JOHN MINTON
minton peint par Freud
John Minton par Michael Ayrton
autoportrait
John Minton, né en 1917 près de Cambridge, est un peintre qui a abordé aussi bien le portraits que le paysages avec une prédilection à ses débuts pour les sites urbains et industriel. Il a pratiqué l'huile et l'aquarelles. Mais il fut aussi un illustrateur, un graphiste et un concepteur de décors de théâtre. Il est par ailleurs membre de la célèbre famille des Céramistes et porcelainiers Minton et aussi un talentueux musicien de jazz!
Il a fait ses études à St John's Wood School of Art entre 1935-38 lorsqu’elle était dirigé par P.F. Millard et Kenneth Martin. Entre 1938-39, il s'est rendu à la France, où il a partagé un atelier à Paris avec le peintre et écrivain Michael Ayrton (en.wikipedia.org/wiki/Michael_Ayrton). Lors du déclenchement de la guerre, Minton se déclare objecteur de conscience. Mais rapidement, il change d’avis ûet rejoint le Corps des Pioneer. Il est démobilisé en 1943 et se consacre à partir de cette date qu’à son art.
Minton au début axe son travail sur le paysage urbain. Pour ses repérages il découvre, au cours de ses escapades nocturnes autour de Londres, une activité homosexuelle vécu dans la clandestinité.
On peut remarquer la démarche trés anglaise de cette attirance de la bourgeoisie (le père de Minton est avocat) pour la classe ouvrière qu’il serait réducteur de circonscrire à la seule problématique sexuelle. Ce mouvement est perpétué aujourd’hui par les grands cinéastes britanniques.
En collaboration avec Ayrton il a conçu les décors et les costumes en 1941 pour le Macbeth de John Gielgud. De 1943 à 1946 Minton partagé un atelier avec les “deux Roberts”, Colquhoun (en.wikipedia.org/wiki/Robert_Colquhoun) et MacBryde (en.wikipedia.org/wiki/Robert_MacBryde), au 77 Bedford Gardens. Dans le même bâtiment, habitaient alors le peintre Jankel Adler (fr.wikipedia.org/wiki/Jankel_Adler) et le génial écrivain John Wyndham (fr.wikipedia.org/wiki/John_Wyndham) auteur entre autres de “La guerre des Triffides”. John Minton entre 1946 et 1952, partage une maison avec Keith Vaughan (www.waterman.co.uk/pages/thumbnails/54.html). Il connaît un succès rapide et devient une “figure” de Soho. Au début des années 50, il était devenu en angleterre le plus admiré et influent illustrateur de son temps.
A cette époque, entre 1950 et 1952, Minton vit ouvertement avec son amant Ricky Stride, un ex-marin bodybuildé. Leur relation est instable et s'est terminée à la suite de bagarres presque journalières.
De 1943 à 1946 Minton a enseigné à Camberwell School of Art; puis de 1946 à 1948 à l'Ecole centrale et de 1948 à 1956 au Royal College of Art.
Le peintre a fait un certain nombre de voyages outre-mer de la fin des années 1940 et au début des années 1950. Il se rend en Corse, aux Antilles à la Jamaïque, puis au Maroc et en Espagne. Ces voyages ont une forte incidence sur son travail. Ces voyages font qu’il diversifie ses sujet et que sa palette s’éclaircit.
Il a été une figure centrale, avec Vaughan et John Craxton en.wikipedia.org/wiki/John_Craxton, du mouvement néoromantisque anglais des années 1940. Remarquable dessinateur, il a réalisé un prodigieux nombre de dessins, d’illustrations et de peintures. Il a fait de nombreuses expositions personnelles. Il participe aussi régulièrement à des expositions de groupes à la RA, RBA et LG. Il a également exposé à New York à partir de 1948. Son œuvre est représenté dans de nombreuses collections publiques, dont celle de la Tate Gallery.
figure dans les ruines
L’homosexualité de Minton a eu une grande influence sur son travail. L'un de ses principaux thèmes était la figure des jeunes hommes. Comme beaucoup de gays issus de la classe moyenne de sa génération, Mint·on a été a la recherche d’ un mâle idéal. Cette quête se manifeste dans le choix de ses sujets. Il représente une classe ouvrière idéalisée et peint des archétypes de la masculinité triomphante tels que les horses guards ou les matadors.
Le 12 janvier 1950, Le Listener publie une lettre de Minton qu’il a écrit en réponse à une critique d'une nouvelle biographie d'Oscar Wilde par Herbert Read (en.wikipedia.org/wiki/Herbert_Read) dans laquelle le Dr Marie Stopes parle de la sexualité de Wilde et dénigre ses relations avec Lord Alfred Douglas. Outré, Minton souligne l'énorme contribution apportée à la société par des homosexuels et rappelle que la loi qui a fait emprisonné Oscar Wilde est encore en activité. Dans sa lettre il plaide pour une “une attitude plus saine à l'égard des homosexuels dans la société".
Malgré sa production pléthorique et que son apparence soit celui d’un homme énergique et d’un personnage charismatique, il souffre de dépression et de mélancolie. Vers la fËin de sa vie, Minton a commencé à exprimer une obsession de la mort. Il est particulièrement ému par la mort James Dean. Son dernier tableau , qui est resté inachevé, est inspiré par un accident de voiture qu'il avait vu en Espagne, mais aussi, dit-il à son ami Ruskin Spear (www.artnet.com/artist/15905/ruskin-spear.html), par celui qui a tué James Dean. Il intitule son tableau Composition: La mort de James Dean, en septembre...
La popularité croissante de la peinture abstraite au détriment du travail figuratif exacerbe ses problèmes personnels. Il devient de plus en plus dépendants de l'alcool. Il met fin à ses jours en janvier 1957 par une overdose de médicaments.
La peinture de Minton est très datée 1950 et on peut y voir des convergences aussi bien avec celle de Bernard Buffet, première manière, qu’avec celle de son compatriote Graham Sutherland (en.wikipedia.org/wiki/Graham_Sutherland) surtout en ce qui concerne la composition, très sûr, de ses tableaux. En écrivant “daté”, je m’aperçois ce qu’aujourd’hui cette remarque a de ridiculement péjoratif, alors que les oeuvres de Rubens, de Rembrandt ou de Poussin, par exemple, sont tout aussi daté (et heureusement) mais presque toujours le spectateur d’aujourd’hui est incapable de discerner les événements et l’air du temps contemporain au tableaux qui marquent ces peintures, alors que pour le vingtième siècle il est encore en mesure (mais pour combien de temps?) de lire les influences et les péripéties qui sont en filigrane de la peinture moderne et contemporaine. On voit bien que l’on peut s’attendre dans les décennies à venir à des reclassements drastiques dans la hiérarchie artistique du XX ème siècle. Il faut seulement espérer que celles-ci ne se feront pas sur l’ignorance de l’histoire et en particulier sur l’histoire de l’art.
rue et pont de chemin de fer
Minton est malheureusement peut-être aujourd'hui plus connu par le portrait de lui peint en 1952 par Lucian Freud que pour sa propre peinture.
France Spalding lui a consacré un ouvrage.