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Dans les diagonales du temps
12 mars 2020

Un fil à la patte à la Comédie Française

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En allant voir « Un fil à la patte » de Feydeau à la Comédie Française, Mardi soir dernier j'avais rendez-vous avec de grands souvenirs anciens de théâtre. Dans ma jeunesse lointaine, ce devait être à la fin des années 60, j'ai eu la chance d'assister à la représentation mythique de cette pièce, qui comme toutes les pièces de Feydeau, mais celle-ci encore plus que les autres, reposent d'abord sur la performance des acteurs et en particulier sur celle de l'interprète du rôle de l'ineffable Bouzin, à l'époque c'était Robert Hirsch dont la prestation presque cinquante ans plus tard était encore gravé dans ma mémoire. Il faut dire qu'il était bien épaulé par Jacques Charron (qui mettait en scène et jouait Fontanet, l'homme à l'haleine fétide) Michel Duchaussoy, Denise Gense, Jean Paul Roussillon et quelques autres pointures. J'étais donc un peu inquiet, craignant que cette nouvelle mouture abime mon souvenir. J'avais tort cette nouvelle version est presque à la hauteur de son ainée. Christian Hecq est un Bouzin qui restera autant dans les mémoires que celui de Hirsch, c'est un auguste qui danse, pas glissants, cabrioles sur sofa, affalements soudains, chutes dans l'escalier... Dès sa deuxième entrée avant qu'il eut fait quoi que ce soit, la salle rit.

Pour les oublieux je vais tenter de donner l'argument de ce qui est, je pense, la meilleure pièce de Feydeau: Bois d'enghien a passé la nuit chez sa maitresse, Lucette Gautier, chanteuse de café-concert de son état, en fait il veut rompre car il va se marier avec un beau parti, la fille de la baronne, mais ne parvient pas à couper ce fil à la patte qu'est Lucette. Sa futur belle mère engage Lucette pour chanter le jour de la signature du contrat de mariage. Lucette est courtisée par un riche général sud américain très jalous et sollicitée par Bouzin qui désire qu'elle chante une de ses chansons salaces, le dit bouzin est aussi le clerc de notaire qui va apporter le fameux contrat chez la baronne où tout ce petit monde et quelques autres personnages pittoresques vont se retrouver...

Il faut des acteurs d'un grand abattage pour faire tourner la mécanique de Feydeau qui, à la fois demande un cabotinage éhonté dans le jeu et une grande précision dans la mise en scène. Dans ce dernier domaine Jérôme Deschamps a fait preuve d'une grande et juste modestie en suivant à la lettre les didascalies de Feydeau et cela fonctionne très bien, même si l'on sent un léger flottement vers le milieu de la pièce. Mais comme je l'ai déjà écrit, presque tout repose sur la performance des acteurs. Hecq est donc un parfait Bouzin moins inquiétant que celui que composait Hirsh, qui comme l'observait Angelo Rinaldi << C'est dans la bouffonnerie qu'Hirsch fait le mieux sentir un sens du tragique >>. Le Bouzin de Christian Hecq est plus lunaire, encore plus pitoyable. Il parvient a être inoubliable et à renouveler le rôle, ce que je pensais impossible après Robert Hirsh. Tous les camarades de Christian Hecq sont bons même si certains n'ont pas tout à fait l'abattage de leurs prédécesseurs, en particulier Stephane Varupenne qui manque de charisme et de charme en Bois d'enghien et ne parvient pas à me faire oublier Jean Piat ,que j'ai vu dans le rôle, il y déployait une séduction à la fois un peu canaille et bon enfant. Thierry Hancisse en général Irrigua (« hier » c'était Georges Descrière qui vient de disparaître qui endossait l'uniforme) ne ménage pas sa peine même si son accent nous fait perdre quelques répliques. Serge Bagdassian tout en rondeurs pestilentielles éclipse presque Jacques Charon. Les femmes, qui n'ont pas grand chose à faire, Feydeau était mysogine jusque dans l'écriture, le font très bien.

Le décors restent dans le classique. Il y en a trois Je les trouve un peu pauvre pour les deux premiers.

Une joyeuse soirée qui restera dans les annales des spectateurs. 

  

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