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Dans les diagonales du temps
17 septembre 2020

FLORENCE, VU DU BELVÉDÈRE ET LA BASILIQUE DE SAN MINIATO AL MONTE

 

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      Florence vue du Belvédère, juillet 2010 

 

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Florence vue du Belvédère, juillet 2010

 

Les beautés de Florence se présentent, pour qui ne passe dans la ville qu'un jour ou deux, comme les plaisirs dans une salle d'orgie heureuse : il n'y a qu'à tendre la main ; mais de quel côté, puisqu'on ne pourra goûter à tout ? Nous nous sommes tout de même arrangés, entre hier et aujourd'hui, pour voir et pour revoir La Déposition et L'Annonciation de Pontormo à Santa Félicita, les quatre ou cinq salles de la galerie Palatine ouvertes en façade, à Pitti, les jardins Boboli jusqu'à l'Isolotto, le Belvédère sous des bâches et, de là-haut, tout Florence sous la brume ; et encore : les statues de la loge des Lansquenets, tout Santa Croce, le salon d'honneur du palais Borghèse, via Ghibellina, la Badia et son beau Lippi, l'exposition des œuvres de Limérat borgo degli Albizzi – c'était le prétexte à notre petit voyage –, la moitié des Offices ce matin, la villa des Médicis à Poggio a Caiano, La Visitation de Pontormo dans l'église de Carmignano et même L'Annonciation de Lorenzo Monaco et la chapelle Sassetti de Ghirlandaïo à Santa Trinità. C'est dire que rentrés ici depuis une demi-heure nous sommes un peu fatigués mais contents.

 

Renaud Camus, Le journal romain ( 1 décembre 1985 )

 

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Au sommet du Belvédère se trouve la Basilique de San Miniato al Monte. La plus ancienne trace d'une église sur le site date de 783 mais l'édifice que nous découvrons après l'ascension de cette rude colline, accompagnée du chant des cigales, date des XI ème et XIII ème siècle. Au sommet de la superbe façade  recouverte de marbre blanc et vert, typique du style roman toscan, est juché un aigle de bronze, emblème de la corporation des lainiers qui eut en charge l'église durant des siècles. 

 

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Pour parvenir à la basilique on traverse un petit cimetière d'où les tombes ont une vue imprenable.

 

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Je ne peut que faire mienne cette réflexion de Renaud Camus:

 

Longtemps j'ai fait de Florence un mauvais usage. Je parcourais ses rues sombres, m'attristais de ses cours étroites, déplorais son architecture austère, rugueuse à l'âme. Or elle est au contraire la lumière, l'air, l'espace. Il en va d'elle comme de beaucoup de gens, il suffit pour l'aimer d'en sortir un peu. Ce sont les collines qui rendent Florence précieuse entre toutes les villes: qu'elle soit ce qu'elle est, certes, mais qu'on puisse après trois pas y rêver par dessus les toits, quand elle s'offre au regard dans la paume de la main, depuis les terrasses, les collines, les chemins de la haute ville... (Il faut) dépasser Pitti et monter vers le ciel du coté de San Miniato...

 

Renaud Camus Vigiles, journal 1987, éditions P.O.L, page 29

 

Derrière l'église se trouve un autre cimetière beaucoup plus vaste plus ombragé mais moins céleste. Comme dans toutes les nécropoles italiennes s'y déroule une foire aux vanités post mortem à grand renfort de chapelles ouvragées et de sculptures souvent d'un gout douteux, mais parfois devant un de ces monuments prétentieux le sourire sardonique se fige et l'émotion l'efface comme face à cette statue d'un couple fauché dans la fleur de l'âge, probablement par la guerre.

 

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L'originalité de l'architecture intérieure de la basilique s'impose d'emblée avec son choeur surélevé qui en dessous forme une crypte dans laquelle se trouve les reliques de saint Minias auquel la basilique est dédiée. Ce Minias a une histoire peu banale même pour un saint. Il a été victime des persécutions ordonnées en 250 par l'empereur Decius. Minias était vraisemblablement un toscan d'origine modeste même si la croyance populaire en fit un roi venu d'Arménie. Donc ce Minias fut décapité mais contrairement à ses coreligionnaire qui demeurèrent sage après la décollation, lui traversa l'Arno tenant sa tête dans ses mains pour venir mourir sur la colline, alors appelée Mons Florentinus, où il avait vécu en ermite.   Mais c'est plutôt que les reliques du saint c'est la charmante statue d'Abel en pâtre qui a retenu mon attention.

 

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Juste à droite du choeur, avant de gravir un des deux escaliers qui y mènent, j'ai été ému par les esquisses d'une fresque jamais achevée, datant de six siècles!

 

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Comme souvent en Italie, la sacristie de la basilique, contient des merveilles, ici des fresques peintes en 1387 par Spinello Aretino, dans un style qui évoque Giotto. Elles  représentent la légende de saint Benoît.

 

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Toujours en parcourant les quelques tomes du journal de Renaud Camus à mon retour d'Italie, il faut que je complète ma collection et pour cela je vais aller sans tarder musarder du coté des "Mots à la bouche", je tombe sur cette remarque intéressante (mais que je ne suis pas sûr de partager) sur l'iconographie comparée entre la France et l'Italie à la renaissance:

 

Pour la fabrication d'images, de pures images, Paris en 1400, n'est pas en retard sur Florence, sur Sienne ou sur Padoue, bien au contraire. Ce qui interviendra avec les premiers balbutiements de la Renaissance en Italie, ce sera surtout un changement d'échelle. Les personnages et leurs gestes, leurs expressions mêmes, les compositions d'ensemble, changent beaucoup moins qu'on aurait pu le penser.

 

Renaud Camus, Corée l'absente, journal 2004, page 277, édition Fayard 

 

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      Florence, juillet 2010

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