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Dans les diagonales du temps
14 mars 2020

François Augiéras, le dernier primitif de Serge Sanchez

François Augiéras, le dernier primitif de Serge Sanchez

 

 

Il y a des biographes froids, les comptables des éjaculations et des notes de blanchisserie et puis ceux qui se permettent de parler pour leur modèle pensant que la longue fréquentation de celui-ci, les autorise à jouer les ventriloques pour le grand homme de leur élection. Serge Sanchez est de ceux-là. Ainsi il prête à François Augiéras (1925-1971) âgé d'une dizaine d'années ces sentiments, lorsque l'enfant, il parcourt les rue de Paris: << Il n'était touché ni par l'anecdote, ni par le fait pittoresque, coloré. Ouvert aux mystères de l'invisible, il se tenait au contraire au plus près de l'abstraction éternelle, quasi platonicienne, qui se dissimule sous le chatoiement des apparences.>>. Même surdoué je ne suis pas sûr qu'un garçon de cet âge ait ces préoccupations. Notre biographe y va parfois d'affirmation que l'on peut juger pour le moins contestable comme celle-ci page 73: << Le nazisme fut effectivement un âge d'or de l'homosexualité. >>. Tout est comme cela durant les 430 pages que Sanchez a commis sur Augérias. Si on prend le parti d'en rire, on passe un bon moment.

 

<< Le caractère inconsciemment magique du régime de Pétain, archaïque, je le pressenti. Sa simplicité fit ma joie tout au long de mon heureuse adolescence...>>. Lorsqu'il fait cet aveux, il ne faut pas oublier qu'Augiéras a quinze ans en 1940, fait comprendre certaines adhésions au régime de Vichy qui avec le recul paraissent paradoxales. Il ne faut ommettre non plus la suite de la déclaration de l'écrivain pour lever tout soupçon d'accointances nazies: << J'ignorais les crimes nazis, le racisme, l'antisémitisme. Dés que j'en aurait connaissance je prendrais mes distances aussitôt.>>. Je conseillerais de lire « une adolescence au temps du maréchal » en parallèle avec « Les minutes d'un libertin » de François Sentein qui sont deux documents exceptionnel sur le quotidien sous le Maréchal.

 

 

 14 rue du Palais à Périgueux où il a longtemps vécu avec sa mère. *

14 rue du Palais à Périgueux où il a longtemps vécu avec sa mère. *

 

Mais hormis cette période Augiérias semble habiter une planète bien à lui, aucun événement extérieur à sa petite sphère l'intéresse. Il parait avoir été le genre de garçon si empli de lui même qu'ils oublient de regarder au dehors... Il en sera ainsi jusqu'aux derniers jours de sa vie. Voilà un homme vivant dans ses songe qu'il a preque rien vu de ce qui se passait autour de lui. Par exemple en toute innocence à quelques semaines de l'indépendance de l'Algérie il essaye de vendre quelques arpents de Sahara et est tout surpris de ne pas trouver preneur!

 

François Augiéras, le dernier primitif de Serge Sanchez

 

L'auteur n'est pas avares de considérations moralisatrices, ce qui est assez curieux lorsque l'on prend pour sujet Augiéras, et de lieux communs; néanmoins il lui arrive de faire des propositions intéressantes comme celle d'attribuer les théories de Malraux sur l'art (souvent fumeuses à mon humble avis) aux progrès de la reproduction des oeuvres d'art dans les livres, favorisant les rapprochements des formes, permettant presque à chacun de connaître et de revoir un grand nombre d'oeuvres, ce qui était impossible auparavant.

Quelques fois notre biographe à des bouffées de candeur allègre et juvénile qui surprennent comme dans ce qui suit: << Le soldat et son jeune amant représentaient le couple initial d'une nouvelle genèse. Adam et Eve avaient été chassés du paradis, la belle affaire. Eux déchiquetaient à pleines dents les fruits de la connaissance et se prélassaient sans scrupule au coeur de l'enfer. >>. 

 

 

François Augiéras, le dernier primitif de Serge Sanchez

 

Bien que Serge Sanchez dans son avant propos ait précisé qu'il ait vérifié et revérifié chaque point de la biographie d'Augiéras on peut être un peu inquiet du fait qu'il prenne des pans entiers d' « Une adolescence au temps du Maréchal » et surtout du « Vieillard et l'enfant » comme des épisodes avérés de la vie de son modèle. Ce dont on peut douter quand on connait la propension d'Augiéras à l'affabulation. On peut avancer que toutes l'oeuvre d'Augièras appartient au genre de l'autofiction, même si le mot n'existait pas lorsque l'halluciné de Périgueux l'écrivait. Mais il ne faudrait donc pas oublier que dans autofiction, il y a fiction...

 

François Augiéras, le dernier primitif de Serge Sanchez

Cette biographie que je ne recommande pas m'a fait me replonger dans l'oeuvre d'Augièras, plongée peu profonde en regard de sa minceur. Après cette excursion j'en ai déduit qu'avec Augiéras on tient là un beau cas d'hallucination littéraire collective. Certes les victimes de ce mirage se nomment André Gide, Claude Michel Cluny, Angelo Rinaldi, Etiemble, Marguerite Yourcenar, qui néanmoins ne fut pas totalement dupe, même le cher de Ricaumont y a été de ses louanges, et quelques autres de haute lignée, mais pour autant ne faudrait-il pas admettre, si l'on reste libre de son jugement, que les membres de ce coruscant aréopage on été blousés par ce bonimenteur d'Augiéras qui avait apparemment le talent de faire prendre des vessies pour des lanternes.

 

François Augiéras, le dernier primitif de Serge Sanchez

 

J'explique en parti l'incommensurable indulgence de ces grands esprits par le fait d'une part qu'ils ne connaissaient pas ou peu Augièras, qui à la lecture de sa biographie apparaît comme un parfait salopard, mais surtout que ses premiers opuscules étaient signés Abdallah Chaamba. Ce qui a du sérieusement émoustiller l'oncle André qui était aux portes du tombeau. Quant à quelques autres comme Etiemble par exemple, il ont voulu voir dans «  Le vieillard et l'enfant » histoire d'un jeune arabe martyrisé sexuellement par un vieux barbon de colonial, une métaphore de la colonisation qu'ils abhorraient car dans leur candeur ils étaient persuadés que c'était l'enfant du livre qui couchait sur le papier ses douloureux souvenirs et non un jeune bourgeois déclassé qui se vengeait de son enculeur d'oncle. Ce qui est rigolo c'est que ces humanistes toujours prêt à se battre la coulpe auraient été horrifiés par de nombreuses phrase d'Augérias comme celles ci, extraites de son dernier ouvrage « Domme où l'essai d'occupation » qui ne trouvera un éditeur qu'en 1982: << L’Homme ne peut continuer à être un « produit de série », issu de n’importe quel couple qui procrée en pensant à autre chose : la Nouvelle race sera contrainte de ne tenir pour « Homme » que le produit raisonné d’un couple conscient, déjà en cours de mutation favorable. Un reclassement est déjà commencé; il y a une humanité véritable en cours d’apparition, douée des organes psychiques qu’il faut pour revenir à l’Univers des Astres; il en est une autre qui n’est plus qu’une apparence, une humanité résiduelle, sordide, bassement terrestre, humaniste, irrémédiablement condamnée, coupée de l’Univers-Vivant, en partie par la faute du Christianisme qui n’a jamais été que la copie maladroite et frauduleuse des grandes Initiations.>>. On retrouve dans ce texte des accents que n'aurait pas désavoué la revue Planète.

François Augiéras, le dernier primitif de Serge Sanchez

Une autre piste est donné par un des thuriféraires d'Augièras, le grand Rinaldi dans ce qui pourrait s'appeler le snobisme du critique: << Le critique éprouve bien de la satisfaction (…) quand il sait que ses louanges ne changeront rien à la fatalité qui veut que tel ou tel auteur ne sera jamais fréquenté par la foule. De la sorte, le cher homme s'administre à lui même la preuve qu'il appartient à l'élite des initiés, ce qui est un sentiment tout à fait exquis.>>. Plus loin dans son article Rinaldi fait pourtant preuve d'une belle lucidité: << Le seul écrivain d'inspiration érotique qui donne à son lecteur l'envie de se laver le sexe. >>

Dans une lettre à Jean Chalon, Augiéras écrivait: «Il me semble parfois être une étrange étoile. Disons, si tu veux, un quasar, ces étoiles difficiles à situer, aux signaux très énigmatiques et sur lesquelles toutes les hypothèses sont possibles.». En ce qui me concerne je fais celle qu'Augièras c'est totalement bidon! 

François Augiéras, le dernier primitif de Serge Sanchez

Nota:

1- Les peintures illustrant ce billet sont de François Augiéras

2- Les photos * proviennent de l'excellent site Bibliothèque gay 

http://bibliothheque-gay.blogspot.fr/​

 

 
tombe d'Augiéras à Domme

tombe d'Augiéras à Domme

 

Commentaires lors de la première parution du billet

ismau18/02/2015 21:43

Il suffit de ne pas considérer Augiéras comme un penseur, ce qui ne l'empêche pas d'être un grand écrivain !  Quand il écrit dans «Le Voyage des morts » de grandes bêtises sur Picasso, du genre :  « Un fétiche est infiniment plus émouvant qu 'un Picasso … qu'on ait permis à cet ouvrier de Barcelone de toucher à tous les arts sauvages sans rien y comprendre, n'est pas précisément à la gloire de l'Europe ; » ... c'est effectivement d'un incroyable orgueil enfantin, mais il y a dans son travail une esthétique, et une belle liberté, à assumer cette immaturité là .
J'ai pour ma part découvert Augiéras par hasard, sans connaître sa « légende », ni savoir qu'il avait une telle notoriété critique ( d'ailleurs autant de grands noms peuvent-ils tous s'être trompés ? ) Et c'est vraiment sans aucun a priori que j'ai aimé d'emblée la singularité de ses récits et la singularité de son style .
Dans votre billet, je ne comprends pas très bien comment vous pouvez glisser d'un dénigrement d'une mauvaise biographie d'Augiéras, à un dénigrement d'Augiéras lui-même . Puis d'un dénigrement d'Augiéras l'homme, sorte de jugement moralisateur, à un dénigrement de toute son oeuvre . Un salopard et un fainéant  ? Ce qui est sûr c'est qu'il nous laisse une œuvre qui pour moi n'est ni moralement condamnable, ni dérisoire . Et c'est bien l'essentiel : elle n'est dérisoire ni en quantité, ni en qualité ; littérature et peinture ! Peu d'honorables travailleurs laissent de leur labeur et de leur passage sur terre d'aussi belles traces .

 

lesdiagonalesdutemps20/02/2015 07:15

Autre éditeur d'Augiéras Fata Morgana.
Je persiste, il y a une parenté littéraire entre les trois oeuvres. Dans la forme, une écriture assez sèche et dans le fond une violence plus ou moins rentrée dans les trois oeuvres (il y a du sadisme littéraire dans certains des livres). Et bien sur le thème on peut ranger les trois sous le titre de geste pédérastique (il y a d'autres auteurs contemporains que l'on peut ajouter à ces trois là comme l'excellent Didier Martin lire  par exemple Le prince dénaturé&quot et Les petits maitres&quot;...).

 
 

xristophe19/02/2015 22:07

Déjà, j'aurai fait que vous nous disiez ce que sont ces reproches moraux envers Augiéras ! Sortent-ils de l'hagiographie ou bien d'une autre source. Accusations à vérifier... Je crois pour moi Augiéras non pas bête mais un peu fou tendance mystique... A ce propos ma version n'est pas caviardée par les bons pères... c'est celle de la très sainte édition de minuit avec petite étoile et dépôt légal de mai 2006...(Je dois avoir aussi dans un de nos châteaux du Périgord - c'est pas pour me vanter c'est pour mon oeuvre... - celle d'Abdallah Chaamba par Pierre Fanlac - qui éditait aussi mon papa avant ma naissance). Mais c'est votre édition libidineuse qui m'étonne ! Au reste tous les écrits que je connaisse d'Abdallah Augiéras sont chastes... (Vais vérifier la définition de ce terme au dictionnaire...) Bien sûr, les oeuvres de fiction ne sont pas (de Duvert) les oeuvres théoriques. Mais, si on les a lues, on s'en souvient de ces horreurs (c'est comme les péchés d'Augiéras), et on les subodore. &amp;amp;quot;Journal d'un innocent&amp;amp;quot;, mixte quant au genre, transsude l'idéologie çà et là. (Le seul livre pourtant dont je garde un bon souvenir...) /// Duvert et Guibert maintenant ! Avec tout le respect que je vous dois je dois dire quand même que vous aggravez, là, votre cas ! (En tout cas ma stupéfaction) Une ressemblance entre Guibert et Duvert maintenant... Vous voulez dire une assonance ? Et une &amp;amp;quot;lignée&amp;amp;quot;, en plus... Comme si un Duvert seul ne nous suffisait pas. Quant à la &amp;amp;quot;preuve par l'éditeur&amp;amp;quot;... (La Différence, Grasset, sont deux autres éditeurs du grand Augiéras)

 
 

lesdiagonalesdutemps19/02/2015 21:39

C'est votre commentaire qui est sublime pas celui d'Augieras qui doit certainement avoir un pouvoir qui m'échappe totalement pour envouter tant d'esprits forts.

 
 

lesdiagonalesdutemps19/02/2015 21:00

Je garde tous les textes d'Ismau, c'est une évidence. Je ne vais pas faire de leçons de morale d'abord je suis mal placé pour cela et ensuite on ne juge pas certes un écrivain sur sa morale mais sur ses livres. Ainsi parfois il faut mieux rien connaitre de la vie des auteurs que l'on aime. Il est néanmoins difficile de faire complètement abstraction d'une existence lorsqu'on en connait ne serait-ce que des morceaux. Ainsi la triste personnalité d'Aragon a fait quelque peu écran, en ce qui me concerne, à la qualité de ses romans. Mais le sieur Augérias attige vraiment, il a toute sa vie vécu aux crochets de ses proches; en général il a fini par les voler! En plus il en a trainé quelques uns dans la boue pour faire bonne mesure. Ce parfait macho homo, ce qui n'est pas toujours incompatible, a eu la curieuse idée de se marier dès la nuit de noce il a battu sa femme comme plâtre. Il pouvait être aussi violent avec les animaux. Menteur patenté il a beaucoup inventé sa vie non pour son oeuvre mais par pure vantardise. Je trouve que c'est beaucoup et surtout on ne voit rien de généreux chez lui à mettre dans l'autre plateau de la balance. La seul excuse que je lui trouve c'est sa bêtise.
Le vieillard et l'enfant n'est pas chaste du tout vous devez avoir une édition caviardée par les bons pères;. Je maintient qu'il s'inscrit dans la lignée de Duvert et de Guibert. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les trois ont le même éditeur: Minuit. Ne confondez pas les oeuvres de fiction de Duvert qui ne sont pas politisées ou peu et ses déclarations et son essai.

 
 

xristophe19/02/2015 20:43

Augiéras est un écrivain très singulier dont la poésie souvent confine au sublime. (Le Vieillard..., ; L'apprenti Sorcier) (Duvert est un manipulateur froid de crudités semi-obscènes - c'est de la pornographie pimpante en plastique colorisé - des sex-toys littéraires bien bricolés) Sa peinture (Augieras) est exactement la même chose que sa prose : plus pure encore, plus saisissantes peut-être. La rareté n'est pas &amp;amp;quot;minceur&amp;amp;quot; chez un poète. Un poète n'est pas &amp;amp;quot;bête&amp;amp;quot; ! - il est poète (et l'on a des indices de son &amp;amp;quot;intelligence&amp;amp;quot; - si l'on veut bien les voir). Je ne vois pas comment, &amp;amp;quot;sénile&amp;amp;quot; ou pas, Gide aurait pu &amp;amp;quot;bander&amp;amp;quot; lisant le premier livre d'Augiéras ! Ce sont des pages hantées par le ciel étoilé glacial et le désert. Et le silence. .. &amp;amp;quot;Chaque soir, ma belle et douce épaule, il la veut contre sa poitrine.&amp;amp;quot; C'est à peu près tout l'érotisme qui soit exprimé. L'enfant qui vit la nuit dans un paysage minéral de désert absolu semble un petit prince moins nunuche que l'autre, qui paîtrait son troupeau un fusil à la main, en écrivant des notes sans doute déjà sublimes et à tâtons. &amp;amp;quot;Mes longues cuisses noires frissonnaient à cause du froid glacial&amp;amp;quot;... Tout le livre est ainsi cristallisé en une bogue de paroles neuves comme un aérolithe qui laisse pantois comme devant une indicible virginité.

 
 

xristophe19/02/2015 20:01

Surtout il faudra garder le texte d'Ismau comme un fleuron de votre blog, cher BA. Tout y est juste et bon. Un jour, dessillé, vous le comprendrez dans toute sa rigueur frémissante. En attendant, vous êtes tellement dans les errements les plus noirs (jusqu'au cou, jusqu'aux yeux, que vous ne pourriez même pas le voulant y plonger ce doigt dont, franchement, non sans une par trop arrogante vulgarité, vous accusez les autres (et quels autres !) de se le plonger jusqu'au coude (en plus)... (élan rompu) On se demande déjà (mais ça n'est pas là le plus important) d'où vous prenez que ce pauvre Augiéras est un &amp;amp;quot;salaud&amp;amp;quot; (par exemple) puisque sa biographie est (vous vous en plaignez assez) une sorte d'hagiographie planante... Paresseux, immature, ce sont là propos de bonne soeur - qui venant de vous me surprennent. (Que dire de l'auteur de la Saison en Enfer...) Mais ce sont les propos d'ordre littéraire qui m'étonnent. Pour moi, il n'y a pas la moindre ressemblance entre Duvert, par exemple, et Augiéras ! Et surtout pas entre le hiératique, glacé et chaste Vieillard et l'Enfant - et la prose enragée, sadique et fulminante d'un Duvert fanatique et obsédé, banalement &amp;amp;quot;engagé&amp;amp;quot; en plus à la soixante-huitarde dans une cause perdue qui le rendra fou et le crétinisera vite tout à fait. (Suite plus tard !)

 
 

lesdiagonalesdutemps18/02/2015 22:16

Je suis assez d'accord avec ce qu'écrit Houellebecq dans Soumission; que pour aimer une oeuvre, il faut un peu aimer son créateur (je cite de mémoire) et pour Augiéras ce n'est vraiment pas possible et surtout il est terriblement bête. 
Mais si, autant de beaux esprits peuvent se mettre le doigt dans l'oeil jusqu'au coude, ce n'est pas la première fois ni la dernière.
Je ne parle pas de sa peinture que je ne connais pas mais pour son oeuvre littéraire, très mince, ce n'est pas grand chose; d'ailleurs son succès critique a été et est très relatif; comme je le répète il a bénéficié d'un contexte politique et d'un certain romantisme de rebelle qui a fait le reste, sans compter sur une absurde solidarité pédérastique et un tropisme nord africain très bien porté dans ce dernier milieu. 
En ce qui concerne mon billet disons que cette biographie a été l'occasion de relire Augiéras que m'avait fait lire mon ami Dominique Mauries (qui en faisait lui aussi grand cas) au milieu des années 70. Cette lecture, celle du vieillard et l'enfant m'avais surpris surtout en regard de sa date de parution, j'y avais vu alors un texte fantasmatique d'un amateur précurseur de Tony Duvert, écrivain que je trouvais (et trouve) d'une tout autre qualité même si les deux personnages ont bien des points communs. C'est dans cette ligne là aussi que s'inscrit Guibert dans certains de ses textes, mais là encore nous sommes à un niveau de littérature et de culture bien supérieur à Augiéras. Tout ne vaut pas tout, le refus de la hiérarchie en art comme ailleurs est une plaie de notre époque.

 
 

Bruno18/02/2015 17:29

Il existe une courte correspondance Yourcenar / Augiéras, donnée dans l'un ou l'autre volumes publiés par Gallimard. Je n'ai pas ces textes sous les yeux, mais, de la part de Marguerite, après les conseils dont elle était accoutumée, genre institutrice troisième république, cela se termine assez sèchement par une phrase genre: Jeune obsédé, songez un peu à changer de sujet...

 

lesdiagonalesdutemps18/02/2015 17:49

Je pense que vous voulez parler d'une lettre du 16 mai 1953 (page 123 de Lettre à ses amis et quelques autres dans l'édition Folio) ou la grande Marguerite tance justement Augieras et voit fort juste en parlant d'orgueil enfantin. Augieras était totalement immature.

 
 

xristophe18/02/2015 03:59

Vous me rajeunissez, cher BA. A vous lire, j'ai l'impression d'entendre mon père : il ne cessait d'en parler sur ce ton léger et dénigrant, d'Augiéras : selon lui, imposteur et frimeur (dirait-on aujourd'hui) comme pas deux, et d'ailleurs plus que demi-fou. (Il parait qu'au piano, même, il improvisait sans savoir jouer - un peu comme toi ajoutait-il à mon endroit). Mais ils étaient copains depuis l'enfance, très, et ils rompirent seulement à ma naissance... (j'espère que ce point, historique s'il en est, figure dans la biographie que vous commentez !). (J'ai des détails par ma maman). Plus tard, j'entendis à ma grande surprise parler en bien dans quelques revues littéraires de cet Augiéras dérisoire et ridicule et en fus agréablement surpris. Puis je le lus, aimai, puis aimai sa peinture. Puis il mourut. De faim. Voilà donc que vous me rajeunissez, plutôt désagréablement - avec ce retour d'une périmée, croyais-je, vérité. Mais il y a qqch qui ne va pas : Angelo Rinaldi l'a en estime extrême (vous l'indiquez). Or, Angelo critique ne peut pas se tromper (et c'est moi qui le dis, en plus) - alors... ?

 

lesdiagonalesdutemps18/02/2015 07:40

Votre père avait raison et Rinaldi se trompe, encore que son jugement sur l'oeuvre si on le lit un peu entre les lignes n'est pas si favorable que cela. Malheureusement pas trace de votre père dans la biographie de Sanchez. Des Augiéras j'en ai rencontré des palanquées de jeunes fainéants qui s'instauraient artiste pour s'éviter de travailler; fainéants ce qu'était d'abord Augérias. Le malheur de ce dernier c'est qu'il a rencontré quelques gogo dont Gide, aux portes du tombeau, qui a du s'émoustiller une dernière fois à la lecture du vieillard et l'enfant. De cette bandaison sénile est né le quiproquo qu'Augiéras ne demandait qu'à croire. Il a ensuite bénéficié comme je le suggère d'une certaine conjoncture idéologique et une sorte de solidarité pédérastique posthume, posthume car le personnage était tellement épouvantable que de son vivant il a eu bien peu que de soutiens. Je ne vois pas Angelo accueillir dans son nid le sieur Augiéras.
Merci pour ces informations de presque première main sur Augiéras si vous avez d'autres anecdotes sur le personnage n'hésitez pas à nous les confier.

 
 

Gilles Sebhan18/02/2015 00:03

J'aime beaucoup Augiéras, ses livres, sa peinture.
J'en profite pour vous inviter à ma première exposition de peinture. J'espère que l'esprit de Domme y règne un peu.
Cordialement.
http://www.galerie-fmoisan.fr/expo.php?&amp;amp;amp;id_expo=87

 

lesdiagonalesdutemps18/02/2015 07:22

Le problème c'est qu'il semble exister en matière d'art (et pas beaucoup ailleurs si j'en crois mon expérience) une sorte de solidarité pédérastique, qui comme toutes les solidarités, brouille la raison et les jugements. Etre pédéraste ne donne pas du talent, pas plus qu'une autre particularité et plus le sieur Augiéras était un personnage détestable tout d'abord avant tout un fainéant et ensuite un profiteur et un ingrat. Il y a comme cela quelques escrocs littéraires et autres qui bénéficient, presque toujours à postériori d'une aura qu'ils auraient eu bien de la peine à obtenir si leurs laudateurs les avaient véritablement connus.
Merci pour votre invitation je vais allez voir votre peinture.

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