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Dans les diagonales du temps
16 octobre 2021

L’enfant phoenix d’Ira Ishida

10-mars-1945-Tôkyô

 

Takeshi Tokita-Morrison à 14 ans à Tokyo au printemps 1945. Il est né d’une mère japonaise et d’un père américain. En 1940 le père a jugé plus prudent pour son fils et sa femme qu’ils retournent au Japon dans la famille de cette dernière. Etre métis, surtout d’américain est en ce mois de mars 1945, est un combat de chaque instant pour le garçon qui doit vivre constamment avec la suspicion de ses compatriotes qui le soupçonnent d’être un espion à la solde des yankees. Heureusement il a deux bons amis qui lui font confiance: Tetsu qui a toujours faim et Miya qui rêve de devenir pilote de chasse. Les Tokita vivent dans la périphérie de Tokyo dans l’arrondissement de Honjo, alors un quartier d’entrepôts et de petites entreprises, la leur est une petite fabrique de tricots. L’oncle de Takeshi est parti à la guerre. L’adolescent est le seul homme de la maison, il y a bien Yossan le seul ouvrier de l’atelier mais il est très vieux et Naokuni le cousin de Takeshi mais il n’a que 8ans. La maisonnée se compose aussi de la tante de Takeshi et de sa fille Chizuko qui à le même âge que le garçon qui n’est pas insensible à ses charme avec la bonne ils composent les « sept Tokita ». La vie est au quotidien est très difficile puis arrive le 10 mars date fatidique où les bombes incendiaires larguées par les B-29 américains détruisirent la moitié de Tokyo et firent environ 100 000 morts.

C’est un événement souvent ignoré ou très peu relaté de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a été occulté par les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki des 6 et 9 août 1945 qui ont créé une onde de choc dans l’opinion et dans les mémoires par leur caractère hors-norme et la violence inouïe des explosions. Mais  les bombardements sur la ville de Tokyo ont été terrible, de novembre 1944 à mai 1945. Sur la capitale japonaise, il a plu des tonnes de bombes dites classiques mais aussi incendiaires à essence gélifiée, le tristement célèbre napalm !

 

Capture d’écran 2021-10-15 à 17

 

 

Tokyo au matin du 10 mars 1945

 

Ishida nous raconte l’odyssée des 7 Tokita vu par les yeux de Takeshi mais pendant les deux tiers du livre qui précèdent le drame avec beaucoup de pédagogie et de fluidité, il brosse un minutieux portrait de ce qu’était la vie des habitants de Tokyo en 1945. Avant tout, ils sont perpétuellement tiraillés par la faim. Constamment sous la surveillance de leurs voisin, ils tremblent d’être dénoncés à la brutale police militaire qui peut par exemple les rouer de coups pour un propos défaitiste. Ils sont conditionnés par une propagande qui veut faire croire à la victoire alors que tous les faits prouvent le contraire. On voit aussi que les enfant sont victime des adultes qui reportent sur les enfants leur souffrance, leur rage et leurs frustrations en les brutalisant. Le dernier tiers est un survival glaçant des 7 Tokita pour échapper aux bombes. Pour ma part je regrette l’échappée vers la fin du récit vers le fantastique, même ci dans sa postface l’auteur s’en justifie d’une manière convaincante.

Le roman nous plonge dans les rues des faubourgs de l’arrondissement de la Sumida à l’est de Tokyo et tout spécialement autour de la gare de Kinshichō, du pont de Ryogoku qui permet de traverser la Sumida pour aller jusqu’à Ginza, le quartier chic, ou Jimbochō, le quartier des libraires, où Takeshi et ses copains vont pour se distraire. C’est dans ce quartier de la ville-phœnix, ressuscitée de ses cendres, que se dresse aujourd’hui fièrement la Tokyo Skytree, l’une des plus hautes tours au monde.

 

DSC07331

 

La skytree en avril 2017

 

Comme je l’ai déjà écrit, je suis d’autant plus concerné par un roman, si entre autres j’ai déjà parcouru les lieux où il se déroule. S’est dans ce cas d’autant plus émouvant qu’il ne reste presque plus rien de ce Takeshi aurait pu voir

Le livre semble avoir été d’abord destiné aux adolescents comme peut le faire penser son écriture simple et fluide ainsi que les belles illustrations épurées qui le parsèment. Celles-ci, sont due à Minetaro Mochizuki connu en France pour son manga Chiisakobé.     

Ce roman est d’abord paru en feuilleton dans le grand quotidien japonais Mainichi Shimbun, l’un des journaux les plus important du pays avec une diffusion journalière de 2 878 000 exemplaires. 

Ira Ishida est un auteur prolifique avec une oeuvre diverse. Il s’est fait connaitre en 1997 avec un roman policier « Ikebukuro West Gate Park » qui a eu un grand succès.

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