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Dans les diagonales du temps
28 février 2020

No night is too long de un film de Tom Shankand

Publié le 13 février 2016 par lesdiagonalesdutemps

Pas de Nuit est trop long, 4

 

  
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Fiche technique :


Avec Lee Williams, Marc Warren, Mikela J Mikael, Salvatore Antonio, Beverley Breuer, Rob Bruner, Liam Mc Guigan et Philip Granger.

 

 Réalisateur : Tom Shankland. Scénario : Kevin Elyot et Ruth Rendell, d’après le roman de Ruth Rendell signé de son pseudonyme Barbara Vine. Images : Paul Sarossy. Montage : Allan Lee. Musique : Christopher Dedrick. Direction artistique : Peter Andriga.


Canada-Grande-Bretagne, 2003, Durée : 120 mn. Disponible en VO et VOST.


Résumé :


Tim (Lee Williams) est un brillant étudiant d’une petite université d’Angleterre non loin de son domicile familial, une station balnéaire du Suffolk. Il ne répugne pas à se faire faire une petite gâterie par sa copine, sur la plage, au clair de lune. Ce qui ne l’empêche pas, au détour d’un couloir de sa fac, de tomber en arrêt – tel le setter moyen face à un col vert égaré – devant Ivo (Marc Warren), un jeune professeur mâle de paléontologie dont bientôt le visage l’obsède. Bravant sa timidité toute relative, il le drague. Au début l’objet de ses désirs est froid comme ses chers fossiles, mais il n’est pas à long à tiédir. Il s’ensuit une torride passion sexuelle. Mais plus Ivo devient incandescent, plus notre inconséquent étudiant se refroidit. Et quand Ivo invite son jeune amant à l’accompagner en Alaska, où il anime des croisières scientifiques, Tim le suit à contrecœur. Arrivé dans un port de ce « bout du monde », suite à un imprévu (?), Ivo doit abandonner son amoureux dix jours dans ce lieu inhospitalier, avant leur embarquement. Le jeune homme nous avait déjà prévenu « que l’ambivalence ne l’effraie pas », même distrait, et c’est difficile devant ce film passionnant, dont je ne vous dévoile qu’une couche de l’intrigue, et encore partiellement. Or donc, ne supportant pas la solitude, il jette son dévolu sur une jeune femme, Isabel (Mikla J. Mikael). Je cite : « idéale pour passer le temps. » Ce qui ne devait être pour Tim qu’une alternative à ses nombreuses visites au bar de l’hôtel se transforme en une passion fusionnelle. Mais au bout de ces dix jours, Isabel prend la fuite et Ivo revient. La croisière qui promettait d’être idyllique se transforme en enfer. L’amour a fait place à la haine. Tim ne rêve que de rejoindre Isabel à Vancouver, mais comment se débarrasser d’Ivo ? En le tuant ?

 
L’avis critique

 
Quand on se met devant sa télévision, même devant un programme de PinkTv, on s’attend rarement à être mis en présence de ce qui devrait être un modèle pour les auteurs de films gays. Voilà, enfin, une production qui ne considère pas l’homosexualité comme une fin en soi et l’unique sujet possible du film, mais comme une chose tout à fait banale et qui, pourtant, la place au cœur de l’intrigue de ce thriller haletant ; en fait le moteur des événements qui précipiteront les amoureux vers l’inéluctable, sans que leur sexualité ne soit jamais culpabilisée. Ruth Rendell a créé le personnage du garçon fatal.
Comme dans toutes les histoires de ces dames anglo-saxonnes qui améliorent leur thé ou leur whisky, au choix, d’une dose de strychnine, les rebondissements sont un peu abracadabrantesques (sic), mais c’est la loi du genre pour que l’on reste, comme ici, scotché à l’écran durant deux heures. Dans No night is too long, nous sommes plus près de Patricia Highsmith que d’Agatha Christie.
L’intrigue, comme dans tous les livres de Ruth Rendell – experte en thriller psychologique depuis quarante ans – pose ces questions : « pourquoi devient-on meurtrier ? » ou «  comment devient-on victime ? » Parce qu’un jour, sans le savoir, on prend une route... ou un couloir au bout duquel se trouve la mort violente. Le cinéma devrait être bien reconnaissant à la romancière. Son roman, L’Homme à la tortue, est devenu devant la caméra de Pedro Almodovar En chair et en os(dvd TF1 vidéo) et L’Analphabète, devant celle de Claude Chabrol, La Cérémonie. Il a aussi adapté La Demoiselle d’honneur, cette fois sans en changer le titre. Claude Miller a fait de même avec Betty Fisher.Toute l’histoire est racontée en voix off par Tim. La plus grande partie du film est constituée d’un flash-back qui nous ramène quelques mois en arrière. Nous assistons à la rencontre de Tim et d’ Ivo, et aux événements qu’elle va générer. Cette narration est entrecoupée par des retours au présent, qui n’en sont pas moins angoissants que les péripéties du passé, mais aussi par des incursions à une époque plus lointaine, dans laquelle Tim vivait dans son collège une amitié particulière avec un aîné. On peut regretter que cette partie n’aie pas été plus explorée, ce qui aurait rajouté un peu d’épaisseur à cet aîné un peu trop falot. En revanche, le film aurait gagné à ce que la durée de certains plans soit raccourcie. Tom Shankland a tendance à les faire traîner un peu trop longtemps. Puisque cette production était d’emblée destinée à la télévision, on peut penser qu’un format de 2 fois 1h30, constituant une mini série, n’aurait pas été de trop au vu de la complexité de l’intrigue et de la richesse des personnages et aurait été mieux adaptée que les 120 minutes du film…
L’un des atouts du film est l’originalité des lieux de tournage. L’Alaska n’est pas l’État des USA le plus filmé et bien peu de réalisateurs ont planté leurs caméras sur les plages du Suffolk, malgré leur indéniable charme. La réalisation ne se dépare jamais d’une belle maîtrise du cadre qui bénéficie d’un éclairage froid et soigné. Elle utilise avec habileté le décor qui n’est pas seulement une toile de fond pittoresque pour l’intrigue mais un véritable acteur du drame. Elle aurait toutefois pu nous éviter des effets spéciaux numériques un peu trop présents, telle cette profusion d’éclairs pour rendre les ciels dramatiques et signifiants ou ce maquillage de l’île fatale en Île des morts de Bocklind. Le directeur de la photographie qui signe de si belles images est Paul Sarossy. Il est entre autre le collaborateur habituel d’Atom Egoyan. On lui doit la photographie des remarquables Voyage de Felicia et La Vérité nue.
Comme presque toujours dans un film anglais, la distribution est parfaite. En particulier Lee Williams qui compose un Tim complexe et changeant qui fait parfois penser au jeune Ripley et à qui on met longtemps à accorder notre sympathie. Il porte le film de bout en bout. Il tient le premier rôle dans un autre film gay, l’extravagant Les Loups de Kromer (dvd BQHL). Il participe à de nombreuses productions télévisées anglaises. On peut le voir en particulier dans le rôle de Jon Forsyte, dans la somptueuse nouvelle version de la saga des Forsyte. Il apparaît également dans Billy Elliot et Mauvaise passe. Marc Warren (Ivo) a une présence étonnante ; son inquiétant magnétisme rappelle celui de Malcom Mc Dowell à ses débuts.
Si les scènes de sexe, aussi bien hétérosexuelles que gays, ne sont pas particulièrement bien filmées, le réalisateur se rattrape en nous offrant de beaux plans tendres et sexy après l’amour.No night is too long est co-produit par la télévision britannique d’État, la BBC. Le film a été diffusé à une heure de grande écoute, la deuxième partie en soirée. Combien de chaînes françaises, hors celles du câble, diffuseraient et produiraient un film comme celui-ci qui met, et montre, l’attirance sexuelle de deux hommes au centre de son intrigue ?
No night is too long peut se traduire par « Les Nuit ne sont jamais trop longues », phrase que dit Ivo à Tim au plus fort de leur amour. Jamais le film ne vous paraîtra trop long. Espérons qu’il fasse école, tant sur le fond, que dans la forme. 

 
 
Aucune Night Is Too Long 1
 
 
Aucune Night Is Too Long 5
 
 
Pas de Nuit est trop long, 2
 
 

 

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28 février 2020

Duncan Grant, Homme nu assis de dos

Duncan Grant, Homme nu assis de dos
28 février 2020

Tazzio Paris

Tazzio Paris
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Pour voir d'autres images de ce photographe.
 

 

 

 

28 février 2020

case en exergue: Mittei

case en exergue: Mittei
28 février 2020

Wrecked un film de Harry & Bernard Schumanski

Wrecked un film de  Harry & Bernard Schumanski

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Fiche technique :

Avec Theo Montgomery, Forth Richards (Ryan), Benji Crisnis (Daniel), Jake Casey, Womack Daryl, Peter Petersen, Beatrice Carina, Heidi Blissenbach et Garett Dragovitz. Réalisation : Harry & Bernard Schumanski. Scénario : Harry & Bernard Schumanski. Image : Stephan Jones. Montage: Bernard Schumanski.

USA, 2009, Durée : 73 mn. Disponible en VO (zone 1) et bientôt en VOST (zone 2).

 

Résumé :

Wrecked a pour sujet la descente aux enfers causée par la drogue et le sexe, le sexe considéré comme une drogue, de Ryan (Forth Richards), un adolescent gay de 18 ans qui essaye de devenir acteur et de mettre sa vie sur la bonne voie. Mais ce désir est rapidement supplanté par le retour soudain de son ex, Daniel (Benji Crisnis). Ce dernier demande à Ryan un endroit pour l’héberger, en lui promettant une vie normale et une relation amoureuse stable. Ryan sait que Daniel est incorrigible et que ce garçon est mauvais pour lui, pourtant il l'accueille, par faiblesse, par attirance physique incontrôlable. Mais la toxicomanie de Daniel et sa soif inextinguible de sexe sapent tout espoir de normalité pour Ryan. Daniel entraine le garçon dans sa spirale de sexe et de drogue.

 

L'avis critique:

 

La première chose qui me paraît important d’écrire est que Wrecked est l'un des films les plus économiques, un des plus faibles budgets que l'on peut voir. C'est aussi l'un des films les plus sexuellement explicites que le cinéma américain nous ait montré.

Le film multiplie les séquences très justes, comme celle où l'on voit Ryan tenté d'obtenir un rôle lors d'une audition digne de la pure ethnologie sur la tribu du cinéma indépendant, idem pour toutes les scènes de répétitions. J'adore le personnage de l'assistante du metteur en scène, quasi muet et qui pourtant parvient à exister très fort à l'écran.

 

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Une de mes premières surprises devant ce film a été de voir apparaître des dollars, alors que j'étais persuadé que ce que je voyais se passait en Europe, et plus particulièrement en Angleterre tant la forme de Wrecked est plus proche du cinéma indépendant européen que de son homologue américain.

Wrecked a été tourné avec une caméra de poche qui suit les personnages (souvent fort attrayants) dans leurs moindres gestes d'où aussi, malheureusement, la fréquente instabilité de l'image.

 

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Je suppute, après une petite enquête, que tous les acteurs du film (d'ailleurs tous excellents) ont utilisé des pseudonymes. Ceci, peut-être, pour ne pas gêner leurs futures carrières ou vis-à-vis de leurs familles, en raison des scènes de sexe on ne peut plus crues. Sont-elles simulées (se demande le voyeur libidineux et quasi professionnel que je suis) ? Nous voyons quatre des acteurs complètement nus. Chacun se donne beaucoup de mal pour que ses partenaires aient une érection (que nous voyons aussi). Mais il ne faudrait pas croire que Wrecked est un porno. Les scènes de sexe, ici, ne sont pas tournées pour exciter le chaland. Leur grand intérêt est que leur contenu sexuel explicite construit les personnages, fond leurs l'actions et ancre d'avantage l'histoire et les personnages dans la réalité. Wrecked a plus besoin de cela, étant une pure fiction, que par exemple le film Shortbus avec lequel il présente bien des similitudes car Shortbus a (en partie) des gens de la vie réelle comme acteurs.

 

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La force de Wrecked est que l'on entre immédiatement en empathie avec Ryan. Son très agréable physique n'est sans doute pas pour rien dans l'affaire. On a envie de crier à ce pauvre garçon de laisser tomber Daniel qui ruine sa vie. Pendant la journée, Ryan travaille en tant qu'acteur mais bientôt il commence à avoir des difficultés avec son rôle du fait de ses inquiétudes quant à la sincérité de son amant, qui, pendant ce temps-là, est continuellement à la recherche de nouvelles drogues ou d'argent pour en acheter ou… de sexe. Daniel est immergé toujours plus dans son monde de drogué mais lui fait croire que tout va bien. Quand les deux garçons sont ensemble, on a le sentiment que le sexe est l'arme qu'utilise le couple pour s'éviter d'aborder les véritables questions auxquelles ils devraient faire face. La meilleure partie du film est celle qui décrit le quotidien de la relation tumultueuse entre les deux garçons.

 

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La production a des faiblesses techniques multiples. Par exemple, on voit une fenêtre dans la maison de Ryan, recouverte d'un drap (pour le tournage). Certains dialogues semblent s'évanouir. La pellicule est assez granuleuse. Surtout la scripte ne devait pas être très vigilante car par exemple, dans une séquence, Ryan va au lit torse nu, se réveille tôt avec un t-shirt, puis sort du lit avec un autre totalement différent ! Les faux raccords lumière sont innombrables. Paradoxalement, le film est néanmoins assez bien éclairé. Les réalisateurs jouent sur la lumière et l'intensité des couleurs pour appuyer leur narration. Les scènes dans lesquelles Ryan est seul sont lumineuses et sont dominées par les couleurs vives, alors que lorsque Daniel est à l'écran, l'image est à la fois plus sombre et plus granuleuse (tournées avec une autre caméra ?). Et qu'on ne vienne pas me dire que ce genre de bourde a un rapport quelconque avec un petit budget ! Il suffit d'ouvrir les yeux au moment du tournage et encore plus à celui du montage. L'argument scénaristique est mince : un parasite, vivant aux crochets de son hôte, le manipule… mais après tout leTartuffe de Molière n'est pas autre chose...

 

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Wrecked est le premier film des frères Schumanski, cinéastes dont je ne sais rien.

La fin du film, quelque peu en divorce avec le reste, est aussi brusque que puissante. Sans être moralisatrice ou didactique, elle ne se laisse pas oublier même si elle est ratée. Probablement que tout simplement les cinéastes ne savaient pas comment terminer leur film.

C'est seulement en voyant cette fin malheureuse que je me suis aperçu que le jeune acteur qui interprète Ryan, que tous les amateurs de choupinets devraient adorer, ressemblait beaucoup à Vincent Branchet dans F est un salaud que Wrecked rappelle dans la dépendance (sexuelle) qu'a Ryan envers Daniel. Cela m'étonnerait beaucoup que les frères Schumanski ne connaissent pas F est un salaud.

 

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Le plus gros reproche que je ferais au film est d'être trop court, ce qui est plutôt bon signe. J'aurais aimé suivre un peu plus longtemps le parcours de Ryan. D'autant que quelques minutes de plus auraient permis d'approfondir la psychologie des deux principaux protagonistes, ce qui n'aurait pas été inutile.

Wrecked est un film provocateur et hypnotique qui, comme Shortbus, ose prendre des risques.

 

 

Capture_d__cran_2010_02_05___08

 

Wrecked, 4
 
 
Wrecked 1
 
 
Wrecked 5
 
 
Wrecked, 6
 
Shumanski à réalisé en 2010 Blackmail boys
 
Wrecked, 3
 
 
Wrecked, 2

WRECKED ...abgef***ed - offizieller deutscher Trailer

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28 février 2020

case en exergue: Christophe Simon

case en exergue: Christophe Simon
28 février 2020

Ohm Phanphiroj

Ohm Phanphiroj est un artiste thaïlandais naturalisé américain. Le photographe et cinéaste, a commencé son activité artistique en montrant la transformation des transsexuels thaïlandais lors des spectacles dans son pays natal. 
 
 

Ces travaux, ainsi que la série Sexarbeitern  montrant la prostitution des mineurs, ont été présentés au festival Sommerblu Cologne, en Allemagne.  Les deux reportages controversés ont t provoqué un grand scandale

 
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  
 
 

 

 

 

 

 

28 février 2020

Gouttes d'eau sur pierres brûlantes un film de François Ozon

 

Gouttes d'eau sur pierres brûlantes un film de François Ozon

Gotas de agua, film

France, 90 mn, 2000

 

Réalisation: François Ozon, scénario: François Ozon d'après Fassbinder, image: Jeanne Lapoirie, montage: Laurence Bawedin et Claudine Bouché

 

avec: Bernard Giraudeau, Anna Thomson, Malik Zidi, Ludivine Sagnier

 

Résumé

En Allemagne, dans les années 70, (bien que ni le lieu ni la date soient précisés, mais le moindre détail exhibe sa germanité et sa mocheté seventies...), Léopold un représentant de commerce de cinquante ans, genre tata vicieuse -old school-, ramène chez lui, on ne quittera jamais cet appartement, l’angélique Frantz, dix neuf ans. On assiste à l’étonnant ballet qu’exécute Léopold pour séduire Frantz qui lui expose ouvertement son fantasme. Un rêve récurrent le hante toutes les nuits: un homme, vêtu d’un manteau, pénètre dans sa chambre, s’approche du lit où il est endormi, prend possession de son corps comme s’il était une fille. Après une telle invite Léopold expédie Frantz dans la chambre en lui demandant de s’allonger nu sur le lit (très beau plan fugitif) et de l’attendre... Ils baisent. Nous les retrouvons quelques mois après en couple. Frantz attend son seigneur et maitre, en parfaite -femme aimante au foyer-, il se fait belle pour le recevoir (aaaah la petite culotte de peau). Très vite on comprend qu’ils reproduisent un quotidien conjugal fait d’agacements, de ressentiments et de mesquineries. Le bel enthousiasme innocent de Frantz se délite vite face à l’étroitesse d’esprit et au cynisme manipulateur de Léopold.

Bientôt Anna, l’ex petite amie du garçon, une gourde à la belle et opulente poitrine, (Ludivine Sagnier que je n'avais vue précédemment et admirée que dans Rembrandt ) revient pour récupérer son amoureux en l’absence de Léopold. Anna et Frantz s’apprêtent à fuir ensemble, après avoir fait l’amour lorsque Léopold rentre à l’improviste. Anna tombe également sous le charme de Léopold. Arrive bientôt Véra (Anna Thomson, le personnage a été ajouté par Ozon, il n’existait pas dans la pièce de Fassbinder.). Elle est l' ancien/ne fiancé/e (il/elle a changé de sexe depuis leur séparation!) de Léopold. Ce dernier a fini par la mettre sur le trottoir! Le film se poursuit par un ballet kitchisime et une partie carrée et se termine sur une fenêtre qui ne veut pas s’ouvrir; il est impossible de sortir de ce lieu clos comme de soi même...

 

L'avis critique

 

Ozon a adapté la pièce éponyme (Toppen aut heisse steine) que Fassbinder a écrite alors qu’il n’avait que 19 ans, soit en1964, trois ans avant qu’il ne rejoigne le collectif d’avant-garde de l’Action-Theater à Munich. La jugeant inaboutie, il ne la monta jamais. Elle ne fut mise en scène qu’à titre posthume par Klaus Weise au Theaterfestival de Munich en 1985 et enfin traduite en français et présentée à Aubervillier en 1995. On retrouvera les thèmes habituels de Fassbinder, déjà présents dans cette pièce de jeunesse, que sont de la dénonciation de la violence des rapports sociaux la domination dans le couple dans Les larmes amères de Petra von Kant(1972), Martha(1973), et bien sur dans Le droit du plus fort (1975). Le réalisateur se montre très fidèle au texte et à son esprit. La puissance du matériau d’origine, fable cruelle sur l’usure conjugale et la soumission d’autrui par le sexe et la séduction demeure quasiment intacte, finement servie par la mise en scène.

On ne s'étonnera pas qu'Ozon rencontre Fassbinder tant dans la cinématographie de l'allemand les thèmes de la domination et de la manipulation sont récurrents. Dans « Le droit du plus fort », seul film résolument gay de Fassbinder, ils en sont même le centre. Dés ses premiers courts-métrages, François Ozon tente de cerner au plus près les rapports de domination qui régissent les relations humaines, explorant les différentes formes qu’ils peuvent revêtir. Des stratagèmes meurtriers de Regarde la meret des Amants criminelsaux manoeuvres de séduction d’Une robe d’été, du drame oedipien de La petite mortà la bouffonnerie de Sitcom, ses personnages et la mise en scène elle même, dans la manière qu’elle a d’inclure le spectateur dans son dispositif en affirmant ouvertement sa volonté de choquer, transgresser, terrifier ou séduire, ne cessent d’expérimenter les différentes manières de manipuler et de s’approprier l’autre...

Ozon paradoxalement n’a jamais autant parlé de lui qu’en adaptant cette pièce dans laquelle il a introduit une bonne dose d’humour camp foldingue. Le glissement de la pièce des années 60 aux années 70 la rend plus efficace. En outre l’alacrité propre au réalisateur et la -débrechtianisation- du texte la rendent pétillante. On peut considérer le rêve récurrent de Léopold comme un raccourci du film: la perte de soi par la pénétration physique et morale. Elle sera mise en scène à maintes reprises de façon ritualisée et comique, chaque scène de sexe est annoncée par une musiquette enjouée de boîte à musique. La drôlerie de la bande son aère la pièce et parfois sert d’introduction, de passage, d’une scène à une autre, comme l’hilarant ballet qui amène la partouze. La chansons française des années yéyés est une fois de plus mis à (Françoise Hardy qui chante, en allemand, Traume, une chanson triste qui parle de rêves, a remplacé Sheila qui cloturait Une robe d’été), comme le poême, La Lorelei, qu’annone Malik sont en langue allemande. Ozon ne cherche jamais à faire oublier l’origine théatrale du film, bien au contraire. Le film est divisé en quatre actes bien distincts: Premier acte: la séduction de Frantz par Léopold, le plus savoureux; deuxième acte: le masque de Léopold tombe, il se révèle un beauf acariâtre qui n’a qu’une idée, tenir sous un joug cruel l’objet de son désir (Giraudeau interprète un personnage très semblable dans Une affaire de goût de Bernard Rapp); troisième et quatrième acte: le ton change, il passe d’un presque naturaliste à un burlesque-tragique avec l’entrée des deux personnages féminins. Le film connait une légère baisse de tension lors de la retrouvaille des deux jeunes gens.

Le décor, jamais ouvert sur l’extérieur est véritablement le cinquième personnage du film. Il est du à Arnaud de Moléron. C' est quelque chose qui serait le monde de l’inspecteur Derrick, style au chic munichois, revu par Pierre et Gilles plus une touche de Modeste et pompon. En choisissant délibérément de situer le récit dans les années 70, Ozon parvient à poser, de façon inédite, dans ses partis pris de décors, de costumes, de direction d’acteurs, des questions sur le statut des images, sur le réalisme et sur la reconstitution, sur le passage de l’authentique au kitch. Il continuera sa réflexion sur le sujet dans 8 femmes.

La réalisation doit aussi beaucoup à la photo, souvent d’un bel orangé d’époque. On peut aussi déceler quelques réminiscences de la peinture d' Hopper. Le cadrage est impeccable, oeuvre de Jeanne Lapoirie, très supérieure à celui de bien des opus fassbinderiens.

Frantz est certainement le double rêvé du cinéaste allemand. La pièce, pour la première partie est très probablement autobiographique. On peut aussi penser que Léopold représente la manière dont ne s’espérait pas à 50 ans (ou plutôt à 35 ans car Ozon a vieilli le personnage de Léopold de 15 ans par rapport à la pièce.) le jeune Fassbinder de 19 ans qui écrivait ce texte. Comme le rat dans Sitcomou l’ogre dans Les amants criminels , Léopold est un révélateur sexuelle. Il fait irrésistiblement penser au loup stupide et lubrique de Tex Avery, avec une pointe de Paul Meurisse, en beaucoup plus frelaté. Léopold est indifférent à l’amour que les autres ont pour lui, il ne fait que les rendre dépendant de la jouissance sexuelle. Giraudeau avec ses rictus de hyène est tantôt autoritaire, tantôt dépressif, il fait un numéro énorme, il hurle de désespoir, il couine, il aboie, il jappe de plaisir... Lépopold est intéressant parce qu’il n’est pas que ce tortionnaire domestique quasi maquereau c’est aussi un être souffrant, angoissé par la mort et désireux de rester en perverse enfance, qui répète: <<Je prend tellement peu de plaisir aux choses.>>. La performance de Bernard Giraudeau est exceptionnelle. Il a déjà interprété des rôles d’homo, au cinéma dans Le fils préféré de Nicole Garcia et dans...Le grand pardond’Arcady, mais il a refusé celui qu’interprètera Michel Blanc dans Tenue de soiréede Bertrand Blier et aussi au théâtre dansPauvre France de Jean Cau, monté par Fabbri. Bernard Giraudeau est un acteur qui a des opinions sur les films dans lesquels il tourne: << <<L’homosexualité, qui est l’un des derniers tabous du monde, pour moi n’en est pas un... A la limite le film s’arrête un peu dès que Léopold va mettre les autres sur le trottoir. Là, on aurait pu aller plus loin. De plus seuls certains aspects sont traité. Le coté sado-maso, permanent chez Fassbinder, est évidemment abordé, mais pas poussé au-delà.. Certes, cela n’est pas utile dans ce film. Ce sont des personnages pervers qui démontrent ostensiblement la perversité de chacun de nous. Le plus souvent, soit elle est cachée, soit elle est frustrée; mais elle est omniprésente, sous-jacente, cette volonté de nuire... et puis la bêtise, surtout. On devient tous bêtes à un moment donné... Comme dans Le droit du plus fort , le dominateur joue facilement son rôle dès qu’il entre dans le quotidien. Au début de la relation, chacun est actif. Même quand on veut être séduit, c’est actif. Après, évidemment, dans le cadre du quotidien, si au sein du couple, l’un est plus faible, ça peut être l’horreur...>>.

François Ozon a toujours aussi bon goût en ce qui concerne... les garçons. Goute d'eau sur pierre brulante demeure avant tout pour moi la révélation de Malik Zidi que l'on avait seulement aperçu avant ce film dans dans Place Vendômeet dans Les corps ouverts.On est pas prêt d’oublier ni l’apparition du très mimi Malik Zidi, le bas à peine vêtu d’une petite culotte de peau tyrolienne, salopette à jambes très courtes, typiquement bavaroise, le haut moulé dans un pull shetland criard ou une chemisette étriquée, ni ses longues déambulation en slip ultra moulant et très, très prometteur. Avec ces plans Ozon dame le pion au virtuose du filmage du sous-vêtement masculin qu’est Tsai Ming-Liang. Malgré le soin que prend le cinéaste a se dissimuler derrière ses provocations, on a au moins une certitude sur l’artiste, après les amants criminels dans lequel il avait rouquiniser Jérémie Rénier, c’est qu’il aime les rouquins, et c’est très bien! Pour un si jeune acteur, à l'époque du tournage Malik Zidi analysait son personnage avec beaucoup de pertinence:<<Frantz, mon personnage est un jeune paumé et coincé. Il a 19 ans. Il a des parents divorcés, donc quelques circonstances atténuantes. Si Léopold tombe sur lui, ce n’est pas hasard. Léopold a dû très bien sentir sa proie au coin de la rue. C’est intéressant qu’on ne sache pas les circonstances. Moi, je l’imagine simplement dans la rue, parce que Léopold a un coté assez rentre dedans. A mon avis, il a dû voir sa proie d’assez loin. Il a dû s’en approcher en lui approchant une cigarette ou d’aller boire un verre. Et puis il y a également les rapport père-fils. C’est ce que je pensais pour le rôle de Franz, car il y a une différence d’âge assez énorme: l’un a 19 ans, l’autre 50. Inconscemment, Franz a dû penser à son père, dont il doit avoir une bonne image. Mais désarçonné à cause du divorce, il récupère l’image du père chez n’importe qui, chez Léopold par exemple. Franz est traversé par plein de traumatismes. Ce qui m’a plu dans ce personnage, c’est son oubli volontaire ou inconscient de souffrir. Au départ, c’est un type qui souffre sans tomber dans le pathos ni être un petit martyr. Il est complètement bouleversé par ce qu’il a dans la tête. Ce qui m’a touché, c’est son coté enfentin. Il dépasse sa souffrance avec son coeur. Il a des idéaux autant en amour physique que sur le plan moral. C’est un plaisir de jouer un personnage qui subit tant d’humiliation. Un comédien est masochiste. On s’exhibe sans jamais vraiment savoir ce que cela va donner. C’était un plaisir de jouer sur cette corde tendue... Et puis les costumes... et tout cet univers. Egalement la jubilation de François Ozon derrière la caméra... Il donne beaucoup de liberté au comédien, mais en même temps, il sait ce qu’il veut.>>

A la sortie du film en salle, François Ozon expliquait notamment les difficultés qu'il avait eu pour trouver l'acteur qui devait jouer Léopold: <<Je parle d’homosexualité comme d’autres cinéastes hétéros, parlent d’hétérosexualité. Je parle de relations humaines, amoureu ses, et dans le cadre d’homosexualité car c’est une expérience que j’ai envie de faire partager aux spectateurs. Je n’ai pas de discours sur l’homosexualité même si pour moi, elle est forcément liée à la transgression dans une société judéo-chrétienne. Malgré cela, les homosexuels ont des droits égaux à ceux des hétéros. Ce qui m’intéresse, c’est le cinéma et la sexualité est un formidable enjeu de mise en scène. Filmer la sexualité, c’est le cinéma. Filmer le désir, on est dans une salle noire, face à un écran et on regarde les fantasmes d’un cinéaste à travers les corps des acteurs...

J’avais envie de faire un film sur un couple, et j’avais commencé à écrire un texte autobiographique, mais le manque de distance m’empêchait de bien en parler. Je me suis alors souvenu de cette pièce que j’avais vue cinq ans plus tôt à Aubervilliers, et je l’ai relue en allemand. Fassbinder avait exprimé exactement ce que je voulais dire. J’ai aussi aimé retrouver l’univers de la période des films de Fassbinder que je préfère, celle des années 70 avec Le droit du plus fort,Maman Kusters s’en va au cielou Le marchand de quatre saison. J’ai forcément pensé à une transposition actuelle, mais l’aspect désuet des rapports entre les personnages ne s’y prêtait guère. Et puis traiter de l’homosexualité aujourd’hui m’aurait obligé à évoquer les préservatifs, le Pacs, le sida, ce qui aurait dénaturé le projet. J’aime dans la pièce que l’homosexualité ne soit pas posée comme un problème... Ce que j’ai trouvé extraordinaire, c’est que Fassbinder, à 19 ans, à la fin des années 50 est capable de raconter une histoire d’un couple homosexuel sans jamais le poser en tant que problème. C’est un couple c’est tout! N’importe qui peut s’identifier. C’est un film qui montre que la vie à deux est difficile. Ca se construit toujours sur un rapport un peu SM où l’un cède à l’autre. Moi j’adore la vie de couple: cela demande beaucoup d’efforts mais ça peut donner beaucoup de plaisir. Le film c’est ma vision du couple quand j’avais 18-19 ans (l’age de Fassbinder quand il a écrit la pièce) : une vision idéalisée du couple confrontée tout d’un coup au réel. Quand on est jeune, on n’est pas prêt à vivre ces accommodements du quotidien. Plus âgé ça peut être source de plaisir.

C’était aussi intéressant de le garder dans les années 70 parce que c’était après 68, la période de tous les idéaux, et avant le sida qui a transformé énormément les relations entre hommes.

J’avais envie d’assumer l’essence théâtrale du texte. J’ai horreur des films qui s’inspirent d’une pièce de théâtre et qui aèrent, avec un plan en extérieur qui ne sert à rien. C’est la leçon d’Hitchcock avecLe crime était presque parfait, qui est un huis-clos total. Il a vu que la pièce fonctionnait sur scène, pourquoi il va s’emmerder à faire des plans d’extérieur, ça ne sert à rien. Et puis, j’aime bien la théatrâlité au cinéma, les films de Resnais Mélo, Smoking, No smoking. Ca me semblait intéressant de garder ce côté huis-clos, des personnages enfermés dans un appartement, ça allait bien avec l’histoire du film. Le couple est un enfermement...

Les dialogues sont très littéraires. Et puis j’aime l’artifice... J’ai l’impression que mes films tranchent avec le reste du cinéma français, qui est très poli, bien tenu, sans un mot plus haut que l’autre. J’essaie d’emprunter des chemins de traverse. Il faut assumer la folie de son sujet, passer les limites, se lâcher et donc accepter de dépasser les convention du bon goût, du politiquement correct. Je trouve intéressant d’emmener le spectateur là où il n’a pas forcément envie d’aller, de le pousser dans ses retranchement, de le déstabiliser dans ses habitudes de pensée. Contrairement aux films où l’on sait à l’avance ce que l’on va voir, Gouttes d’eaun’est pas un objet identifiable dès le départ.

Pour le rôle de Léopold, j’ai pensé à plusieurs acteurs de la trempe de Giraudeau et de cette génération. J’ai eu beaucoup de refus d’acteurs qui avaient envie mais qui avaient très peur. Ils se disaient: <<Oh la la, il faut embrasser un garçon!>>, ce qui m’a bien fait rire, car c’était en pleine période du Pacs, et tous ces soi-disant comédiens progressistes qui sont à la page et prêt à défendre plein de causes sociales, on se rend compte que quand on leur demande d’interpréter un rôle d’homosexuel, ça leur fait peur pour leur image, pour leur carrière. Bernard a mis du temps à répondre, mais il a dit oui. Ce qui a été génial avec lui, c’est que jamais, ça n’a été un problème, c’était un rôle comme un autre. Ce qu’il aimait, c’est le coté beauf homosexuel ringard, il a pris beaucoup de plaisir à jouer ça. On sent une jubilation de l’acteur. Je pense que les acteurs américains se seraient battus pour avoir le rôle en se disant que c’est un rôle à Oscar! C’est la différence entre la mentalité américaine et la mentalité française.>>.

Le film a reçu au Festival de Berlin 2000 le Teddy du meilleur film gay.

Dans une interview Bernard Giraudeau a il me semble trouvé le mot de la fin: << Le film d’Ozon, on en pense ce qu’on veut,mais, au moins ça ne manque pas de couilles!>>.

 

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28 février 2020

promenades au Croisic

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Le Croisic, été 1984

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28 février 2020

Wimbledon raconté par Raymond Reding

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