de Henry Darger est répartie entre différents musées, majoritairement nord-américains, notamment l'American Folk Art Museum et le MoMA de New York, l'Art Institute de Chicago, ainsi que le LaM de Villeneuve d'Ascq et la Collection de l'art brut de Lausanne. Elle a fait l'objet d’une exposition monographique à la fondation de Galbert, la Maison rouge, àParis durant l’été 2006. Un très beau livre a été consacré à l'oeuvre de l'artiste (reproduction de la couverture ci-dessous).

 

 

 

 

 


Ci-dessous, j'ai photographié (c'est bien sûr interdit) les dessins d'Henry Darger qui sont exposés à la Halle Saint-Pierre et qui donnent une bonne idée de son travail même si on est un peu frustré d'en voir si peu. Autre regret de voir qu'un des dessins des machines de guerre d'Alphonse-Eugène Courson dont à mon avis la vie ferait un film sensationnel. 

 

 

 

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Quelques installations assurent l'ambiance... En particulier celles qui se rapportent au tatouage qui tient une grande place dans l'exposition mais malheureusement les oeuvres qui s'y rapportent sont assez difficile à photographier. Dans une pièce à part sont exposées les belles images de tatoués de Titine K-Leu que l'on peut voir sur ma photographie suivante. L'une à l'honneur d'avoir été choisi pour être l'affiche de l'exposition, au début du billet. 

 

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kris kuksi Hey ! Délicates cruautés à la Halle Saint Pierre

 

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Les curieuses sculptures de Kris Kuksi semblent des illustrations du kitsh Napoléon III, elles viennent pourtant d'Amérique.

Après le bonheur de voir le travail d'Henry Darger, j'ai connu une deuxième extase face à de superbes tableaux de Clovis Trouille.

 

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J'ai quitté la caverne de l'exposition pour retrouver le soleil sous la verrière et en ce qui me concerne c'est à l'étage qu'on eut lieu les découvertes. En arrivant en haut de l'escalier le visiteur est cueilli par de grandes toiles très inquiétantes et linchiennes d'un certain Lin Shih-Yung un taiwanais sur lequel j'aimerais en savoir et en voir un peu plus... 

 

 

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Une autre surprise prend la forme d'un petit labyrinthe composé de planches elles mêmes faites de feuilles juxtaposées. Sur ces pages sont calligraphiées un sabir totalement incompréhensible, mélange d'anglais, de français et d'allemand qui serait une sorte de journal de l'artiste, Horst Haack, un allemand né en 1940 qui a entrepris ce travail depuis 1981. Il en serait à 6000 pages. Tout l'intérêt de cette oeuvre réside dans les magnifiques dessins qui ornent cette logorrhée de graphomane qui ne sont pas sans rappeler ceux de Roland Topor qui aurait eu toute sa place à la Halle Saint-Pierre de même que Gourmelin et Métropotamie. 

 

 

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S'il me parait difficile pour un visiteur d'aimer toutes les oeuvres qu'il rencontrera dans cette exposition qui a l'avantage de demander la même ouverture d'esprit qu'en ont les organisateurs.

 

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Paris, janvier 2012

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