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Dans les diagonales du temps
2 mars 2020

Love is strange, un film d'Ira Sachs

Love is strange, un film d'Ira Sachs

On découvre Ben (John Lithgow), 71 ans et George (Alfred Molina), une dizaine d'années de moins, le jour de leur mariage. Ils ont du attendre 40 ans de vie commune pour que l'état de New-York autorise deux hommes à se marier. Après la cérémonie les deux jeunes mariés réunissent famille et amis pour une petite fête dans leur chaleureux appartement de Manhattan. Mais le bonheur sans nuage est de courte durée. George, professeur de musique dans un lycée catholique chic, est licencié. Sa hiérarchie s'offusquant de son mariage alors qu'elle savait depuis plus de dix ans qu'il était dans l'établissement qu'il vivait avec un autre homme. Cette brusque perte de revenu contraint le couple à vendre leur appartement tant aimé. Ils doivent déménager car il ne peuvent plus payer le prêt pour leur nid. En attendant d'en trouver un autre plus dans leurs moyens, ce qui n'est pas facile à Manhattan, ils sont hébergés séparément chez des proches. 

 

Love is strange, un film d'Ira Sachs

George trouve refuge chez leur anciens voisins du dessous, deux flics gays et latinosRoberto et Ted, fans de « Game of Thrones » et qui aiment la fête et les nuits courtes; ce qui n'est pas vraiment le rythme du professeur de musique.

Ben quant à lui est contraint de vivre chez son neveu Elliot (Darren Burrows) qu'il a en parti élevé. Elliott est devenu un cinéaste très occupé. Il est marié à Kate (Marisa Tomei), une romancière à succès. Joey (Charlie Tahan), leur fils de 15 ans apprécie peu de partager sa chambre avec son grand oncle. Si Georges se trouve gêné par les habitudes de ses hôtes, la famille de Ben qui le reçoit semble être mal à l’aise de sa présence. 

 

Love is strange, un film d'Ira Sachs

Ce que j'aime beaucoup dans ce film, et ce qui est rare dans le cinéma, le français en particulier, c'est que les personnages ont des problèmes d'argent, de santé, relationnels, de travail et que tout cela est concomitant; qu'ils ont une poisse noire ou de la chance, que le malheur ou la veine arrive sans crier gare, qu'ils voudraient être plus jeune, plus vieux, être ailleurs tout en aimant être là, qu'ils s'aperçoivent du bonheur quand celui-ci est parti. Tout cela est montré avec beaucoup de tact et de légèreté.

Ils sont plutôt tous sympathiques les protagonistes de cette histoire. Oh ce ne sont pas des saints, sauf peut être George qui lui à coup sûr méritera bien sa place au paradis auquel il croit. Les autres, et bien ils se débattent avec les soucis ordinaires ou extraordinaires de la vie. Ils font ce qu'ils peuvent. Ils sont généreux mais aussi un peu égoïstes et surtout égocentriques. L'autre, l'amour, c'est étrange. C'est compliqué. Aucun amour n'est simple, celui entre des parents et leur fils, entre deux garçons qui découvrent leur sexualité, entre un mari et sa femme, entre deux hommes... Mais comment vivre sans amour?

 

Love is strange, un film d'Ira Sachs

Le film laisse beaucoup de place à l'imagination des spectateurs. On saura somme toute assez peu de choses de bien de ces personnages dont on a partagé la vie durant un peu plus d'une heure trente. Ben est à la retraite mais que faisait-il? On se doute que la vente de sa peinture n'était pas suffisante pour faire bouillir la marmite. Il était peut être prof de dessin? Alors il aurait connu Bob dans l'école où tous deux travaillaient?.. On n'aura pas de détails sur le film qu'est en train de tourner Elliot? Pas plus sur ce que raconte le roman que Kate est en train d'écrire? On ne saura pas vraiment ce qu'il y a entre Joey et son ami Vlad (Eric Tabach). Les deux adolescents sont très mignons tous les deux, chacun dans des genres différents; On n'aura pas l'explication pourquoi Joey et Vlad ont volé des livres français... Ces ellipses ne font que renforcer l'empathie que le spectateur éprouve pour les protagonistes car longtemps après le mot fin, il s'interrogera encore sur ben, George, Vlad ou Joey...

 

Love is strange, un film d'Ira Sachs
Love is strange, un film d'Ira Sachs
Love is strange, un film d'Ira Sachs

De même que l'on n'apercevra que fugitivement les tableaux qu'a peint Ben, qui ne semble pas mal du tout d'ailleurs; quand à Manhattan cher à Ben et à George on le verra assez peu également, la plupart des scènes étant des scènes d'intérieur. On ne sait pas où sont situés les deux appartements où on trouvé respectivement refuge Ben et George sinon qu'ils sont éloignés l'un de l'autre. Je dirais que l'ancien appartement du couple est situé à Soho alors que le logis d'Elliot pourrait se situer vers le Cloister.

Une des grandes forces du film est de faire passer avec légèreté dans cette histoire très intimes des sujets graves et universels comme la transmission des valeurs, ce qui définit une famille quand on n’a pas d’enfants mais des partenaires et des amis que l’on côtoie depuis plusieurs décennies, la tolérance... A ce propos, il est amusant de voir que même chez un couple d'intellectuels libéraux new-yorkais, le fait que leur fils puisse être gay ne les transporte pas de joie...

 

Love is strange, un film d'Ira Sachs

La photographie est très belles dommage toutefois que le montage fasse durer les plans un peu trop longtemps.

Le cinéaste, Ira Sachs n'est pas un inconnu pour qui s'intéresse au cinéma gay. Il est est né à Memphis dans le Tennessee en 1965, il étudie la littérature à Yale (ce qui l'a sans doute aidé pour co-écrire, avec Mauricio Zacharias, le scénario de ce film), passe trois mois à Paris puis s’installe à New York où il devient lecteur de scripts pour Martin Scorsese. lors de la sortie française de « Forty Shades » of Blue, le long métrage qui lui avait valu quelques mois auparavant le grand prix du jury à Sundance il déclarait: «Je suis né gay dans une ville de l’Amérique profonde. La question qui me hante, c’est : quel chemin doit-on prendre pour se découvrir soi-même ?» En 2012, dans « Keep the Lights » On, le cinéaste décrivait sur dix ans la relation entre un documentariste danois et un avocat drogué. Il s’agissait alors de donner sa version comme en contrechamp au récit autobiographique de son ex-compagnon, un agent littéraire new-yorkais toxico, Bill Clegg, dans le livre « Portrait d’un fumeur de crack en jeune homme »...

 

Love is strange, un film d'Ira Sachs

Dans Love is strange les comédiens sont tous épatants. Cette qualité du casting et des dialogues rendent leur quotidien incroyablement plus vivant que dans bien des films romantiques, comédies ou non. Le couple que forme Ben et George crève l'écran dès la scène d'ouverture. Longtemps après que la lumière se soit rallumée dans la salle, on pensera à eux, à leur belle histoire. Un des film gay les plus émouvant et optimiste en fin de compte depuis... très longtemps. 

 

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Bande-annonce : Love is Strange - VO

 
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