Le cuivre en plaque a été, jusque vers 1820, le seul métal sur lequel on gravait en creux, pour obtenir des gravures ou eaux-fortes. Les plaques d'acier ont d'abord été utilisées dans les années 1820 pour imprimer de grandes séries de billets de banque. Car la qualité de la gravure restait identiques pendant toute la série; finement gravée cela rendait difficile la falsification. L' acier métal plus dur que le cuivre était plus difficile de travailler, mais il permettait de faire des détails très précis. Rapidement les plaques d'acier sont devenues populaires pour graver toutes sortes de sujets, notamment les vues topographiques, qui pouvaient être imprimées en grand nombre pour les touristes. Dès les années 1850 il a été possible pour les artistes de travailler sur des plaques de cuivre sur lesquelles par électrolyse on déposait une couche mince de fer à la surface du cuivre. On prolongeait ainsi la la vie de la plaque. Les plaques d'acier sont demeurée pour l'impression des billets et des timbres-poste. Le cuivre fut réservé pour les beaux-arts.
Ce préambule me paraissait indispensable pour présenter un artiste qui a dérogé à cette règle car un graveur important du XXe siècle, Albert Decaris (1901-1988), a toute sa vie gravé sur acier. Decaris semble avoir choisi l'acier pour la clarté de la ligne qui peut être atteint, et pour l'effet scintillant que ces lignes de produire quand elles sont gravées en parallèle. Albert Decaris a gravé plus de 500 timbres-poste pour la Françe et les services postaux coloniaux. Il a aussi illustré également un grand nombre de livres. Il a en outre réalisé des fresques monumentales à Megève, Paris et Vesoul.
Decaris Albert, Île de la Cité
Gravure, 1950
Albert Decaris, Feux d'artifice sur la rive droite
Gravure, 1950
Albert Decaris, Feux d'artifice sur la Rive Gauche
Gravure, 1950
Decaris Albert, Montmartre et le Sacré Coeur
Gravure, 1950
Albert Decaris, rue Drevet à Montmartre
Gravure, 1950
Decaris Albert, rue Broca
Gravure, 1950
L'atelier de Decaris était sur la rive gauche de la Seine, avec vue sur le fleuve et le Louvre. Le graveur sur bois Mark Severin lui rendit visite en 1950, et a écrit dans son essai "Decaris, graveur" , "la première impression d'une visite à l'atelier de Decaris est une constellations de petits éclats de métal blanc, scintillant comme des étoiles sur le sol sombre, puis la vue que l'on a par la fenêtre sur la Seine et le Louvre. "
Albert Decaris, Notre-Dame et la Rive Gauche
Gravure, 1950
Albert Decaris, La rive droite et le Louvre
Gravure, 1950
Ces magnifiques vues de Paris ont été faites pour le livre sur Paris d'André Suarès. Il a été publié en 1950 dans une édition de 250 exemplaires, tous imprimés sur du papier Montval. En outre, il y avait 50 suites séparées des gravures, imprimées sur du papier Auvergne, et 25 albums de gravures.Les gravures ont été imprimées par Georges Visat.
Albert Decaris, Florence
Gravure, 1930
Decaris Albert, Pise
Gravure, 1930
Decaris Albert, rue de Sienne
Gravure, 1930
Paris n'est pas la seule ville à jouer un rôle important dans la vie d'Albert Decaris. En 1919 à l'âge de seulement 18 ans, il remporte le prestigieux Grand Prix de Rome de gravure, qui autorisait alors les lauréats à résider pour une longue période à la Villa Médicis à Rome pour poursuivre leurs études. Decaris demeure quelques temps à Rome, mais son séjour est d'abord interrompue par une maladie, puis par le service militaire. Cet épisode a été d'une importance cruciale pour la suite de sa carrière. Les sujets italiens semblent s'être imposé immédiatement à lui. Il illustre le livre de Voyage Du Sang, de la Volupté, et de la Mort de Maurice Barrès, qui est se déroule en grande partie en Italie et en Espagne, un choix parfait pour Decaris. Cet ouvrage a été publié en 1930 dans une édition de 316 exemplaires, dont 85 suites séparées des gravures imprimées sur BFK Rives par Edmond Rigal.
Decaris Albert, les femmes de Séville
Gravure, 1930
Decaris Albert, Corrida
Gravure, 1930
Albert Decaris, fiesta espagnole
Gravure, 1930
Presque quarante ans sépare les gravures ci-dessus et celles ci dessous qui proviennent d'une édition monumentale et illustrée des Vies des hommes illustres de Plutarque. qui a été imprimée par Serge Beaune sur papier vélin du Marais en un tirage important de de 3600 exemplaires (dont 100 étaient sur papier Antique Bellegarde, avec une suite double de 8 "refusées planches").
Decaris Albert, Thésée et le Minotaure
Gravure, 1967
Albert Decaris, Cléopâtre
Gravure, 1967
Albert Decaris, Caractacus dans les chaînes
Gravure, 1967
Albert Decaris, Les ruines d'Athènes
Gravure, 1967
Albert Decaris est né à Sotteville-les-Rouen en Seine-Maritime, et mort à Paris. Bien qu'il était très respecté en tant qu'artiste et qu'ils reçu des marques de reconnaissance de ses pairs, il est élu à l'Institut en 1943, est nommé "peintre de la Marine" en 1973... Il a réalisé plus de 500 timbres de 1935 à 1985. Son premier dessin pour un timbre représente le cloître de Saint-Trophisme à Arles, à la demande du ministre des Postes, Jean Mistler. sa décision de se concentrer sur des travaux de commande tels que des illustrations de livres et la création de timbres-poste fit que son talent n'a pas reçu l'attention qu'il méritait...