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Je ne connaissais rien à Alfred Kubin (1877-1959) avant d'avoir entendu l'émission de l'indispensableMauvais genre qui lui fut consacré sur la non moins indispensable France-Culture . Après cette écoute de François Angelier et ses compères je n'avais plus qu'une envie me rendre au Musée d'art moderne de la ville de Paris pour découvrir les oeuvres de ce grand angoissé de la mittle europa. C'est ainsi que je pénétrais par un matin pluvieux dans la pénombre de l'exposition. Pour la première partie, à mon sens la plus intéressante le spectateur est plongé dans le noir, les murs sont tendus de noir, seul les dessins de formats modestes sont éclairés. On ne saurait dire que l'ambiance est à la franche rigolade. Et si je n'avais jamais vu un dessin de Kubin, je ne fus en rien dépaysé, j'avais l'impression de retrouver les illustrations qui faisaient mes délices aux temps lointains de mon adolescence lorsque je dévorais la revue Planète . Pourtant les dessins que je voyais n'étaient pas signés Topor , Gourmelin... mais Kubin...Il ont en plus une touche 1900, une sorte de vertige à la spillaert . Si vous ne gouttez pas les bestiaires horrifiques, si les entités serpentiformes et suceuses hantent vos nuits, si la goule et le succube vous empèchent de trouver le repos, si vous êtes hypocondriaque et que la faucheuse vous obsède, si les scènes de décapitation vous révulsent et l'araignée du matin vous fait hurler de terreur ne passez pas la porte de Musée d'Art Moderne car en plus des 6€ que vous aurez acquittés il vous coûtera peut être un nombre incalculable de visites chez votre analyste dont vous êtiez enfin sevré. En un mot ce n'est pas une exposition pour les petites filles mais je suis sûr que tout amateur bien né de Lovecraft y trouvera plus que son compte.
Il faut dire qu'Alfred Kubin avait quelques raisons d'être un peu perturbé. Il est né en Autriche d'un père géomètre et d'une mère pianiste qui meurt lorsque Alfred à 10 ans. La vision de son père, fou de chagrin, arpentant en tous sens la maison le cadavre de sa mère entre les bras, le traumatisa pour toujours. Cette image sera la matrice de l'oeuvre de Kubin. En 1896 il tenta de se suicider sur la tombe de sa mère... Toute sa création tient dans les dix premières années de sa production entre 1900 et 1910; il ne fera ensuite que puiser dans ce fond iconographique, sans néanmoins retrouver la puissance suggestive de ses premiers dessins. Il mélange le lavis, le dessin aux traits, crayon et encre, une grande économie de moyen pour un effroi maximum. Le plus grand coté des feuilles sur lesquelles il dessine, souvent l'envers de morceaux des plan cadastraux de son père, dépasse rarement trente centimètres. Ces morbides visions lui seraient apparues dans des rêves éveillés qu'il n'aurait fait que retranscrire toute sa vie sous forme de dessins mais aussi de nouvelles et de romans . Le succés immédiat de son oeuvre et son retentissement malgré sa forme modeste dans le monde germanique en dit long des névroses qui travaillaient souterrainement cette société... Les premiers dessins de Kubin sont contemporains du livre de Freud sur les Rêves...
Après la guerre de 14 il introduira la couleur dans ses dessins et travaillera surtout à la plume. Ses images deviennent un entrelacs serré de traits où toutes les formes copulent...
Sur Kubin vous trouverez beaucoup d'images ici et là des précisions sur les dernières périodes de son oeuvre. Sur ce site un rapprochement surprenant entre Kobin et... Tardi!