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Dans les diagonales du temps
29 février 2020

Sur le chemin des dunes, Noordzee, Texas (north sea Texas) un film de Bavo Defurne

Sur le chemin des dunes, Noordzee, Texas (north sea Texas) un film de Bavo Defurne (réédition augmentée)

Voir le nord du Texas, le film

 

Réalisation: Bavo Defurne, scénario: Bavo Defurne et Yves Verbraken  (scénario tiré du roman This will never end d'André Solis).

 

avec: Eva van der Gucht, Jelle Florizoone, Luk Wyns, Thomas Coumans, Mathias Vergels, Katelijne Damen, Daniel Sikora, Nina Marie Kortekaas

Résumé
 
Nous sommes en 1960. Pim (Jelle Florizoone) habite avec sa mère (Eva van der Gucht), une ancienne reine de beauté devenu un tas mais qui se croit toujours séduisante. Ils vivent dans une ville oubliée de la côte belge. Pim, garçon introverti, se contente de vivre dans son univers imaginaire. La mère de Pim, Yvette, a des rêves de son coté. Elle est fatigué des amants de passage et d'ennui de la vie dans cette petite ville. Elle aspire à tout laisser derrière elle, y compris son encombrant de fils pour aller voir voir le monde. Les rêves de Pim et ceux d'Yvette entrent en collision lorsque le beau Zoltan (Thomas Coumans)  arrive en ville avec la fête foraine et devient leur nouveau locataire. Mais à l'aube de ses 16 ans, sa relation avec son ami Gino (Mathias Vergels) prend une autre direction, et alors que sa mère le quitte pour vivre avec son nouvel amant, Pim y voit une opportunité de vivre ses rêves. Pim saisit sa chance. Ses rêves deviennent une semi réalité. Pim va vivre chez sa voisine, Marcella qui est la mére de Gino et de Sabrina (Nina Marie Kortekaas) qui glisse des regards langoureux à Pim qu'il ne voit pas. Pim est heureux. Il dort dans le lit de Gino! Mais Gino fréquente et habite avec une jeune fille de l'autre coté de la frontière. Les rêves de Pim sont-ils des illusions ou le reflet de ce que pourrait être la réalité?
 
L'avis critique
 
Il y a tellement longtemps que nous attendions un long métrage de Bavo Defurme que l'on doutait fortement qu'il arrive un jour. On avait pensé que Defurme serait un de ces cinéastes dont les courts-métrages multi primés dans une quirielle de festivals qui n'accoucheraient jamais d'un long; on peut citer dans ce cas Jacques Duron avec son remarquable Voyage à Deauville ou Armand Lameloise  avec son non moins remarquable,"Juste un peu de réconfort". Il y avait gros à parier qu'une si longue attente ne pouvait déboucher que sur une déception; c'est un peu le cas même si le film est bien fait. Il faut dire que je suis peut être un peu de mauvaise fois devant cet énième opus mettant en scène des bas du front nordistes. Sur le chemin des dunes (un bien joli titre qu'a trouvé là le distributeur du film en France) est néanmoins un film positif, qui ne tombe pas dans le misérabilisme habituellement réservé aux films se passant dans le nord  de la France et en Belgique. Defurme montre une jeunesse qui n’est pas ratée (c'est plutôt du coté des adultes que cela se gâte)
Defurme est resté fidèle à la thématique de ses courts-métrages. Tous traitent de l’identité, de quelqu’un qui se découvre différent, dans un groupe de sportifs ou dans Feu de camp, chez les scouts. On ne comprend pas bien alors pourquoi il a cru bon d'adapter un livre où rien n'est vraiment original et tout est attendu d'autant qu'il reprend certaines séquences de ses courts-métrages précédents comme  par exemple la scène de la tente qui était déjà dans "Campfire" (2000) ou celle de la moto qui se réfère à Matroos (1998). Cette histoire de rejet d’un groupe permet au réalisateur de  se concentrer sur l’amour entre adolescents. Ce qui évite le gros écueil sociologisant où vont se briser la plupart des films de cet acabit. Pims a déjà découvert son identité sexuelle. Il est amoureux du garçon qui vit à côté de chez lui. C’est là que le film commence. Là où souvent les autres finissent. Les scènes sexuelles sont présentes dès le début. Peu de films ont abordé la question ainsi. Si la faiblesse de Noordzee Texas réside dans son scénario, sa force est dans son filmage d'autant plus remarquable que "Sur le chemin des dunes" aurait été réalisé avec un budget très modeste. L'image est toujours très belle, le cadre impeccable et les éclairages des intérieurs est précis et chaleureux, ce qui évite de tomber dans le glauque lors de certaines scènes. Le film tout en étant original dans sa facture, c'est un peu Demy chez Dumont, s'inscrit dans une famille de films, référence assumée comme pour Paris-Texas ou plus secrète comme pour la série néerlandaise des années 80 "Le phare" qui se passait aussi vers 1960, ou Bagdad café ou encore à DAS FLÜSTERN DES MONDES (WHISPERING MOON) . Si on exepte Katelijne Damen, dans le rôle de la mère de Gino qui parvient à être génante tant elle est mauvaise, les autres acteurs vont du bon à l'excellent en particulier Jelle Florizoone qui dans le rôle de Pim est étonnant sachant donner du poids à chacun de ses regards et de ses gestes peut être parce qu'il vient du monde de la danse ( lorsque Bavo l'a découvert, ce jeune garçon était danseur professionnel  à l’école Nationale de Ballet de Bruxelles) qu'il a abandonné depuis car l'expérience de "Noordzee Texas" lui a donné l'envie d'embrasser la carrière de comédien, souhaitons lui bonne chance, son jeune talent le mérite.
 
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Si dans mon résumé j'ai daté l'action en 1960, c'est totalement subjectif, puisque aucune date apparait à l'écran et que pas un objet ou un vêtement peut nous renseigner sur l'année durant laquelle se déroule le film. Cette intemporalité assumée tire Noordzee Texas vers le conte...
Il faut espérer pour Eva van der Gucht, que son rôle d'Yvette, où elle est parfaite, est un rôle de composition. Elle campe le personnage anthipatique du film, mauvaise mère, on subodore que la naissance de Pim n'a pas été voulu, à propos il n'y a pas de père dans cette histoire, artiste ratée, une Yvette Horner (tient le même prénom) obèse. Elle ne voit dans son fils qu'un boulet qui l'empêche de fuir le trou où elle est encalminée.
J'ai vu ce film lors d'une ecapade brusselloise durant l'été 2011. Si je me souviens bien ce n'était pas une séance dans un circuit traditionnel. Je ne sais donc pas si ce film d'une qualité technique tout à fait hors du commun à eu une exploitation commerciale dans son pays. Quant à la France...
P.S. Depuis cette chronique le film est sorti en France.

Bande-annonce : Sur le Chemin des Dunes - VOST


Voir North Texas 1

Texas bar
 
 
Voir North Texas, 3
 
 
Voir North Texas, 4
 
 
Voir North Texas, 5
 
 
Voir North Texas, 6

Peli Noordzee Texas
 
 

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29 février 2020

The nature of Nicholas un film de Jeff Erbach

The nature of Nicholas un film de Jeff Erbach

 

Canada, 2002, 100 mn

 
Réalisateur: Jeff Erbach, directeur de la photo: Brian Rougeau, montage: George Godwin, 
 
avec: Jeff Sutton, David Turnbull, Ardith Boxall, Tom McCamus, Robert Huculak, Katherine Lee Raymond Vicki, Samantha Colline 
 
La nature de Nicolas est un film gay sur le thème de l'homosexualité dans l'enfance, avec un récit comme une fable avec des touches surréalisme. Il est Situé à un fin des années 50, début des années 60, dans un milieu-de vaguement rurale.
 
La nature de Nicolas 1

 

Le film raconte l'histoire de Nicholas (Jeff Sutton), un garçon de 12 ans qui commence à découvrir qu'il aime son meilleur ami, appelé Bobby (David Turnbull).

 

La nature de Nicolas, 2

 

Nicolas est un garçon très imaginatif qui vit avec sa mère (Ardith Boxall). Elle est veuve. Le père est décédé, il y a quelques temps dans un accident.,Elle vit avec son petit ami (Robert Huculak). Parfois, l'enfant voit des apparitions de son père.

 

La nature de Nicholas 5
 
Nicholas est obsédé par Bobby. Il veut le voir en tout le temps. Il veut toujours être avec lui et lui donner des démonstrations de son affection.
 
La nature de Nicolas, 6

 

Mais le sportif Bobby n'éprouve pas les mêmes sentiments envers Nicholas, que ce dernier ressent pour lui, bien qu'il l'aime. Pour aggraver les choses, la figure du père qui apparaît à l'enfant lui suggère qu'il devrait aller avec les filles. Il a l'impression que son père veut l'éloigner de Bobby. Nicolas ne comprend pas encore ses pulsions, pas plus qu'il ne comprend les apparitions du fantômes de son père (Tom McCamus) dont personne d'autre à part lui ne voit. Un jour Nicholas embrasse impulsivement un Bobby déconfit. Ce dernier apparaît soudainement affaibli. Puis se transforme en un être à la peau verte, une sorte de zombie de série Z. Mais cette créature pathétique n'est pas le vrai Bobby le Bobby "normale" préférerait laisser mourir... Nicholas maintient caché la créature dans un hangar... Je dois dire que le basculement du film et sa lourde métaphore, néanmoins originale, m'a laissé un peu dubitatif.

 
La nature de Nicholas, 4

Les scènes d'intérieur de The nature of Nicholas pâtissent d'une image malheureusement souvent sous exposée. En revanche les paysages agricoles des alentours de Winnipeg sont remarquablement utilisés par le directeur de la photo, Brian Rougeau. La bande sonore presque entièrement vide de musique mais composée de sons "abstrait" due à Ken Gregory ajoute encore à l'atmosphère étrange du film entre rêverie et cauchemar. Les dialogue entre les deux garçons sont curieusement ceux que pourraient avoir deux adultes. Les deux jeunes acteurs sont très convaincant. Ils travaillent encore aujourd'hui comme comédiens dans le monde de la télévision et du cinéma. Le film peut en rappeler d'autres comme  Wild Tigers I Have Known ou vous n'êtes pas seul, mais surtout par son cadre et une certaine morbidité à "L'enfant miroir" de  Philip Ridley et aussi aux films d'un autre canadien David Cronenberg.

 

La nature de Nicolas, 3

Il est le seul film du réalisateur canadien Jeff Erbach. Néanmoins celui-ci possède une longue expérience de l’écriture et de la réalisation, notamment de courts métrages tels Monday With the Martins, Under Chad Valley, Soft Like Me, Gavin Frogboy et Mr. Twenty Five Cents, qui ont connu du succès dans les festivals partout dans le monde. Erbach est également bien connu comme réalisateur de vidéoclips. De plus, il fut membre de jurys pour l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision et pour le Manitoba Arts Council, et il donne fréquemment des conférences et des ateliers dans divers festivals et événements.

 

The Nature of Nicholas Trailer

 
 
The nature of Nicholas un film de Jeff Erbach
The nature of Nicholas un film de Jeff Erbach
29 février 2020

ANG LIHIM NI ANTONIO (ANTONIO’S SECRET) un film de Joselito Altejeros

ANG LIHIM NI ANTONIO (ANTONIO’S SECRET) un film de Joselito Altejeros

Fiche technique :

Avec Kenjie Garcia, Josh Ivan Morales, Jiro Manio, Nino Fernandez, Honey Garce Capili, Shamaine Buencamino, Ricky Ibe, Kurt Martinez, Jay Perillo, Ajit Handasani, Lui Manansala et Ernier Zarate. Réalisation : Joselito Altejeros. Scénario : Lex Bonife. Images : Arvin Viola. Musique : Ajit Hardazani.

Philippine, 2008, Durée : 100 mn. Uniquement disponible en VO ou VOST anglais.

Résumé :

Antonio (Kenjie Garcia) est un jeune philippin de 15 ans qui vit à Manille, seul avec sa mère Teresa (Buencamino Sharmaine) qui tient un dispensaire. Le père est absent du foyer depuis huit ans. Il travaille à Dubaï et diffère d’année en année son retour au pays. Il se fait un peu tirer l’oreille pour envoyer de l’argent à sa famille. Antonio est un fils modèle. Il ne semble pas différent de ses copains Mike (Jiro Manio) et Nathan, avec qui il partage la passion des jeux sur ordinateur. Le groupe se retrouve toujours dans un cybercafé pour jouer.

 

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Pourtant Antonio a un secret. Ce garçon, qui réfléchit beaucoup sur lui-même, s’est aperçu qu’il est attiré par les garçons. Antonio fait des avances à Nathan qui se laisse faire mais cela détruit leur amitié. Il avoue ses tendances à son autre ami, Mike, qui prend bien la chose et lui dit qu’ils resteront frères.

 

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Mais la vie d’Antonio, somme toute ordinaire, bascule lorsque son jeune oncle, Jonbert (Josh Ivan Morales), âgé de 25 ans, vient habiter avec sa mère et lui sous prétexte de trouver du travail. Tout d’abord Antonio est attiré par le corps de Jo, qui s’en aperçoit et fait du garçon son jouet sexuel...

 

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L’avis critique

Antonio’s Secret est le troisième opus de son réalisateur. Depuis, il a tourné entre autres deux films gays:  Little Boy Big Boy (2009) et Unfriend (2014) Le film surprend par ses ruptures et l’hétérogénéité de son filmage parfois virtuose et parfois maladroit. Aucun spectateur ne peut se douter en voyant le premier quart d’heure du film (qui est une chronique familiale classique assez bien filmée) que Antonio’s Secret, dans sa dernière demi-heure, basculera dans le glauque et le drame sordide.

 

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La très bonne idée du réalisateur a été de choisir un garçon qui, au début, parait parfaitement ordinaire (ce qui facilite l’empathie avec le spectateur, malgré, pour nous occidentaux, le relatif exotisme du décor) et qui se révélera au fil du film loin d’être le garçon sage que l’on croyait qu’il était. Dans cette première partie, il est fort dommage que le metteur en scène n’ait pas eu assez confiance en son talent de cinéaste, qui est loin d’être négligeable, et ait alourdi son film d’une voix off superfétatoire sensée nous confesser les états d’âme de son jeune héros alors que l’image aurait suffit pour tout nous dire des tourments du garçon (surtout quand il est joué, comme ici, par un comédien, dans son premier rôle, remarquable… comme toute la distribution). Tout ce chapitre est filmé dans des couleurs pimpantes, souvent en extérieur. D’ailleurs, le cinéaste a la bonne idée de varier les décors.

 

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Judicieusement, Joselito Altejeros campe les conversations entre ses personnages dans des lieux pittoresques et animés. Ainsi, ces toiles de fond tiennent le spectateur toujours en alerte. La caméra est malheureusement quelques fois tremblotante, ruinant parfois l’image au cadre pourtant toujours soigné et souvent inventif. Le vrai sens du cadre du cinéaste réussit à produire de belles images dans les scènes les plus utilitaires. L’opérateur utilise des focales courtes, ce qui a pour effet de donner une grande profondeur de champ à l’image.

 

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Le film est peu découpé, privilégiant (parfois un peu à l’excès) les plans séquences, ce qui montre la confiance du réalisateur envers ses comédiens qui sont tous étonnants de vérité. Le scénario pêche par un défaut de construction qui est le révélateur de l’incohérence, où plutôt que l’on perçoit comme tel, des agissements des personnages… en particulier celui de Jonbert.

 

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En effet, lorsqu’il apparaît rien ne laisse supposer qu’il est homosexuel et attiré par son jeune neveu. Cette aventure incestueuse est d’autant plus surprenante que la psychologie des personnages est fouillée et que surtout, rien ne nous laisse penser qu’Antonio (qui fait les premières approches) est attiré par les hommes alors que jusqu’à l’apparition de Jonbert, il se focalisait uniquement sur les garçons de son âge.

 

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Par contre il est très intéressant, et rare, dans un film censé se passer sur une période courte (les vacances scolaires de Noël, ce qui est un peu une facilité car on ne nous présente pas Antonio dans son environnement scolaire), de voir le personnage principal évoluer autant. Ce qui fait que le sentiment du spectateur envers le garçon évolue constamment, passant d’une curiosité bienveillante à un malaise, lorsqu’il ne peut juguler son désir sexuel envers son oncle, puis à la pitié lorsqu’il devient la victime de ses sens...

 

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Il est particulièrement adroit de faire ressentir la montée du désir sexuel chez Antonio. Et là, il faut bien arriver à ce qui est totalement singulier pour un film non pornographique : la crudité des scènes de sexe qui sont montrées prosaïquement et sans véritable sensualité, comme si le sexe homosexuel (c’est le seul que l’on voit) était condamnable pour le cinéaste ; paradoxalement, il nous le montre complètement déculpabilisé chez les philippins.

 

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Les scènes sexuelles assez sordides et assez mal filmées entre l’oncle et son neveu sont d’autant plus choquantes qu’elles sont insérées entre des séquences domestiques des plus banales, rendant bien l’engrenage de cette relation incestueuse et la duplicité des deux protagonistes envers Teresa. La scène de viol du film est la plus réaliste, donc la plus insoutenable qu’il m’ait été donné de voir.

 

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Un film un peu hétérogène et ambigu, mais dont l’audace du sujet et ses partis pris cinématographiques, servis par une distribution époustouflante, font qu’il restera longtemps dans la mémoire du spectateur.

 

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Le secret d'Antonio, le film
 
Garcia Kenjie
 
 
Le secret d'Antonio, 2
 
Le secret d'Antonio, 4
 
Le secret d'Antonio, 3
 
 
Acteur Kenjie Garcia

Le Secret d Antonio de Joselito Altarejos - Bande Annonce

 

O SEGREDO DE ANTONIO

 
28 février 2020

Julian, junge liebe anders, une web-série de Christian Schäfer, Maik Scholz, Dominik Weiss

Julian,  junge liebe anders, une web-série de Christian Schäfer, Maik Scholz, Dominik Weiss

Cette web-série raconte l'histoire de Julian 16 ans et de son coming-out. Depuis quelque temps, Julian a le sentiment que sa relation avec Sarah, une jeune fille de son lycée, ne peut plus le rendre vraiment heureux. De manière assez inattendue Julian apprend qu'un de ses camarade, Phillip, est gay et qu'il vit ouvertement cette situation. Petit à petit Julian s'aperçoit qu'il est attiré par Phillip...

"Julian" a été tourné (mieux que bien des films gay) à l'initiative du Centre Gay et Lesbien de Cologne (beaux extérieurs sur la ville) et joué par les jeunes membres du centre. Le directeur du projet Jürgen Piger affirme: "Avec cette série Web, nous voulons attirer et informer à travers une fiction les jeunes dans l'ensemble des pays de langue allemande qui sont encore devant leur coming-out et de leur montrer la possibilité d'affirmer leur identité gay." Curieusement le spectateur n'a pas du tout l'impression d'être devant un film militant et c'est la force de ce film dans lequel les personnages existent fortement. 

 

Julian,  junge liebe anders, une web-série de Christian Schäfer, Maik Scholz, Dominik Weiss
Julian,  junge liebe anders, une web-série de Christian Schäfer, Maik Scholz, Dominik Weiss
28 février 2020

Pourquoi mon fils?, un court métrage de Lucas Morales

 

POURQUOI MON FILS ? - Le Film

 

Pourquoi mon fils?  un court-métrage français sur un coming out un peu rude... Deux copains gays décident de faire leur coming out auprès de leurs parents et obtiennent des résultats complètement différents. Ce qui fait prendre un virage assez sombre et inattendu à ce court-métrage

Pourquoi, mon fils?
Réalisateur: Lucas Morales
avec: Yann Babilée, Lucas Morales, Josef Mlekuz, Jean-Michel Ricart, Agnès Rivière 
France | 2015 | 21 min

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28 février 2020

13 ans - Rudi Rosenberg - EICAR

 

13 ans - Rudi Rosenberg - EICAR

 

 

Tout d'abord merci à Bruno de m'avoir fait connaitre ce remarquable court-métrage qui, outre une chute totalement inattendue bénéficie pour un film d'école (EICAR) d'un filmage de grande qualité. Parmi les nombreux tours de force qu'a réalisés le réalisateur, Rudi Rosenberg, est celui de faire jouer des gamins de 12-13 ans d'une manière presque professionnelle, en particulier les deux personnages principaux, le très joli Charles et le déluré Jonathan. Il n'y a quasiment pas d'adulte dans ce casting, casting copieux pour un film aussi court. Autre qualité, très rare pour un court, le grand nombre des décors, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Autre qualité, sa construction, le film est introduit par une voix off; on comprend que ce que l'on va voir se déroule dans le passé; un passé difficile à situer, un temps d'avant les téléphones portables et les ordinateurs mais après la grande diffusion des calculettes de poche, disons 25 ans et toute l'ambiance du film fait que ce voyage dans le temps est très crédible. Bravo monsieur Rudi Rosenberg; surtout continuez à faire des films.

 

13 ans - Rudi Rosenberg - EICAR
13 ans - Rudi Rosenberg - EICAR
13 ans - Rudi Rosenberg - EICAR
28 février 2020

Un enfant dans la foule, un film de Gérard Blain

Un enfant dans la foule, un film de Gérard Blain
Un enfant dans la foule, un film de Gérard Blain
Un niño en la multitud, film
 
France, 1976, 120 mn
 
Réalisation: Gérard Blain, scénario: Gérard Blain et Michel Perez, image: Emmanuel Machuel, musique: Jean Scharz, montage: Marie-Aimée Debril
 
avec: Jean-François Cimino, César Chauveau, Anne Novaks, Claude Cernay, Jurgens Doeres
 
Un niño en la multitud, 1
 
Résumé
 
En 1937 les parent de Paul, le confient à une institution religieuse. C'est un déchirement pour l'enfant...
En 1944 Paul, 13 ans, est le mal aimé de sa famille. En quête de chaleur humaine, il découvre, sur fond de guerre, les amitiés particulières et s'aperçoit qu'il peut capter l'attention de certains hommes qui lui apportent une affection sensuelle mais toujours fugitive...
 
Un enfant dans la foule, 2
 
Je vais avoir un peu de mal à parler de ce film qui est un de mes préférés et puis j'ai connu Gérard Blain durant une trentaine d'années. C'était un ami, indulgent et pourtant exigent. C'était aussi parfois un bavard intarissable, surtout au téléphone. Il m'a beaucoup parlé de ses films et aujourd'hui je regrette bien de n'avoir pas enregistré les coups de téléphone de Gérard Blain qui était surtout des monologues. Pour donner le ton de ses appels, j'exhume une de ses réparties faite au micro de RTL lors de la sortie des "Amis": << il vaut mieux qu'un garçon tombe sur quelqu'un comme Philippe qui l'éduque, lui apporte une certaine affection que sur une vieille pétasse!>>.
J'ai eu l'honneur d'éditer "Un enfant dans la foule" d'abord en VHS puis en DVD malheureusement Gérard n'était plus là. J'ai eu, en hommage à Gérard Blain, le souci d'ajouter au film de beaux bonus d'abord la leçon de cinéma de Gérard Blain qu'il avait donnée dans le cadre de l'université  de Strasbourg, puis les premières images tournées par Blain sur le tournage de Hatari d'Howard Hawks. Sur ce montage un texte de Michel Marmin est lu par François Devienne. Ce dvd est le beau souvenir de mon éphémère carrière d'éditeur. Avec un peu de chance vous pouvez trouver ce DVD sur la toile... 
 

Un enfant Dans la foule (1976) 3

Un enfant Dans la foule (1976) 2

 

Gérard Blain trace dans "Un enfant dans la foule" le portrait d’un jeune adolescent dans la tourmente de la seconde guerre mondiale et du Paris de l’Occupation qui n'est pas très éloigné de celui de Modiano. Paul est rejeté par une mère qu’il adore et recherche dans la compagnie d’hommes plus âgés une affection que lui a toujours refusée un père absent…
 
 
Un niño en la multitud, 2
 
Avec un enfant dans la foule, son chef d'oeuvre nous sommes au coeur du cinématographe tel que le vivait Gérard Blain. Ce troisième film après "Les amis" et "Le pélican" est l'acmé de l'autobiographie transposée du cinéaste. Néanmoins il est bon de rappeler les propos de Gérard Blain à ce sujet: << "Un enfant dans la foule" n'est pas plus autobiographique que "Les amis" ou "Le pélican", si l'on entend par autobiographie l'inventaire d'anecdotes tirées de sa propre expérience. Au contraire mon travail consiste toujours à transposer des bribes, des fragments de souvenir, à les charger sur le plan émotionnel et thématique et à les organiser dans un récit cohérent. Je serais bien incapable de faire un film qui ne me concerne pas intimement mais aucun de mes films raconte ma vie.>>. Il reste qu'il y a une continuité évidente dans les films de Blain, tout comme dans ceux de Truffaut nous suivons Antoine Doinel durant de longues années, trois films de Blain sont comme une biographie de Paul avec qui nous faisons connaissance dans cet "Enfant dans la foule" il a alors sept ans, nous le quitterons dans ce film à quatorze ans. Nous le retrouverons plus âgé que de quelques moi, et toujours joué par César Chauveau dans "Le second souffle" (1978) dans lequel il n'a qu'un second rôle. C'est ce même Paul qui a alors seize ans qui est le héros "des amis" (1971) où cette fois il est interprété par Yann Favre. Puis c'est adulte à la quarantaine qu'il réapparait dans "Le pélican". On peut donc considéré qu'il s'agit là de toujours le même personnage (dans une certaine mesure, le double du cinéaste) dont on suit d'un film à l'autre, la détresse, l'évolution.
Un enfant dans la foule est d'abord le portrait d'un enfant mal aimé. C'est ainsi que fut Gérard Blain de la part de ses parents, c'est du moins l'antienne qu'il ne cessait de répéter pour ne pas dire de ressasser. On voit au début d'"Un enfant dans la foule" que la mère (Annie Kovacs que Blain reprendra pour jouer la mère du même Chauveau dans "Un second souffle") préfère sa fille au petit Paul.
La haute bourgeoisie exerce une certaine fascination sur Paul (ce qui à ma connaissance n'était pas du tout le cas de Blain). Il y a surtout chez lui un désir de s'élever (comme pour le héros des "Amis" mais on a vu que c'était en fait le même personnage).
Le cinéma de Blain même s'il peut s'apparenter à la tragédie grecque est un cinéma sans dieu. Le seul déterminisme que l'on y trouve est un déterminisme social, culturel, politique et moral.
 
Un enfant dans la foule, 1
 
Il y a quelques années je tombais dans les cahier du cinéma sur un papier de 8 pages qui rendait hommage à Gérard Blain, malheureusement après son décès. Elles étaient signées Azalbert. J'en extrais cette phrase qui résume et explique une des thématiques principales de l'oeuvre du cinéaste: <<Le film aborde aussi frontalement un thème qui ne cessera de revenir dans la majorité des films de Blain: les relations homosexuelles entre un adulte d'âge mûr et un adolescent. Il y a une conception grecque de ce type de relations chez Blain. La sexualité se double toujours d'un rapport familial (père/fils), d'un rapport de classes (riche/pauvre) et d'un rapport de transmission (maître/élève). La fascination qu'exerce chez Blain l'homosexualité provient de la complexité et de l'ambiguité qui se nouent entre les amants et qui explique plus généralement les positions du cinéastes face à la société. Ce qui est recherché (l'amour, le père, la connaissance) se heurte à ce qui est détesté (l'hypocrisie, le pouvoir, l'argent). D'où le tragique des films de Blain.>> 
 
A Child in the Crowd, 2
 
Lorsque le film est sorti, on l'a rapproché pour son style, avec raison, de "Pleure pas la bouche pleine" de Pascal Thomas (1973) et de Nous ne vieillirons pas ensemble de Pialat (1972). Pialat et Blain ont eu un moment un projet commun... Ces film s'inscrivaient dans ce que rétrospectivement on pourrait appeler le nouveau réalisme.
Ce qui caractérise le cinématographe de Blain c'est son sens de l'ellipse qu'il expliquait ainsi: Par exemple dans les scènes d'amour, ce qui est intéressant c'est ce qu'il y a avant de faire l'amour et ce qu'il y a après. Je ne filme jamais la relation sexuelle elle-même qui ne présente aucun intérêt sinon pour les voyeurs.>>. Dans un plan, ce qui retient le plus l'attention du cinéaste, donc du spectateur, ce sont les visage d'où un filmage frontal en plans souvent serrés. Il s'en expliquait ainsi:<< Mes plans sont souvent de face. J'évite les perspectives. Les chose sont plus criantes de face. On limite l'espace, le regard y plonge directement (...) j'essaye de réduire de simplifier et d'accroitre le potentiel de force qui réside dans chaque personne (...) par exemple pour Laurent dans "Un enfant dans le foule" (un des suborneurs de Paul) je montre le personnage dans ses actes, je le regarde en face de Paul sans chercher à le confondre comme coupable, je l'observe avec le regard le plus droit possible. C'est au spectateur de faire le reste.>>. On peut penser que cette frontalité vient du cinéma d'Ozu que Gérard Blain admirait beaucoup. Cette esthétique n' s'est pas tout à fait perdue au Japon puiqu'on la retrouve dans certains films de Kitano. 
 

Un_Enfant_Dans_La_Foule__Gerard_Blain__1976_

 
Blain construit son film en bouchant la profondeur de champ et en montrant son jeune héros prisonnier d’un monde trop étriqué pour lui. Seul le plan final le montre s’éloigner dans la profondeur du cadre. Il faut noter d’ailleurs qu’à l’occasion, Paul qui se dirige vers les studios de cinéma de Joinville où il va faire ses débuts d'acteur, croise un homme à qui il offre du feu. Ce passant est incarné par Blain qui semble lui-même revenir des studios de Joinville, avant de disparaître : passage de relais symbolique entre une enfance qui s’évanouit et l’homme qu’est devenu le cinéaste… Pour finir laissons la parole à Paul Vecchiali, critique, autre irrégulier du cinéma français, qui, dans la saison cinématographique 1976, écrit à propos de ce film : « Un enfant dans la foule, c’est le vrai regard de l’enfance qui, au-delà des conjonctures, se porte sur l’essentiel, laissant en coulisses, c'est-à-dire aux adultes, tout ce qui est spectaculaire ou événementiel. »
 
A Child in the Crowd, 1

Pour voir le film allez à l'adresse ci-dessous

https://archive.org/details/un-enfant-dans-la-foule-gerard-blain-1976

 
28 février 2020

No night is too long de un film de Tom Shankand

Publié le 13 février 2016 par lesdiagonalesdutemps

Pas de Nuit est trop long, 4

 

  
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Fiche technique :


Avec Lee Williams, Marc Warren, Mikela J Mikael, Salvatore Antonio, Beverley Breuer, Rob Bruner, Liam Mc Guigan et Philip Granger.

 

 Réalisateur : Tom Shankland. Scénario : Kevin Elyot et Ruth Rendell, d’après le roman de Ruth Rendell signé de son pseudonyme Barbara Vine. Images : Paul Sarossy. Montage : Allan Lee. Musique : Christopher Dedrick. Direction artistique : Peter Andriga.


Canada-Grande-Bretagne, 2003, Durée : 120 mn. Disponible en VO et VOST.


Résumé :


Tim (Lee Williams) est un brillant étudiant d’une petite université d’Angleterre non loin de son domicile familial, une station balnéaire du Suffolk. Il ne répugne pas à se faire faire une petite gâterie par sa copine, sur la plage, au clair de lune. Ce qui ne l’empêche pas, au détour d’un couloir de sa fac, de tomber en arrêt – tel le setter moyen face à un col vert égaré – devant Ivo (Marc Warren), un jeune professeur mâle de paléontologie dont bientôt le visage l’obsède. Bravant sa timidité toute relative, il le drague. Au début l’objet de ses désirs est froid comme ses chers fossiles, mais il n’est pas à long à tiédir. Il s’ensuit une torride passion sexuelle. Mais plus Ivo devient incandescent, plus notre inconséquent étudiant se refroidit. Et quand Ivo invite son jeune amant à l’accompagner en Alaska, où il anime des croisières scientifiques, Tim le suit à contrecœur. Arrivé dans un port de ce « bout du monde », suite à un imprévu (?), Ivo doit abandonner son amoureux dix jours dans ce lieu inhospitalier, avant leur embarquement. Le jeune homme nous avait déjà prévenu « que l’ambivalence ne l’effraie pas », même distrait, et c’est difficile devant ce film passionnant, dont je ne vous dévoile qu’une couche de l’intrigue, et encore partiellement. Or donc, ne supportant pas la solitude, il jette son dévolu sur une jeune femme, Isabel (Mikla J. Mikael). Je cite : « idéale pour passer le temps. » Ce qui ne devait être pour Tim qu’une alternative à ses nombreuses visites au bar de l’hôtel se transforme en une passion fusionnelle. Mais au bout de ces dix jours, Isabel prend la fuite et Ivo revient. La croisière qui promettait d’être idyllique se transforme en enfer. L’amour a fait place à la haine. Tim ne rêve que de rejoindre Isabel à Vancouver, mais comment se débarrasser d’Ivo ? En le tuant ?

 
L’avis critique

 
Quand on se met devant sa télévision, même devant un programme de PinkTv, on s’attend rarement à être mis en présence de ce qui devrait être un modèle pour les auteurs de films gays. Voilà, enfin, une production qui ne considère pas l’homosexualité comme une fin en soi et l’unique sujet possible du film, mais comme une chose tout à fait banale et qui, pourtant, la place au cœur de l’intrigue de ce thriller haletant ; en fait le moteur des événements qui précipiteront les amoureux vers l’inéluctable, sans que leur sexualité ne soit jamais culpabilisée. Ruth Rendell a créé le personnage du garçon fatal.
Comme dans toutes les histoires de ces dames anglo-saxonnes qui améliorent leur thé ou leur whisky, au choix, d’une dose de strychnine, les rebondissements sont un peu abracadabrantesques (sic), mais c’est la loi du genre pour que l’on reste, comme ici, scotché à l’écran durant deux heures. Dans No night is too long, nous sommes plus près de Patricia Highsmith que d’Agatha Christie.
L’intrigue, comme dans tous les livres de Ruth Rendell – experte en thriller psychologique depuis quarante ans – pose ces questions : « pourquoi devient-on meurtrier ? » ou «  comment devient-on victime ? » Parce qu’un jour, sans le savoir, on prend une route... ou un couloir au bout duquel se trouve la mort violente. Le cinéma devrait être bien reconnaissant à la romancière. Son roman, L’Homme à la tortue, est devenu devant la caméra de Pedro Almodovar En chair et en os(dvd TF1 vidéo) et L’Analphabète, devant celle de Claude Chabrol, La Cérémonie. Il a aussi adapté La Demoiselle d’honneur, cette fois sans en changer le titre. Claude Miller a fait de même avec Betty Fisher.Toute l’histoire est racontée en voix off par Tim. La plus grande partie du film est constituée d’un flash-back qui nous ramène quelques mois en arrière. Nous assistons à la rencontre de Tim et d’ Ivo, et aux événements qu’elle va générer. Cette narration est entrecoupée par des retours au présent, qui n’en sont pas moins angoissants que les péripéties du passé, mais aussi par des incursions à une époque plus lointaine, dans laquelle Tim vivait dans son collège une amitié particulière avec un aîné. On peut regretter que cette partie n’aie pas été plus explorée, ce qui aurait rajouté un peu d’épaisseur à cet aîné un peu trop falot. En revanche, le film aurait gagné à ce que la durée de certains plans soit raccourcie. Tom Shankland a tendance à les faire traîner un peu trop longtemps. Puisque cette production était d’emblée destinée à la télévision, on peut penser qu’un format de 2 fois 1h30, constituant une mini série, n’aurait pas été de trop au vu de la complexité de l’intrigue et de la richesse des personnages et aurait été mieux adaptée que les 120 minutes du film…
L’un des atouts du film est l’originalité des lieux de tournage. L’Alaska n’est pas l’État des USA le plus filmé et bien peu de réalisateurs ont planté leurs caméras sur les plages du Suffolk, malgré leur indéniable charme. La réalisation ne se dépare jamais d’une belle maîtrise du cadre qui bénéficie d’un éclairage froid et soigné. Elle utilise avec habileté le décor qui n’est pas seulement une toile de fond pittoresque pour l’intrigue mais un véritable acteur du drame. Elle aurait toutefois pu nous éviter des effets spéciaux numériques un peu trop présents, telle cette profusion d’éclairs pour rendre les ciels dramatiques et signifiants ou ce maquillage de l’île fatale en Île des morts de Bocklind. Le directeur de la photographie qui signe de si belles images est Paul Sarossy. Il est entre autre le collaborateur habituel d’Atom Egoyan. On lui doit la photographie des remarquables Voyage de Felicia et La Vérité nue.
Comme presque toujours dans un film anglais, la distribution est parfaite. En particulier Lee Williams qui compose un Tim complexe et changeant qui fait parfois penser au jeune Ripley et à qui on met longtemps à accorder notre sympathie. Il porte le film de bout en bout. Il tient le premier rôle dans un autre film gay, l’extravagant Les Loups de Kromer (dvd BQHL). Il participe à de nombreuses productions télévisées anglaises. On peut le voir en particulier dans le rôle de Jon Forsyte, dans la somptueuse nouvelle version de la saga des Forsyte. Il apparaît également dans Billy Elliot et Mauvaise passe. Marc Warren (Ivo) a une présence étonnante ; son inquiétant magnétisme rappelle celui de Malcom Mc Dowell à ses débuts.
Si les scènes de sexe, aussi bien hétérosexuelles que gays, ne sont pas particulièrement bien filmées, le réalisateur se rattrape en nous offrant de beaux plans tendres et sexy après l’amour.No night is too long est co-produit par la télévision britannique d’État, la BBC. Le film a été diffusé à une heure de grande écoute, la deuxième partie en soirée. Combien de chaînes françaises, hors celles du câble, diffuseraient et produiraient un film comme celui-ci qui met, et montre, l’attirance sexuelle de deux hommes au centre de son intrigue ?
No night is too long peut se traduire par « Les Nuit ne sont jamais trop longues », phrase que dit Ivo à Tim au plus fort de leur amour. Jamais le film ne vous paraîtra trop long. Espérons qu’il fasse école, tant sur le fond, que dans la forme. 

 
 
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28 février 2020

Wrecked un film de Harry & Bernard Schumanski

Wrecked un film de  Harry &amp; Bernard Schumanski

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Fiche technique :

Avec Theo Montgomery, Forth Richards (Ryan), Benji Crisnis (Daniel), Jake Casey, Womack Daryl, Peter Petersen, Beatrice Carina, Heidi Blissenbach et Garett Dragovitz. Réalisation : Harry & Bernard Schumanski. Scénario : Harry & Bernard Schumanski. Image : Stephan Jones. Montage: Bernard Schumanski.

USA, 2009, Durée : 73 mn. Disponible en VO (zone 1) et bientôt en VOST (zone 2).

 

Résumé :

Wrecked a pour sujet la descente aux enfers causée par la drogue et le sexe, le sexe considéré comme une drogue, de Ryan (Forth Richards), un adolescent gay de 18 ans qui essaye de devenir acteur et de mettre sa vie sur la bonne voie. Mais ce désir est rapidement supplanté par le retour soudain de son ex, Daniel (Benji Crisnis). Ce dernier demande à Ryan un endroit pour l’héberger, en lui promettant une vie normale et une relation amoureuse stable. Ryan sait que Daniel est incorrigible et que ce garçon est mauvais pour lui, pourtant il l'accueille, par faiblesse, par attirance physique incontrôlable. Mais la toxicomanie de Daniel et sa soif inextinguible de sexe sapent tout espoir de normalité pour Ryan. Daniel entraine le garçon dans sa spirale de sexe et de drogue.

 

L'avis critique:

 

La première chose qui me paraît important d’écrire est que Wrecked est l'un des films les plus économiques, un des plus faibles budgets que l'on peut voir. C'est aussi l'un des films les plus sexuellement explicites que le cinéma américain nous ait montré.

Le film multiplie les séquences très justes, comme celle où l'on voit Ryan tenté d'obtenir un rôle lors d'une audition digne de la pure ethnologie sur la tribu du cinéma indépendant, idem pour toutes les scènes de répétitions. J'adore le personnage de l'assistante du metteur en scène, quasi muet et qui pourtant parvient à exister très fort à l'écran.

 

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Une de mes premières surprises devant ce film a été de voir apparaître des dollars, alors que j'étais persuadé que ce que je voyais se passait en Europe, et plus particulièrement en Angleterre tant la forme de Wrecked est plus proche du cinéma indépendant européen que de son homologue américain.

Wrecked a été tourné avec une caméra de poche qui suit les personnages (souvent fort attrayants) dans leurs moindres gestes d'où aussi, malheureusement, la fréquente instabilité de l'image.

 

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Je suppute, après une petite enquête, que tous les acteurs du film (d'ailleurs tous excellents) ont utilisé des pseudonymes. Ceci, peut-être, pour ne pas gêner leurs futures carrières ou vis-à-vis de leurs familles, en raison des scènes de sexe on ne peut plus crues. Sont-elles simulées (se demande le voyeur libidineux et quasi professionnel que je suis) ? Nous voyons quatre des acteurs complètement nus. Chacun se donne beaucoup de mal pour que ses partenaires aient une érection (que nous voyons aussi). Mais il ne faudrait pas croire que Wrecked est un porno. Les scènes de sexe, ici, ne sont pas tournées pour exciter le chaland. Leur grand intérêt est que leur contenu sexuel explicite construit les personnages, fond leurs l'actions et ancre d'avantage l'histoire et les personnages dans la réalité. Wrecked a plus besoin de cela, étant une pure fiction, que par exemple le film Shortbus avec lequel il présente bien des similitudes car Shortbus a (en partie) des gens de la vie réelle comme acteurs.

 

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La force de Wrecked est que l'on entre immédiatement en empathie avec Ryan. Son très agréable physique n'est sans doute pas pour rien dans l'affaire. On a envie de crier à ce pauvre garçon de laisser tomber Daniel qui ruine sa vie. Pendant la journée, Ryan travaille en tant qu'acteur mais bientôt il commence à avoir des difficultés avec son rôle du fait de ses inquiétudes quant à la sincérité de son amant, qui, pendant ce temps-là, est continuellement à la recherche de nouvelles drogues ou d'argent pour en acheter ou… de sexe. Daniel est immergé toujours plus dans son monde de drogué mais lui fait croire que tout va bien. Quand les deux garçons sont ensemble, on a le sentiment que le sexe est l'arme qu'utilise le couple pour s'éviter d'aborder les véritables questions auxquelles ils devraient faire face. La meilleure partie du film est celle qui décrit le quotidien de la relation tumultueuse entre les deux garçons.

 

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La production a des faiblesses techniques multiples. Par exemple, on voit une fenêtre dans la maison de Ryan, recouverte d'un drap (pour le tournage). Certains dialogues semblent s'évanouir. La pellicule est assez granuleuse. Surtout la scripte ne devait pas être très vigilante car par exemple, dans une séquence, Ryan va au lit torse nu, se réveille tôt avec un t-shirt, puis sort du lit avec un autre totalement différent ! Les faux raccords lumière sont innombrables. Paradoxalement, le film est néanmoins assez bien éclairé. Les réalisateurs jouent sur la lumière et l'intensité des couleurs pour appuyer leur narration. Les scènes dans lesquelles Ryan est seul sont lumineuses et sont dominées par les couleurs vives, alors que lorsque Daniel est à l'écran, l'image est à la fois plus sombre et plus granuleuse (tournées avec une autre caméra ?). Et qu'on ne vienne pas me dire que ce genre de bourde a un rapport quelconque avec un petit budget ! Il suffit d'ouvrir les yeux au moment du tournage et encore plus à celui du montage. L'argument scénaristique est mince : un parasite, vivant aux crochets de son hôte, le manipule… mais après tout leTartuffe de Molière n'est pas autre chose...

 

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Wrecked est le premier film des frères Schumanski, cinéastes dont je ne sais rien.

La fin du film, quelque peu en divorce avec le reste, est aussi brusque que puissante. Sans être moralisatrice ou didactique, elle ne se laisse pas oublier même si elle est ratée. Probablement que tout simplement les cinéastes ne savaient pas comment terminer leur film.

C'est seulement en voyant cette fin malheureuse que je me suis aperçu que le jeune acteur qui interprète Ryan, que tous les amateurs de choupinets devraient adorer, ressemblait beaucoup à Vincent Branchet dans F est un salaud que Wrecked rappelle dans la dépendance (sexuelle) qu'a Ryan envers Daniel. Cela m'étonnerait beaucoup que les frères Schumanski ne connaissent pas F est un salaud.

 

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Le plus gros reproche que je ferais au film est d'être trop court, ce qui est plutôt bon signe. J'aurais aimé suivre un peu plus longtemps le parcours de Ryan. D'autant que quelques minutes de plus auraient permis d'approfondir la psychologie des deux principaux protagonistes, ce qui n'aurait pas été inutile.

Wrecked est un film provocateur et hypnotique qui, comme Shortbus, ose prendre des risques.

 

 

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Wrecked, 4
 
 
Wrecked 1
 
 
Wrecked 5
 
 
Wrecked, 6
 
Shumanski à réalisé en 2010 Blackmail boys
 
Wrecked, 3
 
 
Wrecked, 2

WRECKED ...abgef***ed - offizieller deutscher Trailer

28 février 2020

Gouttes d'eau sur pierres brûlantes un film de François Ozon

 

Gouttes d'eau sur pierres brûlantes un film de François Ozon

Gotas de agua, film

France, 90 mn, 2000

 

Réalisation: François Ozon, scénario: François Ozon d'après Fassbinder, image: Jeanne Lapoirie, montage: Laurence Bawedin et Claudine Bouché

 

avec: Bernard Giraudeau, Anna Thomson, Malik Zidi, Ludivine Sagnier

 

Résumé

En Allemagne, dans les années 70, (bien que ni le lieu ni la date soient précisés, mais le moindre détail exhibe sa germanité et sa mocheté seventies...), Léopold un représentant de commerce de cinquante ans, genre tata vicieuse -old school-, ramène chez lui, on ne quittera jamais cet appartement, l’angélique Frantz, dix neuf ans. On assiste à l’étonnant ballet qu’exécute Léopold pour séduire Frantz qui lui expose ouvertement son fantasme. Un rêve récurrent le hante toutes les nuits: un homme, vêtu d’un manteau, pénètre dans sa chambre, s’approche du lit où il est endormi, prend possession de son corps comme s’il était une fille. Après une telle invite Léopold expédie Frantz dans la chambre en lui demandant de s’allonger nu sur le lit (très beau plan fugitif) et de l’attendre... Ils baisent. Nous les retrouvons quelques mois après en couple. Frantz attend son seigneur et maitre, en parfaite -femme aimante au foyer-, il se fait belle pour le recevoir (aaaah la petite culotte de peau). Très vite on comprend qu’ils reproduisent un quotidien conjugal fait d’agacements, de ressentiments et de mesquineries. Le bel enthousiasme innocent de Frantz se délite vite face à l’étroitesse d’esprit et au cynisme manipulateur de Léopold.

Bientôt Anna, l’ex petite amie du garçon, une gourde à la belle et opulente poitrine, (Ludivine Sagnier que je n'avais vue précédemment et admirée que dans Rembrandt ) revient pour récupérer son amoureux en l’absence de Léopold. Anna et Frantz s’apprêtent à fuir ensemble, après avoir fait l’amour lorsque Léopold rentre à l’improviste. Anna tombe également sous le charme de Léopold. Arrive bientôt Véra (Anna Thomson, le personnage a été ajouté par Ozon, il n’existait pas dans la pièce de Fassbinder.). Elle est l' ancien/ne fiancé/e (il/elle a changé de sexe depuis leur séparation!) de Léopold. Ce dernier a fini par la mettre sur le trottoir! Le film se poursuit par un ballet kitchisime et une partie carrée et se termine sur une fenêtre qui ne veut pas s’ouvrir; il est impossible de sortir de ce lieu clos comme de soi même...

 

L'avis critique

 

Ozon a adapté la pièce éponyme (Toppen aut heisse steine) que Fassbinder a écrite alors qu’il n’avait que 19 ans, soit en1964, trois ans avant qu’il ne rejoigne le collectif d’avant-garde de l’Action-Theater à Munich. La jugeant inaboutie, il ne la monta jamais. Elle ne fut mise en scène qu’à titre posthume par Klaus Weise au Theaterfestival de Munich en 1985 et enfin traduite en français et présentée à Aubervillier en 1995. On retrouvera les thèmes habituels de Fassbinder, déjà présents dans cette pièce de jeunesse, que sont de la dénonciation de la violence des rapports sociaux la domination dans le couple dans Les larmes amères de Petra von Kant(1972), Martha(1973), et bien sur dans Le droit du plus fort (1975). Le réalisateur se montre très fidèle au texte et à son esprit. La puissance du matériau d’origine, fable cruelle sur l’usure conjugale et la soumission d’autrui par le sexe et la séduction demeure quasiment intacte, finement servie par la mise en scène.

On ne s'étonnera pas qu'Ozon rencontre Fassbinder tant dans la cinématographie de l'allemand les thèmes de la domination et de la manipulation sont récurrents. Dans « Le droit du plus fort », seul film résolument gay de Fassbinder, ils en sont même le centre. Dés ses premiers courts-métrages, François Ozon tente de cerner au plus près les rapports de domination qui régissent les relations humaines, explorant les différentes formes qu’ils peuvent revêtir. Des stratagèmes meurtriers de Regarde la meret des Amants criminelsaux manoeuvres de séduction d’Une robe d’été, du drame oedipien de La petite mortà la bouffonnerie de Sitcom, ses personnages et la mise en scène elle même, dans la manière qu’elle a d’inclure le spectateur dans son dispositif en affirmant ouvertement sa volonté de choquer, transgresser, terrifier ou séduire, ne cessent d’expérimenter les différentes manières de manipuler et de s’approprier l’autre...

Ozon paradoxalement n’a jamais autant parlé de lui qu’en adaptant cette pièce dans laquelle il a introduit une bonne dose d’humour camp foldingue. Le glissement de la pièce des années 60 aux années 70 la rend plus efficace. En outre l’alacrité propre au réalisateur et la -débrechtianisation- du texte la rendent pétillante. On peut considérer le rêve récurrent de Léopold comme un raccourci du film: la perte de soi par la pénétration physique et morale. Elle sera mise en scène à maintes reprises de façon ritualisée et comique, chaque scène de sexe est annoncée par une musiquette enjouée de boîte à musique. La drôlerie de la bande son aère la pièce et parfois sert d’introduction, de passage, d’une scène à une autre, comme l’hilarant ballet qui amène la partouze. La chansons française des années yéyés est une fois de plus mis à (Françoise Hardy qui chante, en allemand, Traume, une chanson triste qui parle de rêves, a remplacé Sheila qui cloturait Une robe d’été), comme le poême, La Lorelei, qu’annone Malik sont en langue allemande. Ozon ne cherche jamais à faire oublier l’origine théatrale du film, bien au contraire. Le film est divisé en quatre actes bien distincts: Premier acte: la séduction de Frantz par Léopold, le plus savoureux; deuxième acte: le masque de Léopold tombe, il se révèle un beauf acariâtre qui n’a qu’une idée, tenir sous un joug cruel l’objet de son désir (Giraudeau interprète un personnage très semblable dans Une affaire de goût de Bernard Rapp); troisième et quatrième acte: le ton change, il passe d’un presque naturaliste à un burlesque-tragique avec l’entrée des deux personnages féminins. Le film connait une légère baisse de tension lors de la retrouvaille des deux jeunes gens.

Le décor, jamais ouvert sur l’extérieur est véritablement le cinquième personnage du film. Il est du à Arnaud de Moléron. C' est quelque chose qui serait le monde de l’inspecteur Derrick, style au chic munichois, revu par Pierre et Gilles plus une touche de Modeste et pompon. En choisissant délibérément de situer le récit dans les années 70, Ozon parvient à poser, de façon inédite, dans ses partis pris de décors, de costumes, de direction d’acteurs, des questions sur le statut des images, sur le réalisme et sur la reconstitution, sur le passage de l’authentique au kitch. Il continuera sa réflexion sur le sujet dans 8 femmes.

La réalisation doit aussi beaucoup à la photo, souvent d’un bel orangé d’époque. On peut aussi déceler quelques réminiscences de la peinture d' Hopper. Le cadrage est impeccable, oeuvre de Jeanne Lapoirie, très supérieure à celui de bien des opus fassbinderiens.

Frantz est certainement le double rêvé du cinéaste allemand. La pièce, pour la première partie est très probablement autobiographique. On peut aussi penser que Léopold représente la manière dont ne s’espérait pas à 50 ans (ou plutôt à 35 ans car Ozon a vieilli le personnage de Léopold de 15 ans par rapport à la pièce.) le jeune Fassbinder de 19 ans qui écrivait ce texte. Comme le rat dans Sitcomou l’ogre dans Les amants criminels , Léopold est un révélateur sexuelle. Il fait irrésistiblement penser au loup stupide et lubrique de Tex Avery, avec une pointe de Paul Meurisse, en beaucoup plus frelaté. Léopold est indifférent à l’amour que les autres ont pour lui, il ne fait que les rendre dépendant de la jouissance sexuelle. Giraudeau avec ses rictus de hyène est tantôt autoritaire, tantôt dépressif, il fait un numéro énorme, il hurle de désespoir, il couine, il aboie, il jappe de plaisir... Lépopold est intéressant parce qu’il n’est pas que ce tortionnaire domestique quasi maquereau c’est aussi un être souffrant, angoissé par la mort et désireux de rester en perverse enfance, qui répète: <<Je prend tellement peu de plaisir aux choses.>>. La performance de Bernard Giraudeau est exceptionnelle. Il a déjà interprété des rôles d’homo, au cinéma dans Le fils préféré de Nicole Garcia et dans...Le grand pardond’Arcady, mais il a refusé celui qu’interprètera Michel Blanc dans Tenue de soiréede Bertrand Blier et aussi au théâtre dansPauvre France de Jean Cau, monté par Fabbri. Bernard Giraudeau est un acteur qui a des opinions sur les films dans lesquels il tourne: << <<L’homosexualité, qui est l’un des derniers tabous du monde, pour moi n’en est pas un... A la limite le film s’arrête un peu dès que Léopold va mettre les autres sur le trottoir. Là, on aurait pu aller plus loin. De plus seuls certains aspects sont traité. Le coté sado-maso, permanent chez Fassbinder, est évidemment abordé, mais pas poussé au-delà.. Certes, cela n’est pas utile dans ce film. Ce sont des personnages pervers qui démontrent ostensiblement la perversité de chacun de nous. Le plus souvent, soit elle est cachée, soit elle est frustrée; mais elle est omniprésente, sous-jacente, cette volonté de nuire... et puis la bêtise, surtout. On devient tous bêtes à un moment donné... Comme dans Le droit du plus fort , le dominateur joue facilement son rôle dès qu’il entre dans le quotidien. Au début de la relation, chacun est actif. Même quand on veut être séduit, c’est actif. Après, évidemment, dans le cadre du quotidien, si au sein du couple, l’un est plus faible, ça peut être l’horreur...>>.

François Ozon a toujours aussi bon goût en ce qui concerne... les garçons. Goute d'eau sur pierre brulante demeure avant tout pour moi la révélation de Malik Zidi que l'on avait seulement aperçu avant ce film dans dans Place Vendômeet dans Les corps ouverts.On est pas prêt d’oublier ni l’apparition du très mimi Malik Zidi, le bas à peine vêtu d’une petite culotte de peau tyrolienne, salopette à jambes très courtes, typiquement bavaroise, le haut moulé dans un pull shetland criard ou une chemisette étriquée, ni ses longues déambulation en slip ultra moulant et très, très prometteur. Avec ces plans Ozon dame le pion au virtuose du filmage du sous-vêtement masculin qu’est Tsai Ming-Liang. Malgré le soin que prend le cinéaste a se dissimuler derrière ses provocations, on a au moins une certitude sur l’artiste, après les amants criminels dans lequel il avait rouquiniser Jérémie Rénier, c’est qu’il aime les rouquins, et c’est très bien! Pour un si jeune acteur, à l'époque du tournage Malik Zidi analysait son personnage avec beaucoup de pertinence:<<Frantz, mon personnage est un jeune paumé et coincé. Il a 19 ans. Il a des parents divorcés, donc quelques circonstances atténuantes. Si Léopold tombe sur lui, ce n’est pas hasard. Léopold a dû très bien sentir sa proie au coin de la rue. C’est intéressant qu’on ne sache pas les circonstances. Moi, je l’imagine simplement dans la rue, parce que Léopold a un coté assez rentre dedans. A mon avis, il a dû voir sa proie d’assez loin. Il a dû s’en approcher en lui approchant une cigarette ou d’aller boire un verre. Et puis il y a également les rapport père-fils. C’est ce que je pensais pour le rôle de Franz, car il y a une différence d’âge assez énorme: l’un a 19 ans, l’autre 50. Inconscemment, Franz a dû penser à son père, dont il doit avoir une bonne image. Mais désarçonné à cause du divorce, il récupère l’image du père chez n’importe qui, chez Léopold par exemple. Franz est traversé par plein de traumatismes. Ce qui m’a plu dans ce personnage, c’est son oubli volontaire ou inconscient de souffrir. Au départ, c’est un type qui souffre sans tomber dans le pathos ni être un petit martyr. Il est complètement bouleversé par ce qu’il a dans la tête. Ce qui m’a touché, c’est son coté enfentin. Il dépasse sa souffrance avec son coeur. Il a des idéaux autant en amour physique que sur le plan moral. C’est un plaisir de jouer un personnage qui subit tant d’humiliation. Un comédien est masochiste. On s’exhibe sans jamais vraiment savoir ce que cela va donner. C’était un plaisir de jouer sur cette corde tendue... Et puis les costumes... et tout cet univers. Egalement la jubilation de François Ozon derrière la caméra... Il donne beaucoup de liberté au comédien, mais en même temps, il sait ce qu’il veut.>>

A la sortie du film en salle, François Ozon expliquait notamment les difficultés qu'il avait eu pour trouver l'acteur qui devait jouer Léopold: <<Je parle d’homosexualité comme d’autres cinéastes hétéros, parlent d’hétérosexualité. Je parle de relations humaines, amoureu ses, et dans le cadre d’homosexualité car c’est une expérience que j’ai envie de faire partager aux spectateurs. Je n’ai pas de discours sur l’homosexualité même si pour moi, elle est forcément liée à la transgression dans une société judéo-chrétienne. Malgré cela, les homosexuels ont des droits égaux à ceux des hétéros. Ce qui m’intéresse, c’est le cinéma et la sexualité est un formidable enjeu de mise en scène. Filmer la sexualité, c’est le cinéma. Filmer le désir, on est dans une salle noire, face à un écran et on regarde les fantasmes d’un cinéaste à travers les corps des acteurs...

J’avais envie de faire un film sur un couple, et j’avais commencé à écrire un texte autobiographique, mais le manque de distance m’empêchait de bien en parler. Je me suis alors souvenu de cette pièce que j’avais vue cinq ans plus tôt à Aubervilliers, et je l’ai relue en allemand. Fassbinder avait exprimé exactement ce que je voulais dire. J’ai aussi aimé retrouver l’univers de la période des films de Fassbinder que je préfère, celle des années 70 avec Le droit du plus fort,Maman Kusters s’en va au cielou Le marchand de quatre saison. J’ai forcément pensé à une transposition actuelle, mais l’aspect désuet des rapports entre les personnages ne s’y prêtait guère. Et puis traiter de l’homosexualité aujourd’hui m’aurait obligé à évoquer les préservatifs, le Pacs, le sida, ce qui aurait dénaturé le projet. J’aime dans la pièce que l’homosexualité ne soit pas posée comme un problème... Ce que j’ai trouvé extraordinaire, c’est que Fassbinder, à 19 ans, à la fin des années 50 est capable de raconter une histoire d’un couple homosexuel sans jamais le poser en tant que problème. C’est un couple c’est tout! N’importe qui peut s’identifier. C’est un film qui montre que la vie à deux est difficile. Ca se construit toujours sur un rapport un peu SM où l’un cède à l’autre. Moi j’adore la vie de couple: cela demande beaucoup d’efforts mais ça peut donner beaucoup de plaisir. Le film c’est ma vision du couple quand j’avais 18-19 ans (l’age de Fassbinder quand il a écrit la pièce) : une vision idéalisée du couple confrontée tout d’un coup au réel. Quand on est jeune, on n’est pas prêt à vivre ces accommodements du quotidien. Plus âgé ça peut être source de plaisir.

C’était aussi intéressant de le garder dans les années 70 parce que c’était après 68, la période de tous les idéaux, et avant le sida qui a transformé énormément les relations entre hommes.

J’avais envie d’assumer l’essence théâtrale du texte. J’ai horreur des films qui s’inspirent d’une pièce de théâtre et qui aèrent, avec un plan en extérieur qui ne sert à rien. C’est la leçon d’Hitchcock avecLe crime était presque parfait, qui est un huis-clos total. Il a vu que la pièce fonctionnait sur scène, pourquoi il va s’emmerder à faire des plans d’extérieur, ça ne sert à rien. Et puis, j’aime bien la théatrâlité au cinéma, les films de Resnais Mélo, Smoking, No smoking. Ca me semblait intéressant de garder ce côté huis-clos, des personnages enfermés dans un appartement, ça allait bien avec l’histoire du film. Le couple est un enfermement...

Les dialogues sont très littéraires. Et puis j’aime l’artifice... J’ai l’impression que mes films tranchent avec le reste du cinéma français, qui est très poli, bien tenu, sans un mot plus haut que l’autre. J’essaie d’emprunter des chemins de traverse. Il faut assumer la folie de son sujet, passer les limites, se lâcher et donc accepter de dépasser les convention du bon goût, du politiquement correct. Je trouve intéressant d’emmener le spectateur là où il n’a pas forcément envie d’aller, de le pousser dans ses retranchement, de le déstabiliser dans ses habitudes de pensée. Contrairement aux films où l’on sait à l’avance ce que l’on va voir, Gouttes d’eaun’est pas un objet identifiable dès le départ.

Pour le rôle de Léopold, j’ai pensé à plusieurs acteurs de la trempe de Giraudeau et de cette génération. J’ai eu beaucoup de refus d’acteurs qui avaient envie mais qui avaient très peur. Ils se disaient: <<Oh la la, il faut embrasser un garçon!>>, ce qui m’a bien fait rire, car c’était en pleine période du Pacs, et tous ces soi-disant comédiens progressistes qui sont à la page et prêt à défendre plein de causes sociales, on se rend compte que quand on leur demande d’interpréter un rôle d’homosexuel, ça leur fait peur pour leur image, pour leur carrière. Bernard a mis du temps à répondre, mais il a dit oui. Ce qui a été génial avec lui, c’est que jamais, ça n’a été un problème, c’était un rôle comme un autre. Ce qu’il aimait, c’est le coté beauf homosexuel ringard, il a pris beaucoup de plaisir à jouer ça. On sent une jubilation de l’acteur. Je pense que les acteurs américains se seraient battus pour avoir le rôle en se disant que c’est un rôle à Oscar! C’est la différence entre la mentalité américaine et la mentalité française.>>.

Le film a reçu au Festival de Berlin 2000 le Teddy du meilleur film gay.

Dans une interview Bernard Giraudeau a il me semble trouvé le mot de la fin: << Le film d’Ozon, on en pense ce qu’on veut,mais, au moins ça ne manque pas de couilles!>>.

 

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