André Gide & Marc Allégret, Le roman secret de Pierre Billard et la correspondance Gide-Marc Allégret
Récemment lisant mon magazine préféré sur le cinématographe, soit Positif, je butte sur la nouvelle de la disparition de Pierre Billard. La triste nouvelle m'avait échappé mais il faut dire qu'elle n'a pas fait la une des gazettes... Pourtant avec la mort de Pierre Billard nous avons perdu à la fois un grand critique de cinéma, un grand biographe, il est l'auteur de livres sommes, sur René Clair et Louis Malle, et un grand historien du cinéma. Il est l'auteur d'une histoire du cinéma français "L'âge classique du cinéma français, Du cinéma parlant à la Nouvelle Vague. Un fort volume de 750 pages que je consulte souvent de conserve avec les deux beaux albums de Siclier sur le même sujet. La suite de cette Histoire du cinéma, "L'Age moderne", est signée par son fils, Jean-Michel Frodon. Dans l'introduction, de son gros volume Pierre Billard écrivait: << ... motivation d'ordre strictement personnel, biographique en quelque sorte, pour ne pas dire biologique (...) A près cinquante années de compagnonnage cinématographique, et plus de deux mille articles publiés (dans Les Nouvelles littéraires, Candide, L'Express, Le Point, Cinéma 55 et la suite...), minces copeau arrachés aux branches de l'actualité, le besoin grandit de dégager une vue d'ensemble, de remettre en ordre et en perspective le territoire parcouru, dont on a accumulé des "flashes" éparpillés, sans jamais le contempler dans son unité et sa continuité.>>.
Mais aujourd'hui il reste surtout pour moi comme l'auteur d'un livre capital: "André Gide et Marc Allégret, le roman secret". Il y a quelques mois j'ai commis un billet sur cet ouvrage. En hommage à Pierre Billard je le réédite aujourd'hui.
Ne croyez pas que je vais vous entretenir de vieilles lunes mais au contraire je vais vous parler d'ouvrages d'une éternelle modernité. Ils traitent principalement d'un sujet tabou depuis l'avènement des monothéismes: la relation amoureuse et sexuelle entre un homme mûr et un adolescent. Cette proximité entre André Gide (1869-1951) et Marc Allégret (1900-1973), puisque c'est d'eux qu'il s'agit, à la double particularité de s'étendre sur près de quarante ans et d'intéresser un des plus grands esprits du XX ème siècle et un garçon qui deviendra un cinéaste estimable et reconnu.
Pierre Billard dans « Le roman secret » raconte ce commerce au long cours. Concomitamment au livre de Billard, il me paraît indispensable de lire le volume de la correspondance entre Gide et Allégret. Elle s'étend de 1917 à 1949. Ma recension mêle intimement les deux ouvrages, c'est ainsi que je les ai lus. Ce sont deux lectures étonnantes car on y découvre, en particulier dans leurs échanges de lettres un Gide plus intime que dans ses autres correspondances publiées et paradoxalement que dans son journal dans lequel il est néanmoins utile aussi de se replonger, en particulier pour les années 1917 et 1918. A cette occasion on sera d'ailleurs frustré de ne rien trouver sur l'escapade à Cambridge. Mais heureusement Pierre Billard vint... Il n'est pas inutile non plus de reprendre l'amusant ouvrage « Le diable à la NRF » de José Cabanis qui montre qu'André Gide y était accompagné de nombreux diablotins... Et de picorer dans les autres correspondances de Gide avec nombre de personnages qui vont passer dans ce roman. Toutefois ce n'est pas indispensable à l'immersion dans cette histoire tant les notes en bas de page de la correspondance Gide-Allégret nous renseignent sur les faits et gestes de Gide et de ses amis durant la période concernée.
Pierre Billard avec à la fois un prosaïsme réjouissant, tout en étant pudique, et respectueux de l'intime, décortique avec un allant entrainant les rapports entre André Gide (oncle André) et Marc Allégret de 31 ans son cadet. Nous avons ainsi les quarante dernières années de la vie d'André Gide vues sous l'angle de cette amitié hors du commun. Les liens entre les deux hommes ont comme paysage toutes l'intelligentsia de toute l'Europe dans l'entre deux guerres.
Billard, bien que loin de ramener la relation entre l'ainé et le cadet à une simple affaire de sexe, cet aspect là ne sera qu'éphémère entre ces deux êtres d'exception, nous entretient néanmoins avec beaucoup de précision sur leurs pratiques respectives fort différentes l'une de l'autre. Disons que la « chose » les occupait beaucoup. L'oncle André aimait surtout se tirer sur la tige alors que le futur cinéaste désirait combler ces dames (très jeunes de préférence). Lors de la vente publique de ses papiers privés, le 17 décembre 2014, on s'est aperçu que Marc Allégret avait été littéralement couvert de femmes. Il y avait un lot de 265 lettres de jeunes femmes dont certaines au contenu explicite. Il me semble que Gide et Marc avaient un point commun dans leurs activités sexuelles: le voyeurisme. Ce qui, à la réflexion est bien naturel pour un romancier et surtout pour un cinéaste...
Cette narration de l'amour d'un homme à l'approche de la cinquantaine pour un garçon de 16 ans (l'âge de Marc au début de leur relation intime) reste parfaitement actuelle alors que les prémices de leurs rapports datent d'un siècle. Elle résonnera chez beaucoup de ceux qui ont été dans une situation similaire, et on vécu quelque chose d'approchant à l'histoire d'amour entre le grand écrivain et le futur cinéaste, en particulier si le garçon se révèlera, à l'usage, si je puis dire, hétérosexuel. Sans m'identifier à l'oncle André, j'ai retrouvé dans son exemple, des stratagèmes d'approche que j'ai utilisés pour un cas ressemblant à ce qui nous est décrit; j'ai jadis remplacé Cambridge par Naples, ce qui est un peu moins chic... A la lecture de cet essai et surtout à la lecture de la correspondance, on voit combien dans une telle histoire, il est important de circonvenir les parents ou du moins de les séduire. Certes aujourd'hui, on a rarement la chance, comme Gide, de tomber sur un père catéchumène parti évangéliser le bamboula dans une lointaine Afrique... et sur une mère aussi évanescente. Gide s'applique dans ses stratagèmes de séduction à s'approprier le jeune Marc tout en le libérant. Le beau raccourci qu'a donné de lui Kléber Haedens illustre parfaitement cette démarche: << Gide hait les familles où l'enfant étouffe, où les désirs se meurent et il fait signe à l'inconnu qui passe sur les routes et appuie son beau visage de démon à la fenêtre où l'enfant ébloui l'aperçoit. >>. Une partie non négligeable des lettres de Marc est consacrée à l'étouffoir que constitue sa famille, archétype des familles protestantes que j'ai pu connaître quelques 80 ans plus tard... On y voit que l'étouffoir protestant est moins le fait d'interdits moraux, comme celui des familles catholiques, que d'une occupation intégrale du temps et de l'espace de l'adolescent; ne lui laissant pas un instant de liberté, moment qui serait aussitôt considéré comme de la paresse. Ces familles protestantes, dans lesquelles Dieu est bien peu présent, rien sur la religion, ni sur la croyance dans la correspondance, c'est aussi pour cela qu'elle nous apparaît comme si moderne, notre fils de pasteur semble un parfait athée, ne prêche pas la foi, mais traque le sybarite...
Pour bien lire cette extraordinaire correspondance entre les deux hommes, il faut avoir en mémoire ce que disait Roland Barthes à propos d'une adolescence protestante: << Je pourrais dire à la rigueur avec la plus grande prudence, qu'une adolescence protestante peut donner un certain goût ou une certaine perversion de l'intériorité, du langage intérieur, celui que le sujet se tient constamment à lui-même.>>. Gide est donc d'abord pour Marc, l'homme qui lui permet de s'évader de sa cellule familiale. Oncle André pour se faire est un maitre à duper les geôliers. Tout obstiné à sa tâche libératrice, il ne se départit pas néanmoins d'une extrême prudence dans ses ruses de sioux pour mentir à la tribu des Allégret. Sartre avait bien vu le personnage: << C'est peut-être ce mélange de cautèle et d'audace qui rend Gide exemplaire : la générosité n'est estimable que chez ceux qui connaissent le prix des choses et, semblablement, rien n'est plus propre à émouvoir qu'une témérité réfléchie.>>.
Il est bon d'avoir également en mémoire la différence d'aisance entre les deux protagonistes. Gide n'a d'autre préoccupation que celle de gérer des biens et il se consacre, sans souci matériel, à la passion d'écrire, de voyager, de sentir, d'analyser et d'aimer. A ce propos, il n'est pas interdit d'avoir le regret d'un temps où la vie littéraire était plus généreuse que la nôtre et plus pourvue des loisirs favorables à l'entretien de soi-même et des amitiés, à la poursuite de la seule œuvre d'art... Les revenus chez les Allégret sont plus chiches et Marc ne peut envisager aucun héritage.
Cette correspondance n'est pas heureusement constituée que de récriminations familiales et de stratagème pour fuir la pieuse prison. Les passages amusants abondent et sont souvent dus à la plume de Marc qui ne se prive pas d'égratigner les pontifiants, en particulier Jacques-Emile Blanche (vieil ami de Gide). On y découvre également des portraits surprenants comme ceux des tout jeunes Balthus et Pierre Klossowski (fort encombrante cette fratrie!).
C'est une belle histoire d'amour que relatent le livre de Billard et la correspondance croisée. A propos des rapports entre Gide et Marc, dans sa compacte biographie de Cocteau, Claude Arnaud affirme: << C'est la première fois, ce sera la dernière, que Gide éprouve un sentiment violent.>>.
Le commerce entre l'ainé et le jouvenceau est aussi une association fructueuse. Gide pendant des années entretient financièrement Marc. Il lui ouvre surtout les portes de tout un univers intellectuel et mondain qui éblouit le jeune homme. De cette liberté, le garçon, fort dégourdi, en profite aussitôt, parfois un peu trop lorsqu'il se tourne vers la « concurrence » (Cocteau). Gide est un véritable Pygmalion, il est l'éveilleur de la conscience et de l'intelligence de son ami. veillant sans relâche sur ses études, ce qui n'est pas inutile car le courage en la matière ne semble pas être la qualité dominante de Marc, qui est en revanche un insatiable lecteur comme Gide d'ailleurs. En échange l'apport de Marc tout au long de leur relation sera important, changeant et divers, amant, factotum (le garçon est d'une incroyable débrouillardise et possède un entregent inné) chauffeur, confident, secrétaire, aide traducteur... Et à l'occasion rabatteur pour l'oncle André, ainsi dans une lettre datée du 24 mars 1921, Marc écrit: << J'ai fait la connaissance d'un très gentil groom des wagons-lit (…) je vais tâcher de l'emmener à la Sapinière (maison dans le midi où réside alors Gide)>>. Ce qui est très rigolo c'est que le garçons, Roger, treize ans, s'est pris les doigts dans une porte et que Marc Allégret a pris ce prétexte pour prendre langue avec le garçon et le fait soigner chez le pharmacien avec les deniers que lui a fourni oncle André pour ses menus besoins. N'est-ce pas là un exemple d'une fructueuse collaboration? Dans la lettre suivante Marc raconte qu'il s'est fait draguer par un marcheur des boulevards et songe à accepter son invitation à diner. Gide répond au deux lettres, il encourage Marc, à se rendre chez le monsieur et se dit « furieusement » intéressé par le petit Roger tout en indiquant qu'il espère bien retrouver lorsqu'il reviendra à la Sapinière l'année prochaine, le petit jardinier qui venait s'asseoir près de lui... Dans une autre missive, datée d'octobre 1923, Marc narre une petite aventure: <<en pensant à toi j'ai parlé à un collégien avec qui nous fumes seul dans un wagon pendant une heure et demie. Larges pantalons comme ceux que tu apprécies chez les boyscouts; il s'est blessé au genou dimanche dernier et nous a fait tâter la bosse douloureuse. Je me suis improvisé étudiant en médecine et j'ai recherché l'origine du traumatisme au dessus du genou brun, le long d'une cuisse dorée...>> où comment faire vivre à son correspondant une extase pédérastique par procuration... Tout cela est d'une époustouflante liberté...
Mais Marc est surtout durant la période de leur grande passion (1917-1926) la muse d'oncle André. Sans Marc pas de « Faux monnayeurs » que je tiens pour être le chef d'oeuvre de Gide. Livre que Beigbéder loue en ces termes irrévérencieux: << Les Faux-Monnayeurs sont le cri de sincérité d'une bande d'adolescents dans une époque de mensonge confortable. 43 ans avant Mai 68, le vieux scrogneugneu était un vrai révolté, un immoraliste hédoniste, qui osa dire qu'il aimait les mecs à une époque où Proust restait dans son placard. >>. Paul Morand d'après l'abbé Mugnier n'est pas en reste: << Paul Morand a fait l'éloge des Faux-monnayeurs de Gide. Un renouveau littéraire. Gide est parti à la suite du Charlus de Proust disait-il. Jusque-là Gide ne disait rien de son mal, Mme Gide l'ignora jusqu'à la conversion de Ghéon. >>.
Ces deux livres montrent combien Gide a une propension et une habileté à faire travailler les autres pour lui. A sa décharge on constate qu'il est sollicité pour une multitude de choses. Parfois la nébuleuse gidienne fait penser à une société d'entraide dont les membres seraient les uns les autres dans une dépendance consentie.
Il n'est pas inutile de rappeler que néanmoins Marc Allégret est essentiellement hétérosexuel, ce qui ne l'empêche pas quelques entorses à cette « normalité ». Tout dans cette relation tord le cou à une vieille antienne qui a bien du mal à trépasser, celle que la fréquentation d'un ainé homosexuel par un jeune peut lui donner le goût des hommes alors qu'il ne l'avait pas. On voit bien avec Marc Allégret que cette idée est fausse, puisque le neveu préféré d'oncle André a été ensuite un éternel coureur de jupons qu'il s'est marié et a fait souche... On voit que dans le « voyage au Congo » où il ne parle à propos de ses désirs que de femmes qu'il a fait définitivement le choix de l'hétérosexualité, après à mon avis une longue période d'ambiguité en ce domaine. Le périple africain montre Marc très sensible aux très jeunes filles. Malgré son sens de l'ellipse on comprend en lisant ses carnets qu'il a une relation sexuelle avec une jeune fille de quatorze ans. Mais que les bonnes âmes ne s'effarouchent pas, il était (et l'est toujours) courant en certaines contrées d'Afrique de marier les adolescentes à cet âge.
Une telle recension d'une passion pédérastique qui se mue en compagnonnage est unique. Qu'avons nous dans nos bibliothèques sur le sujet, ou approchant? A part ce livre étonnant, je ne vois guère (mais vos bibliothèques sont peut être plus copieuses que les miennes) que les navrantes péripéties de Roger Peyrefitte avec Malagnac, gigolo de petite envergure. Les avanies de l'auteur des « Amitiés particulières » avec ce garçon sont romancées dans deux ouvrages, « Notre amour » d'une belle sincérité et « L'enfant de coeur » dans lequel pointe déjà la sénilité de son auteur.
Plus intéressantes sont les aventures amoureuses avec des adolescents que nous conte sans ambages Claude Michel Cluny (1) dans les tomes de son journal où il n'omet pas non plus de rendre hommage à Gide: << Les générations qui viennent n'imagineront pas de quel empois moral il a contribué à nous débarrasser. Pour moi, il m'a conforté dans un souci d'exigence. La liberté sexuelle, elle m'était acquise, naturellement, sans questions inutiles : je voulais aimer qui j'aimais, et n'avais besoin ni d'un guide ni d'un blanc-seing. Mais il a eu, certainement, une influence libératrice sur beaucoup, et surtout sur la société. Ce n'était pas rien ! ». C'est en particulier dans le volume intitulé « Les Dioscures » que Cluny narre les relations amoureuses, et séparées, qu'il entretient avec deux garçons de dix sept ans. Il y a chez Cluny le même souci d'éducation envers les jeunes gens que chez Gide, mais moins formalisé que chez l'auteur des « Faux monnayeurs », alors que cette préoccupation semble absente chez Peyrefitte. Il faut ajouter que Cluny ne s'intéresse pas du tout aux enfants, contrairement à Gide qui est principalement pédophile, mais seulement aux adolescents. Les rapports avec l'être aimé chez Cluny dans le temps est très différent de celui qu'a entretenu Gide vis à vis de Marc. Alors que ces deux hommes ont fait preuve d'une indéfectible fidélité de coeur entre eux, chez Cluny, lorsque le garçon dépasse l'âge du désir de l'ainé, ce dernier s'éloigne, l'amour s'effiloche...
Dans toutes relations fortes, il y a un moment fondateur, que presque toujours les intéressés ne savent déceler. Je pense que celui entre oncle André et Marc est le voyage des deux bougres à Cambridge. Il a été la pierre angulaire de toute leur histoire et l'un des tournants majeurs dans la vie de Gide; ce que semble ignorer les gidiens patentés. L'inextinguible curiosité du plus jeune a renouvelé et multiplié celle de l'ainé pour le restant de ses jours. Cette escapade anglaise a aussi donné une sorte de modèle pour Gide lorsqu'il rencontre « la famille » (dans le sens que Simone de Beauvoir et Sartre donnaient à ce mot) de Bloomsbury dont inconsciemment ou nom, il reproduira « l'organisation » qu'il construira autour de lui jusqu'à sa mort. La rencontre du groupe de Bloomsbury aura une autre conséquence importante, même si elle ne fut pas immédiate sur la vie de Gide. Elle modifiera en profondeur son orientation politique qui n'infusera que lors du « le Voyage au Congo ». Périple qui marque véritablement le début de son engagement politique. En cette année 1918 où il fait le voyage vers l'Angleterre accompagné de Marc, Gide et encore plus son jeune ami, sont proches de l'Action-Française. Quinze ans plus tard on peut considérer Gide comme un compagnon de route du Parti Communiste. Certes ses yeux se décilleront bien vite, ce qui nous donnera son courageux et lucide « Retour d'URSS »... De l'autre coté de la Manche, nos voyageurs rencontrent le groupe de Bloomsbury en presque son entier: Virginia Woolf, Lytton Strachey, Keynes, Vanessa Bell, Roger Fry, Duncan Grant... Ce dernier dans une lettre à Vanessa Bell parle des deux français avec une belle lucidité: << Marc Allégret est très beau, mais évidemment hétérosexuel. Il serait le neveu de Gide qui lui est ouvertement pédéraste.>> Ceci écrit en 1918, le coup d'oeil cursif du peintre... Billard révèle (pour moi tout du moins) la proximité d'un autre anglais considérable: Rupert Brooke avec la « famille » gidienne.
Le voyage en Angleterre provoquera l'ire de Madeleine, la femme vierge de Gide, qui jalouse de l'idylle de son Mari avec Marc, par vengeance et dépit brulera toutes les lettres que Gide lui avait adressées depuis leur rencontre. L'auteur de « L'immoraliste » considérait cet échange comme une partie importante de son oeuvre. Il affirmait y avoir mis « le meilleur de lui-même ». Il sera très affecté par cette perte.
« Le roman secret » est le récit d'une histoire rare, un amour de quarante ans entre deux hommes ou plus exactement d'une longue amitié après une passion. La narration d'une telle aventure est je crois unique en littérature. Il y a bien quelques romans ou journaux intimes qui proposent quelques fragments d'histoires comparables mais rien sur une telle distance et avec une telle précision. Cette est possible grâce aux innombrables écrits intimes d'André Gide et aussi aux témoignages des amis du grand homme. Si Gide ne s'épanchait guère et cryptait sa correspondance suivant les destinataires de ses lettres, il s'est néanmoins confié à plusieurs de ses correspondants sur la relation qu'il entretenait avec Marc et l'incidence qu'elle avait sur sa vie et sur son oeuvre. Car sans cette passion, je le répète il n'aurait pas accouché de son chef d'oeuvre, « Les faux monnayeurs » (Roger Martin du Gard entre autres pensait que c'était son meilleur livre) dans lequel il s'est amusé à donner un bien mauvais rôle à Cocteau qu'il ne tenait pas en définitive en grande estime et à diffracter en plusieurs créatures son cher Marc. Il me semble que l'importance de Marc dans la naissance des « Faux monnayeurs » est constamment sous estimée au profit d'anecdotiques faits divers, un trafic de fausses monnaies aux abords du jardin du Luxembourg et le suicide d'un d'adolescent en pleine classe qui sont certes présents dans le roman mais en sont plus le décor que la chair... D'ailleurs pour Françoise Giroud qui a travaillé à l'adaptation des « Faux monnayeurs » que devait tourner Agnieszka Holland, projet qui lui aussi ne vit pas le jour << Gide a écrit ce livre pour épater Marc Allégret... Olivier, dans Les Faux-Monnayeurs, c'est lui, c'est Marc Allégret, cela ne fait aucun doute. Quant à l'oncle Edouard, c'est Gide lui-même.>>.
On ne peut que déplorer que Marc Allégret n'est pas réussi à réaliser l'adaptation des « Faux monnayeurs » comme il en avait le projet. Récemment ce roman a été adapté, et bien, par Benoit Jacquot (j'ai consacré un billet à cette adaptation (2):http://www.lesdiagonalesdutemps.com/article-les-faux-monnayeurs-un-film-de-benoit-jacquot-120615319.html) Pour continuer dans les incroyables entrelacs sentimentaux de la planète gidienne, il ne faut pas oublier que Françoise Giroud a été amoureuse de Marc : « L'amour est très violent à cet âge. En vérité, je n'ai jamais aimé personne davantage que Marc Allégret, et cela, pendant des années. Lui m'aimait beaucoup, tout le monde aura saisi la nuance. » (Françoise Giroud, On ne peut pas être heureux tout le temps, Fayard, 2001).
Les lettres corrigent l'impression de tiédeur de leur amour à laquelle peut faire penser la lecture de l'essai de Billard. Cet échange (aujourd'hui inimaginable en raison de la dictature du téléphonage) rendrait jaloux n'importe quel homme qui a été un jour amoureux d'un adolescent ou d'un jeune homme. Ils sont peu à avoir eu la chance de lire des missives de l'être aimé, cela durant au moins dix ans d'affilés, qui se terminent par: << ton M qui t'aime, love, Je t'embrasse bien fougueusement, je t'espiole le front avec madness, je t'embrasse avec hardiesse, je ne suis qu'un hall d'attente, Viens donc le plus tôt possible love...>>.
En revanche l'essais de Billard met en perspective sur le long terme certains événements dont la correspondance au jour le jour nivelle l'importance.
On est surpris de cette relation et surpris de la non surprise de Billard qui semble voir tout cela de Sirius sans jamais juger mais avec un flegme imperturbable. Non seulement il n'est pas étonné de l'amour qui se développe entre Gide et Marc mais pas plus des revirements sentimentaux ou politique de Gide et par la même de son jeune ami. En 1918 on les voit proche de l'Action -Française puis farouchement anticolonialiste (Le voyage au Congo). Gide devient dans les années 30 un compagnon de route du Parti Communiste avant d'en devenir un renégat après la publication du « Retour de l'URSS ».
Billard a fait des paris raisonnables lorsque les sources lui manquent; par exemple sur la sexualité de Marc: << Nous avons fait le pari de son hétérosexualité (fondé sur ce que nous connaissons), ramenant sa complicité sexuelle avec Gide à des attouchements et des jeux dominés par l'onanisme.>>. Il reste que Billard sous entend que le garçon était large d'esprit sur la question: << Nous rencontrons souvent Marc en compagnie d'homosexuels. Par exemple le jeune peintre Emmanuel Fay et le jeune comédien Marcel Herrand souvent inséparables retrouvent Marc dans les galerie ou les coulisses de théâtres et l'entrainent dans un chaleureux compagnonnage. Coïncidences sans signification? Possible, mais on ne peut pas exclure que Marc, initié aux pratiques gidiennes n'est pas refusé d'élargir son champ d'expérience.>>. A propos d'Emmanuel Fay, Gide le décrit ainsi dans son journal: << un ami digne de Marc et dont je ne voudrais ne pas être jaloux.>>.
Les lettres qu'échangent nos deux correspondants illustrent et confirment ce que l'on savait du nomadisme de Gide mais aussi de la plupart des membres de son entourage. C'est presque un miracle lorsque ces gens parviennent à se rencontrer. Nombreuses sont d'ailleurs les lettres écrites dans des trains, des gares, des bateaux. Ce qui correspond bien au portrait que Maurice Martin du Gard fait de Gide dans ses « Mémorables »: << Avec sa tenue classique de voyage, dans un vaste pardessus de ratine beige, le chapeau taupe plus foncé, M. Gide avait son air d'arriver de loin et de repartir le soir même, de loin ou de près, de l'Afrique du Nord ou de Normandie, mais toujours entre deux trains et deux désirs, à la quête de lui-même. >>.
Gide me paraît le premier et peut être le seul intellectuel européen du XX ème siècle. Il entretient des relations intellectuels avec maint penseurs de presque tous les pays d'Europe qu'il visite tour à tour et même lorsqu'il va en Afrique ou en URSS, il donne de ces contrées un point de vue europeiste.
On découvre dans la correspondance, surtout au début, ce que j'appellerais un antisémitisme d'habitude, qui était celui alors, de la quasi totalité des français. Mais souvenons nous entre autres par exemple que c'est Gide qui permet au juif Malaki, alias jean Malaquais (prix Renaudot 1939) de quitter la France en 1941: << N'était André Gide, Galy et moi serions en route pour fertiliser de nos cendres les sillons du Troisième Reich. » (Journal du métèque - 8 oct 1942). Cette petite incise pour corriger certaines allégations, comme celle aberrante se Christophe Malavoy qui assimilait l'antisémitisme de Céline avec celui prétendu de Gide.
Billard ne nous dit pas tout et en particulier comment Gide pour Marc a troqué sa pédophilie pour une pédérastie socratique. Pourquoi dans le cheptel de la famille Allégret a-t-il jeté son dévolu sur Marc et non sur Yves dont l'âge correspondait plus à ses attirances habituelles? Il est vrai que dans les quelques photos que je connais de Marc adolescent, avec sa bouche boudeuse il paraît rimbaldien en diable.
Cette relation, en coulisse intriguait, en fait c'est toute la vie de Gide qui surprenait ses contemporains même si devant lui, ils ne laissaient rien paraitre. Ainsi Morand, dans son style bien personnel et sa morale qui l'est encore plus, s'en ouvre à Jacques Chardonne dans une de ses lettres: << Je lisais cette nuit une étude de Kanters sur Gide, d'ailleurs bien faite, dans la revue de Paris. Marc Allégret (dit ouvertement Kanters, citant Gide: << Ce séjour en Angleterre réussi au-delà de tout ce que j'espérais.>>) a été aimé par Gide dans tous les sens. Or on me dit que Marc n'était pas pédéraste et ne l'a jamais été; je ne puis la-dessus, questionner la petite Claudine Jardin, que vous avez connu chez moi, la fille de Jean Fayard qui est, depuis 2 ans, la maitresse de Marc... Ce que ni Delay, ni Schlumberger, Martin du Gard n'ont expliqué, c'est ce qui a poussé Gide à avoir sa fille Catherine avec une femme, c'est à dire en utilisant le sexe abhorrée? Qu'il est été pédé, soit, si ça lui plait; qu'il est trahi sa noble épouse au bénéfice de petits cireurs de bottes de Biskra, soit; mais ce qui est mufle, vraiment vicieux, et même démoniaque, c'est la trahison au deuxième degré, avec une personne d'un autre sexe. Non seulement c'est monstrueux, mais cela anéantit ses larmes littéraires, La porte étroite et toutes les nobles invocations au pur amour pour Madeleine. C'est la petite madeleine de Proust mais au lieu de se dissoudre dans une tasse de thé, celle de Gide se dissout dans une cuvette de larmes de crocodile huguenot.>> (12 Mars 1963, Correspondance Morand- Chardonne, tome II, page 727).
On aimerait parfois en connaître d'avantage par exemple qu'est devenu le lieutenant Verdier et surtout les clichés fort intimes qu'il a pris de Marc alors âgé de dix sept ans. La figure d'Emmanuel Fay reste bien flou; à sa mort Marc écrit à l'oncle André qu'il connait son premier chagrin d'amour... Il aurait été intéressant également d'avoir un peu plus d'informations sur Eugène McCown (photo immédiatement ci-dessous pour en savoir plus sur le personnage:William Eugene McCown (1898 - 1966) - Find A Grave Memorial)peintre avec lequel Crevel avait eu une liaison et qu'en 1924 Marc fréquente assidument...
Il faut se garder d'anachronisme et pour cela, les mots ne porte pas les mêmes charges émotionnelles hier qu'aujourd'hui. Pour cette raison il faut que je fasse une incise et précise ce que recouvre le terme pédophile appliqué à Gide. C'est un amour général des enfants qui n'est pas toujours, loin de là, sans pour cela l'exclure, associé à une relation sexuelle. Relation sexuelle dans laquelle Gide se refuse à toutes pénétration, du moins c'est certain pour la sodomie dont Gide à horreur. Gide toute sa vie s'est intéressé à l'éducation des plus jeune en particulier dans les années 30 aux expérimentations dans ce domaine de Ray Strachey que l'on peu considérer comme un précurseur de « Summerhill ». Son amour des enfants lui fera désirer d'en avoir un, serait ce par l'intermédiaire de Marc. L'opération ayant échoué, il se mettra, si je puis dire lui même au travail...
Je ne voudrais pas que l'on pense que dans leurs échanges de lettres, Gide et Marc Allégret ne s'entretiennent que d'histoires de petits garçons et d'imbroglios familiaux. Il y est également beaucoup question de littérature de peinture et surtout de théâtre. Mais il y a aussi des absents dans ces missives, Dieu, tout d'abord, comme je l'ai déjà signalé mais aussi l'Histoire et dans une certaine mesure le cinéma.
Sur ce dernier point Pierre Billard, ancien critique de cinéma et biographe de Louis Malle, avance que Gide, s'il était cinéphage, n'avait que mépris pour ce mode d'expression qu'il ne considérait pas comme un art. Il explique le relative éloignement de Marc à partir du milieu des années 30, par la déception qu'aurait eu Gide de voir son protégé se lancer à corps perdu dans le métier de cinéaste. Je ne pense pas que cette théorie soit complètement juste, d'autant que Gide n'a pas toujours dénigrer le cinématographe. Dans une interview de 1930 ne déclarait-il pas?: << Qu'il voyait le cinéma parlant supplanter le théâtre pour peu que l'on s'adresse à de vrais écrivains.>> il me semble que d'une part que c'est plus l'égarement de Gide vers « les camarades » et d'autre part la présence auprès d'oncle André de plus en plus envahissante de Pierre Herbart, que Marc n'appréciait pas (c'est un euphémisme) qui ont fait prendre à Marc ses distances. Distance que Billard surestime grandement. Par exemple Marc Allégret terminait une lettre en 1944 à oncle André par << Reviens vite. Je t'embrasse de tout mon coeur>>. Si il y a séparation de corps, il n'y a pas séparation d'esprit. Cette prise de distance est due aussi au stakhanovisme cinématographique de Marc et à la bougeotte effrénée des deux amis, comme d'ailleurs de la quasi totalité des membres de la mouvance gidienne; ces gens là ne se voyait qu'entre deux trains, deux bateaux puis plus tard deux avions, en fait ils ne faisaient le plus souvent que se croiser! D'autre part il ne faut pas oublier qu'au moment de la mort de Gide, Marc était en plein tournage d'un film sur son cher oncle. Il y aurait d'ailleurs tout un livre (et même plusieurs) à écrire sur le rapport de Gide à l'image. Peu d'écrivains de son époque ont été aussi photographiés et peints que lui. Je me souviens que Mac Avoy m'avait dit avoir été surpris de la disponibilité d'André Gide lorsqu'il avait fait son portrait et du plaisir évident qu'il avait à poser alors qu'il était déjà très malade.
A propos d'images il est regrettable qu'au « Le roman secret » l'éditeur n'ait pas cru bon d'y ajouter un livret de photographies. On aurait pu mettre un visage sur quelques uns des personnages de cette fourmillante saga et cela aurait également donné l'occasion de montrer le talent photographique de Marc dont Michel Cournot parle si bien: << Les images que rapportera Marc Allégret sont bien révélatrices de son caractère. Il évite entièrement les facilités du spectaculaire. Les femmes et les hommes dont il prend l’image, il s’emploie à montrer leur amour-propre, la dignité de leur allure. Images d’une grande probité, d’un rare talent. Il est émouvant de voir là, en Afrique, les débuts d’un cinéaste de grande dimension, qui reste sous-estimé.>>.
La présence du mot roman dans le titre « Le roman secret » n'est pas usurpée. Pierre Billard a écrit son essai comme un roman; un roman à l'ancienne, dans lequel l'auteur a toujours une longueur d'avance sur son lecteur. Les adresses à ce dernier, ce que fait fréquemment Pierre Billard, dynamisent l'écriture de son livre qui est bien édité comme l'est la correspondance. Si « Le roman secret » ne possède pas d'indexe, à l'inverse du volume de lettres entre oncle André et Marc, son découpage clair en chapitres, facilite la consultation. Dans sa préface l'essayiste pose une question à méditer: <<Que valent les rapports hiérarchiques dans une histoire d'amour?>>...
Il ne faudrait pas que la forte personnalité des deux protagonistes principaux occulte la foule des seconds rôles prestigieux qui traversent ce récit: Cocteau, Roger Martin du Gard, Paul Valéry, Léon Blum, Malraux, Copeau, Yves Allégret... ou de ceux qui moins célèbres sont des membres essentiels de la tribu gidienne comme Elisabeth van Rysselberghe et surtout sa mère, dite la petite dame ou encore Yvonne de Lestrange, dite pomme (1892-1981). Il est intéressant d'aller voir ce que dise d'autres auteurs comme Jacques Chardonne sur ces personnages de l'entourage de Gide, sur Madame Muhlfeld (dite la sorcière dans la correspondance) par exemple: << Je suis allé chez Madame Muhlfeld que trois fois dans ma vie. Gide et Valéry n'y allaient point par terreur. Ils y allaient comme on va au café; toujours ouvert à partir de 5 heures. C'étaient les moeurs du café. Où aller en fin de journée? C'était très libre de façons. On y recevait pas une divorcée: juifs exclus, je crois. Jamais de femmes d'ailleurs. Madame Muhlfeld s'y est tuée. Où vont les hommes à présent, à 5 heures?>>. Cet extrait d'une lettre à Paul Morand est représentatif de l'absurde antisémitisme de Chardonne qui semble ignorer que Madame Muhlfeld (1875-1953) fut juive!
L'oncle André espérait que son protégé embrasse la carrière journalistique ce qui n'était pas irréaliste dans la mesure où Marc fait parfois preuve d'un beau talent littéraire dans ses lettres.
Jean Claude et Pierre Masson ont établi et annoté la correspondance Gide-Allégret. Il ont valeureusement pris la suite de Daniel Durosay, mort à la tâche. Ils ont eu l'excellente idée de faire commencer leur ouvrage par de courtes biographies des membres de la tribu Allégret. Cette heureuse initiative m'a fait songer qu'un dictionnaire amoureux autour de Gide, comme il en existe autour de Proust, serait bien utile aux lecteurs pour démêler les imbrications entre les affidés gidiens.
Si la lecture de ces deux ouvrages corrige le portrait que l'on pouvait avoir de Gide, le révélant beaucoup plus généreux que l'image qu'on lui attribut habituellement, néanmoins on ne contredira pas Angelo Rinaldi lorsqu'il avance que Les écrivains qui font profession de se raconter par le menu sont quelquefois les plus opaques, elle permet surtout de découvrir la personnalité très attachante de Marc Allégret dont le nom désormais n'évoquera plus seulement le cinéaste d' « Entrée des artiste » et le découvreur de futures vedettes. Il a mis le pied à l'étrier à Simone Simon, Bernard Blier, Brigitte Bardot, Alain Delon, Jean-Paul Belmondo... Il est bouleversant que dans ces pages ont assiste à l'éclosion d'un être. Ces deux volumes forment d'abord un roman de formation. On ne pourra que constater que les leçons d'oncle André ont été profitables. Elles ont transformé un garçon certes vif d'esprit et curieux mais dispersé et guetté par l'indolence en un homme acharné au travail et ne se détournant pas de ses buts. Elles n'ont toutefois pas réussi à donner une totale confiance en lui à Marc, sans doute que l'ombre de Gide était trop grande et trop dense même pour un Marc Allégret...
Au delà de l'apport indéniable que ces ouvrages apportent à l'Histoire littéraire du XX ème siècle, Billard réussit dans un livre d'érudition à donner une leçon de vie.
* Ci-dessous document découvert sur le merveilleux site e-gide: http://e-gide.blogspot.fr/
Nota
1- Pour retrouver Claude Michel Cluny sur le blog: L'or des Dioscures de Claude Michel Cluny, Claude Michel Cluny, à propos d'Agostino, Le retour des émigrés de Claude Michel Cluny, Sous le signe de Mars de Claude Michel Cluny
2- Les curieux qui iront voir mon billet sur l'adaptation des "Faux monnayeurs" par Benoit Jacquot y trouveront quelque contradictions et même incohérences avec le présent billet. C'est tout d'abord je suis un peu moins ignorant aujourd'hui qu'hier et que pour cette critique des ouvrages sur les rapports entre Gide et Marc Allégret, j'ai relu partiellement "Les faux monnayeurs" qui m'est apparu un bien plus grand livre à ma troisième lectures qu'aux précédentes. Je le tiens pour un indéniable chef d'oeuvre, ce qui ne veut pas dire qu'il ne possède pas quelques scories. Il m'est apparu comme le premier et un des seuls roman d'auti-fiction car dans la quasi totalité des ouvrage sur lequel on appose cette marque, il n'y a presque jamais de fiction. Mon regard sur les faux monnayeurs a été légèrement modifié par les deux livres que je chronique ci-dessus. C'est doute la difficulté et le plaisir de lire Gide que de voir notre sentiment évolué (positivement) au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans cette oeuvre foisonnante dont la correspondance est un continent à ne pas négliger.
3- Un grand merci à Ismau pour l'envoi des images issues d'"Un album de famille"
Commentaires lors de la première édition du billet
lesdiagonalesdutemps15/05/2015 21:18
xristophe15/05/2015 01:26
xristophe15/05/2015 01:18
xristophe14/05/2015 16:16
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xristophe14/05/2015 16:05
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xristophe13/05/2015 23:37
lesdiagonalesdutemps14/05/2015 08:34
xristophe13/05/2015 23:31
lesdiagonalesdutemps14/05/2015 08:41
Bruno13/05/2015 16:57
lesdiagonalesdutemps13/05/2015 18:06
Bruno28/04/2016 19:48
lesdiagonalesdutemps28/04/2016 20:42
Bruno23/12/2015 17:27
lesdiagonalesdutemps23/12/2015 17:47
Olivier29/09/2015 15:54
lesdiagonalesdutemps01/10/2015 07:59
Bruno01/06/2015 23:19
lesdiagonalesdutemps02/06/2015 07:01
Bruno20/05/2015 16:06
lesdiagonalesdutemps20/05/2015 18:42
xristophe19/05/2015 20:17
ismau15/05/2015 18:27